Ce qu'il faut connaître des élections départementales

Les premières élections départementales auront lieu les 22 et 29 mars. Elles succèdent aux élections cantonales. Le vote est organisé selon un original "scrutin binominal mixte à deux tours". Explications et enjeux de cette élection.
Jean-Christophe Chanut
Près de 40 millions de Français sont appellés à voter pour les élections départementales des 22 et 29 mars

Les 22 et 29 mars se tiendront les toutes premières élections départementales. Au-delà de l'enjeu politique - quel sera le score du Front National ; combien le parti socialiste va-t-il perdre de départements ?- ce scrutin est original à plus d'un titre. Il n'est d'ailleurs pas certain qu'il perdure. Explications.

Ces élections, d'abord, sont une vraie nouveauté. Elles succèdent aux élections cantonales jusqu'ici en vigueur. C'est la loi du 17 mai 2013 qui a institué les conseillers départementaux ainsi que le conseil départemental - l'assemblée qui dirige le département et qui succède au conseil général. Ces élections départementales auront désormais lieu tous les six ans pour le renouvellement de l'intégralité des conseillers. Auparavant, les conseillers généraux étaient renouvelés par moitié tous les trois ans.


Un nouveau mode de scrutin

Autre originalité, pour la première fois en France est organisé un scrutin binominal mixte à deux tours. Concrètement, les électeurs de chaque canton élisent un binôme composé d'un homme et d'une femme. Leurs suppléants doivent également constituer un binôme mixte. Une fois élus, les deux membres du binôme exercent leur mandat indépendamment l'un de l'autre.

Pour être élu au premier tour du scrutin (le 22 mars), un binôme doit recueillir la majorité absolue des suffrages exprimés (scrutin majoritaire) et un nombre de suffrages au moins égal au quart des électeurs inscrits. Une règle qui prendra toute son importance en cas d'abstention importante, ce qui est probable.

Au second tour, une majorité relative suffit. Pour qu'un binôme puisse se présenter à ce second tour, il doit avoir obtenu au premier tour un nombre de voix au moins égal à 12,5% des inscrits dans le canton. Là aussi, l'importance de l'abstention pourra avoir des conséquences. Ce système peut aussi entraîner des « triangulaires», voire des « quadrangulaires » au second tour. Cependant, cette règle connaît une pondération. Si un seul binôme de candidats remplit la condition des 12,5% des inscrits, le binôme ayant obtenu le plus grand nombre de suffrage après lui peut se maintenir au second tour.

A noter que ce scrutin original pourrait ne pas perdurer. La majorité sénatoriale de droite y est opposée, certains le jugeant même "ubuesque". "Je donne un exemple, explique Jean-Jacques Hyest, sénateur UMP de Seine-et-Marne. "Que se passera-t-il si, entre les deux tours, à la lumière des résultats du premier tour, l'un des membres du binôme veut se désister alors que l'autre ne le veut pas? Ce n'est pas prévu. Pourtant un binôme ne signifie pas clone".


Le canton demeure la circonscription électorale

La loi du 17 mai 2013 a imposé de procéder à un redécoupage de l'ensemble des circonscriptions électorales en précisant que le nombre de cantons à l'issue de ce redécoupage devait être égal, pour chaque département, à la moitié du nombre des cantons existant au 1er janvier 2013. Sachant également que les départements de plus de 500.000 habitants ne peuvent pas avoir moins de 17 cantons. Pour les départements entre 150.000 et 500.000 ce nombre ne peut pas être inférieur à 13.

Aussi, après la publication de décrets en février 2014, le nombre des cantons a été ramené à 2.054 au lieu de 3.971. Le nombre de conseillers départementaux à élire s'élève à 4.108.
Cependant, tous les électeurs ne sont pas appelés à voter. Il en va notamment ainsi des parisiens intra-muros. Paris est à la fois une commune et un département et le Conseil de Paris est élu au scrutin municipal. En Guyane et Martinique, il n'y aura pas non plus de scrutin départemental. Le mandat des conseillers généraux de ces deux entités est prolongé jusqu'à la création de la collectivité unique en décembre 2015.

Il y a également le cas de Lyon. Depuis le 1er janvier 2015, la Métropole de Lyon réunit en une seule collectivité la Communauté urbaine de Lyon et la majeure partie du département du Rhône. Mais le département du Rhône subsiste sur le territoire non compris dans la Métropole. Sur le territoire de la Métropole, il a été mis fin au mandat des conseillers généraux le 31 décembre 2014, il n'y aura donc pas d'élections départementales sur ce territoire.


Le rapport de force favorable à l'UMP/UDI

Actuellement, la gauche dirige 61 départements sur 100. Elle pourrait ne pas en gagner un seul (dans l'Isère, l'alliance Front de Gauche Europe Ecologie-Les Verts pourrait même ravir la majorité au... PS) mais, au contraire, en perdre entre 30 et 40, tant l'ensemble des partis de gauche se présentent en ordre dispersé.

A l'inverse, à droite, les partis UMP et UDI sont parvenus le plus souvent à s'entendre et devraient être les grands vainqueurs du scrutin. L'alliance UMP-UDI pourrait ainsi reprendre à la gauche le symbolique département de la Corrèze (celui de François Hollande et auparavant de Jacques Chirac). Le Tarn-et-Garonne fief du PRG Jean-Michel Baylet est aussi sur la sellette, tout comme le Val-de-Marne, dernier département détenu par le Parti communiste avec l'Allier.

Reste à connaître l'importance de la percée attendue du Front National. Le parti de Marine Le Pen talonne voire dépasse la droite en intentions de vote (environ 30%) au niveau national. Mais, localement, ce sera plus difficile pour lui. Cependant, le FN est en position pour, peut-être, conquérir l'Aisne, voire l'Oise, le Pas-de-Calais, le Var, le Vaucluse.

A noter que ce sont les conseillers départementaux élus les 22 et 29 mars qui seront en place en 2020 quand devra intervenir la réforme des départements... initialement appelés à disparaître mais qui, in fine, survivront sous une forme ou une autre.

>> Lire aussi Quel parti gère votre département, avant les élections? (L'Express)

Nos confrères de l'Express ont fait l'état des lieux avant les élections départementales qui ont lieu les dimanche 22 et 29 mars prochains: le PS domine 50 départements contre 28 pour l'UMP. Une large avance pour la gauche qui pourrait fondre à l'issue du scrutin où le FN espère faire le plein d'élus locaux.

Jean-Christophe Chanut
Commentaires 7
à écrit le 18/03/2015 à 16:16
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Compte tenu de la faible participation attendue il va falloir faire attention à la règle des 12.5% des électeurs inscrits pour se maintenir au second tour qui va avoir des effets pervers difficiles à évaluer! Sur le fonds il faut s'interroger sur ce...

le 18/03/2015 à 19:42
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C'est faux, le département n'a plus aucune valeur car c'est plutot à leur région à laquelle les Français s'identifient. Demandez à un Breton, il se dira Breton, peu importe son département. Pareil pour le Normand, l'Alsacien, le Basque, etc. Les élec...

à écrit le 18/03/2015 à 15:43
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A J-4 quel est le sentiment des électeurs ? Ils semblent faire majorité dans le rejet par l’abstention… alors le mot de Cambronne aux institutions : l’Europe culmine en terme de chômage alors que sa croissance se compte en microns. On pipolitique mai...

à écrit le 18/03/2015 à 12:38
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Si les politiques voulaient sincèrement un vote massif, ils développeraient le vote numérique sous la base du volontariat. Cela fonctionne dans certains pays ou en France pour des élections professionnelles. C'est sur, on peut déjà déclarer ces imp...

le 18/03/2015 à 15:32
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Avez-vous songé que ce procédé sonnerait la fin du droit de vote des femmes chez certaines familles ?

à écrit le 17/03/2015 à 19:02
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Chez moi 3e ville de France je n'ai reçu aucun papier de projet de campagne sur cette élection, autant dire que les partis en ont autant à faire que moi. Sa tombe bien, la flemme de me déplacer.

à écrit le 17/03/2015 à 14:18
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le vote sanction pour cette politique un seul et .unique parti vainqueur celui des abtentionistes

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