Chômage : Thierry Solère fait exploser les chiffres

Le député francilien Thierry Solère a affirmé que la France était leader du chômage en Europe et que la pauvreté n'avait cessé d'augmenter. Des propos qui ne résistent pas à l'épreuve des faits.
Grégoire Normand
Thierry Solère a affirmé que le parti "LR est mort" ce mercredi 13 septembre.

Invité de la matinale de France Inter ce mercredi 13 septembre, le député "Les constructifs" des Hauts-de-Seine est revenu sur les paroles polémiques d'Emmanuel Macron relatifs "aux feignants". Il a tenté d'expliquer que le chef d'Etat avait fait référence à l'immobilisme des anciens gouvernements en matière de réforme. Ce qui aurait entraîner un niveau de chômage record en Europe.

Ce qu'il dit à partir de trois minutes :

"- J'avais compris quand il avait prononcé ces paroles, qu'Emmanuel Macron s'adressait à ces castes politiques, qui au fond ont gouverné ce pays, gauche et droite confondues, et on arrive aujourd'hui dans une situation où le chômage est énorme. On est malheureusement les leaders en Europe sur le sujet et la pauvreté n'a cessé d'augmenter et la pression fiscale pour les plus fragiles, parce que ce n'est pas dans les rues de Neuilly que je vois des manifs, était devenue trop importante."

La France n'est pas leader du chômage en Europe

Selon les chiffres d'Eurostat publiés à la fin du mois de mars dernier (dernier mois disponible pour avoir tous les taux de l'ensemble des pays de l'UE), le taux de chômage de la France au sens du Bureau international du travail s'élevait à 9,6%. Ce niveau place la France à la septième position sur 28 et non comme "leader de l'Europe" contrairement à ce qu'affirme l'élu des Hauts-de-Seine. Devant la France, se situent le Portugal (9,7%), la Croatie (11,4%), l'Italie (11,5%), Chypre (12,1%), l'Espagne (18%) et la Grèce (22,1%).

A l'inverse, la République Tchèque (3,3%), l'Allemagne (3,9%) et Malte (4,2%) affichent les taux de chômage les plus faibles d'Europe.

Une pauvreté relativement stable

Du côté de la pauvreté, les propos de Thierry Solère sont également à nuancer. Selon une définition adoptée par le Conseil européen, "doivent être considérés comme pauvres les personnes dont les ressources (matérielles, culturelles ou sociales) sont si faibles qu'elles sont exclues des modes de vie minimaux acceptables de l'État membre où elles vivent". Les instituts de statistiques nationaux et Eurostat mesurent la pauvreté monétaire de manière relative en utilisant un seuil de pauvreté, ce qui permet de faire des comparaisons dans le temps. Le seuil de pauvreté est défini par rapport aux niveaux de vie d'une population. L'Insee rappelle à ce titre qu'"une personne est pauvre si son niveau de vie est inférieur à 60 % du niveau de vie médian de la population française."

Ainsi, selon les derniers chiffres relatifs aux niveaux de vie des Français publiés par l'Insee, le taux de pauvreté monétaire s'élève en 2015 à 14,2% de la population, légèrement supérieur à celui de 2014 (14,0%). Mais pour les auteurs de l'enquête, "l'écart n'étant pas significatif d'un point de vue statistique, on ne peut néanmoins pas conclure à une hausse du taux de pauvreté en 2015".

Par ailleurs, tous ces chiffres sont à interpréter avec précaution. Dans une tribune publiée en octobre 2016 sur le site de l'Observatoire des inégalitésle sociologue Louis Maurin revenait sur le changement d'approche et de périmètre dans les méthodes de calcul de la pauvreté qui ont engendré des conséquences sur les chiffres publiés :

"Jusqu'en 2008, le seuil de pauvreté le plus souvent utilisé était équivalent à la moitié du revenu médian, revenu qui partage en deux la population, autant gagne davantage, autant gagne moins. Depuis 2008, l'Insee utilise la définition européenne de la pauvreté, c'est-à-dire le seuil à 60 % du revenu médian. Ce saut de 50 à 60 % change tout : il fait augmenter le seuil de pauvreté mensuel de 840 à 1 008 euros (pour une personne seule), le nombre de personnes concernées de 5 à 8,8 millions et le taux de 8,1 à 14,1 %."

Ces changements rendent ainsi les comparaisons antérieures à 2008 encore plus compliquées. Pour avoir une approche plus complète et à long terme, l'Observatoire des inégalités avait publié des données avec les deux seuils (50% et 60%). Dans cette perspective, il est faux d'affirmer que la pauvreté "n'a cessé d'augmenter"  surtout si l'on compare les taux de pauvreté des années 70 bien supérieurs à ceux rencontrés ces dernières années.

> Lire aussi : Pauvreté : comment Mélenchon gonfle les bilans de Hollande et Sarkozy

Grégoire Normand
Commentaires 14
à écrit le 14/09/2017 à 23:38
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C'est vrai que fin années 60 avvant le smic un salarié agricole touchait en francs (euro) constants un demi rsa et un salarié d'usine 1 rsa. Mais on ne se sentait pas pauvres

à écrit le 14/09/2017 à 14:37
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On a surtout compris qu'il rêvait d'un poste de ministre, car Sarko l'agité ne peut pas être classé parmi ceux qui n'ont rien tenté en matière de réformes. D'autre part, pourquoi a-t-il attendu si longtemps pour critiquer son propre parti et surtout ...

le 14/09/2017 à 23:41
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ben ses réformes à Sarko on aurait bien pu s'en passer, comme le RSI, j'en ai du fermer ma boîte et je perd 40€ de retraite (regroupement commerçants artisans)

à écrit le 14/09/2017 à 13:03
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La France n'ira pas mieux , ni l'Europe par ailleurs, ils vont tous essayer de sauver les " meubles " et beaucoup seront sacrifiés, qu'on arrête de nous raconter des balivernes.

à écrit le 14/09/2017 à 12:41
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j'ai déjà eu l'occasion de l'écrire pour La Tribune, un chômeur au sens du BIT est une personne en âge de travailler, c'est-à-dire ayant entre 15 ans et 64 ans. En France l'école est obligatoire jusqu'à 16 ans et la retraite est prise en moyenne avan...

à écrit le 13/09/2017 à 20:58
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Un pays pauvre est un pays qui n'a plus de riche. C'est le cas non ?

le 14/09/2017 à 1:06
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La France comptait, fin 2015, 6% de millionnaires de plus qu'un an plus tôt. Une croissance quasiment sans équivalent en Europe. Les Français les plus aisés talonnent désormais les Britanniques et pourraient les surpasser avec le Brexit. http://bf...

le 14/09/2017 à 1:20
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On ne doit pas vivre dans le même monde. Je vois de plus en plus de riches et de plus en plus de pauvres. Le problème est que la classe moyenne se délite, la solidarité s'effondre et que les pauvres ont bien peu de chances de pouvoir devenir riche...

le 14/09/2017 à 8:11
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que de stéréotypes!!!"Les pauvres travailleront pour survivre afin que les riches continuent de vivre sans travailler!" on dirait du melenchon....de plus les "feignants"(fainéants) ou "cyniques" n'ont que ce qu'ils méritent en ayant élu leur jupiter...

le 14/09/2017 à 13:09
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Ce ne sont pas les "feignants"comme vous dites qui ont élu Macron! et Quand on lit que certains gagnent 2Millions d'euros de dividendes pas jour , oui ils les gagnent sans rien faire!

le 14/09/2017 à 13:49
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dites faites de même investissez au lieu de jalouser. au fait combien gagnent 2 million/jour en France?? et c'est pour cela qu'il y a des serfs et des nobles? quid de l'Eglise?? dites un peu de sérieux 18 ou 17 e siècle c'est du passé .

à écrit le 13/09/2017 à 19:42
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comme disait un economiste, la france est un pays sovietique mais sans la pauvrete......... grace a l'europe et la bienveillance deplacee de l'allemagne........ faut relire lenine, qui disait ou il fallait aller et ou la france va aller......rien ne ...

le 13/09/2017 à 21:14
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En Union soviétique, il n'y avait ni impôts ni déficit public : vous y auriez été bien.

le 14/09/2017 à 1:17
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Une référence et demie pour ne rien dire!

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