Code du travail : les ambitions de la réforme selon Valls

Recevant le rapport Combrexelle prônant davantage de poids pour les accords d'entreprise et de branche, le premier ministre a annoncé le dépôt d'un projet de loi pour la fin de l'année. Les branches professionnelles auraient le soin de définir un "ordre public conventionnel" auquel les entreprises ne pourraient pas déroger. Par ailleurs, le seuil de déclenchement des heures supplémentaires reste fixé au-delà des 35 heures de travail.
Jean-Christophe Chanut
A la suite du rapport Combrexelle, un projet deloi va redéfinir la façon dont sont élaborées les normes du droit du travail en laissant plus de place aux accords debranche et d'entreprise

La réforme du Code du travail, c'est parti ! Mais ce ne sera finalement pas la révolution crainte par les uns et attendue par les autres. Les conclusions du rapport sur « la négociation collective, le travail et l'emploi » remis ce mercredi 9 septembre par le Conseiller d'Etat Jean-Denis Combrexelle au Premier ministre vont beaucoup moins loin que les précédents travaux publiés ces derniers jours - notamment les rapports respectifs de la fondation Terra Nova et de l'institut Montaigne- sur la question de la place des accords d'entreprise. Si la Commission Combrexelle suggère également de renforcer le poids des accords d'entreprise et de branche, il n'est pas du tout envisagé en revanche d'ouvrir grand les vannes et de permettre à ces accords de déroger à des pans entiers du droit du travail.

Les heures supplémentaires continueront d'être la règle après 35 heures de travail

Manuel Valls l'a souligné lors de la remise du rapport : « la loi doit continuer à fixer le cadre ». Aussi, à l'avenir, il reviendra toujours à la partie législative et règlementaire de fixer les règles d'ordre public : le Smic sera donc maintenu, tout comme la primauté du contrat à durée indéterminé. Il n'est pas non plus envisageable de revenir sur le principe de non discrimination ou d'égalité entre les femmes et les hommes ou encore sur les grands principes régissant les licenciements.

Autant de normes qui continueront à être gravées dans le marbre. Et, mettant fin au suspens qui régnait ces derniers jours, Manuel Valls a été très clair : il en sera exactement de même de la durée légale du travail qui restera toujours légalement fixée à 35 heures. Le rapport Combrexelle entretenait un flou sur cette question. Le Premier ministre a levé le moindre doute en déclarant « que le seuil de déclenchement des heures supplémentaire restera fixé à la 36ème heure de travail". Même après la refonte à venir du Code du travail, il ne sera donc pas possible, par accord d'entreprise ou de branche, de déroger à ce seuil en l'élevant, par exemple, à la 37eme ou 38eme heure. En revanche, comme actuellement, il sera toujours possible de travailler jusqu'à 48 heures par semaine (seuil maximum fixé par une directive européenne) ou d'échapper au paiement des heures supplémentaires en concluant des accords instituant des forfaits jours ou organisant l'année en cycle de travail. Rien ne changera sur ce point.


Un projet de loi "de méthode" pour la fin de l'année

En revanche, après la remise des 44 recommandations de la commission Combrexelle pour simplifier et alléger le Code du travail, Manuel Valls a confirmé une annonce de François Hollande lors de sa dernière conférence de presse : il y aura bien un projet de loi examiné en conseil des ministres fin 2015 ou tout début 2016 relatif à la façon dont doivent être élaborées les normes en droit du travail. Ce projet de loi devra être adopté par le Parlement avant l'été 2016. Et la période qui nous sépare de la fin 2015 sera consacrée à une vaste concertation sur ce sujet entre la ministre du Travail Myriam El Komry et les organisations patronales et syndicales.

Ce projet de loi  - qui précisera aussi les contours du futur compte personnel d'activité - devrait suivre l'une des recommandations du rapport Combrexelle: adapter la façon dont sont définies les normes sociales sur quatre sujets phares du Code du travail, à savoir,  l'emploi, les conditions de travail, les salaires et la durée du travail.
Ainsi, Le projet de loi devrait délimiter les quelques principes intangibles d'ordre public (le seuil de déclenchement des heures supplémentaires donc, par exemple) qui continueront de figurer dans le code du travail. Ensuite, à un deuxième niveau, le projet de loi devrait prévoir qu'il sera délégué aux branches professionnelles le soin de fixer ce que le rapport Combrexelle appelle « un ordre public conventionnel », c'est-à-dire les quelques principes essentiels en droit social que l'ensemble des entreprises d'une même profession doivent respecter (par exemple sur le travail de nuit, le temps partiel, les salaires de base, etc.).

Diminuer le nombre de branches

Pour ce faire, afin de rendre les branches plus efficientes et mieux adaptées au cadre d'une négociation, leur nombre va être considérablement réduit. L'objectif à terme est de les faire passer d'environ 750 aujourd'hui à une centaine. De nombreuses petites branches quasi inactives sont donc appelées à disparaître. Le projet de loi prévoirait également que les accords de branche devraient aussi définir les règles supplétives applicables dans les entreprises qui ne seront pas parvenues (ou, faute de syndicats, qui n'en n'auront pas la possibilité) à conclure des accords à leur niveau.

Enfin, dernier niveau, les accords d'entreprise. Ils devront impérativement respecter les règles d'ordre public fixées par la loi, ainsi que les points essentiels définis par les accords de branche. Mais ils pourront, beaucoup plus qu'aujourd'hui, fixer leurs propres règles sociales en matière de durée du travail (contingents d'heures supplémentaires, nombre de jours inclus dans le forfait jour, etc.), de représentation du personnel, de congés payés, etc.
Ces accords devront être majoritaires, c'est-à-dire qu'ils devront être signés par un ou des syndicats ayant obtenu au moins 50% des suffrages lors de la dernière élection des représentants du personnel.

Valls veut plus de souplesse

Dans l'esprit de Manuel Valls, un tel projet de loi serait une étape vers le besoin de « plus de souplesse » réclamée par les entreprises mais sans nuire pour autant aux droits des salariés. Bien sûr, lui et le président de la République pourront se targuer d'avoir « allégé le code du travail » en accordant à l'avenir davantage d'espace à la négociation. C'est une façon de couper l'herbe sous le pied de l'opposition sans trop mécontenter  - même si sa va tanguer une fois encore - sa propre majorité en ne remettant pas en cause le seuil de déclenchement des heures supplémentaires. Oui, mais... justement. l'opposition, et notamment sa composante la plus libérale, va rétorquer que tout ceci est trop tiède et qu'il fallait aller beaucoup plus loin en permettant à chaque entreprise de définir ses règles en matière d'heures supplémentaires.... Ce que pourtant l'UMP s'est bien gardée de faire alors qu'elle était au pouvoir pendant dix ans, de 2002 à 2012.

Jean-Christophe Chanut
Commentaires 19
à écrit le 14/09/2015 à 15:39
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Pourquoi veut-on réformer le code du travail? Notre chômage est trop important, la croissance est insuffisante pour permettre des créations d’emplois. Nos entreprises confrontées à la mondialisation ne sont pas compétitives pour lutter à armes égale...

à écrit le 11/09/2015 à 11:54
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Ceux qui ne veulent pas avoir de patron de "droit divin" peuvent se mettre à leur compte ou devenir fonctionnaires. Le patron obéit à ses clients. Point barre. Les salariés sont aussi des clients de "droit divin". Ce pays dépassé et marxisé ne compre...

à écrit le 11/09/2015 à 3:29
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@BONJOUR : et pour terminer cette discussion nous revoilà revenu au milieu du XIX ème siècle époque bénie pour le patronat et que la GAUCHE FASCISANTE à remis au goût du JOUR LE PATRON DE DROIT DIVIN !!!! SYNDICATS : la C.G.T. ET SUD SONT CON...

à écrit le 10/09/2015 à 19:11
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@ BONJOUR : enfin une bonne nouvelle ce que la droite n'navait jamais osé faire le Parti Social Traitre la fait !!!!!! M. GATTAZ fou de joie a promis de faire ériger un buste de M. HOLLANDE dans l'entrée de l'immeuble du patronat ALLELUJAH AU...

à écrit le 10/09/2015 à 14:48
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On ne pourra faire évoluer le Code du Travail qu'en organisant la "fin du chômage". Les protections données compulsivement aux salariés visent à les protéger de la peur immense que perdre leur emploi. En complément cette rigidification a empêché le "...

à écrit le 10/09/2015 à 14:36
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une amélioration serait 1- des employeurs libres et responsables de créer une entreprise, d'embaucher, de licencier, avec pour seules limites la santé et la sécurité des salariés ( et les bornes fixées par le droit européen) 2- des employés libr...

à écrit le 10/09/2015 à 14:25
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en tant que petit patron , je sais que je suis un délinquant. je sais que je ne respecte pas le code du travail , du moins je suis sur que quelque part dans les 10000 articles et 3600 pages il y a forcément un truc ( ou plusieurs ) que je ne respect...

à écrit le 10/09/2015 à 12:40
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Esclavagisme, le retour partout. ;)

à écrit le 10/09/2015 à 12:37
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Comme d'habitude la vielle méthode socialiste: on tape fort, puis un peu d'apaisement et après on retape fort. La loi protège tout le monde à égalité et c'est ce que le PS veut changer. Aujourd'hui le travail est régit par la hiérarchie des normes ...

à écrit le 10/09/2015 à 12:22
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REFORME DU CODE DU TRAVAIL! QUAND MÊME UNE MESURE ESSENTIELLE POUR LE DROIT AU TRAVAIL DANS LA DIGNITÉ!!!! ABOLITION DES PRIVILÈGES ESSENTIELLEMENT DANS LA FONCTION PUBLIQUE VOILA DES ECONOMIES QUI DONNERONS DU POUVOIR D'ACHAT AUX PLUS DÉMUNIS........

à écrit le 10/09/2015 à 11:19
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"faire bouger les feuilles , sans faire bouger l'arbre " c'est le fil rouge du rapport Combrexelle , écrit par un fonctionnaire qui bien sûr est compétent par nature pour traiter de l'emploi et proposer des réformes dans le secteur économique privé...

à écrit le 10/09/2015 à 11:18
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Purée Vall vient de se rappeler qu'il était soit disant socialiste et de gauche. Il serait temps que ce gouvernement applique une politique de gauche.....

à écrit le 10/09/2015 à 11:10
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Lorsque le problème du code du travail sera réglé il faudra s attaquer a la législation sur la défense des consommateurs qui n est plus compatible avec la liberté de l entreprise.

à écrit le 10/09/2015 à 11:08
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Rassurez-vous ! D'habitude, les montagnes accouchent de souris... Mais là, c'est à peine une taupinière... et normal 1° veille : au maximum, une puce en sortira... Sans doute même ce ne sera qu'un atome !

à écrit le 10/09/2015 à 10:41
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"Ces accords devront être majoritaires, c'est-à-dire qu'ils devront être signés par un ou des syndicats ayant obtenu au moins 50% des suffrages lors de la dernière élection des représentants du personnel". A noter , que c'est le résultat du 1er to...

le 10/09/2015 à 21:19
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On devrait plutôt pouvoir procéder à un vote du personnel : avec une approbation de la majorité des salariés (majorité simple ? majorité qualifiée?), ceux ci devraient pouvoir passer outre aux décisions des syndicats qui n'ont de représentatifs que l...

le 11/09/2015 à 7:41
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Sarkozy, excellent ami des syndicats, celui qui a considérablement amélioré la retraite des regimes spéciaux pour mieux diminuer celle des salariés du privé, a interdit les candidatures libres aux elections IRP. Du coup, un syndicat majoritaire n...

à écrit le 10/09/2015 à 8:28
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Une petite réformette ? Quel homme d'état !

le 10/09/2015 à 9:01
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Faites la vous qui semblez si malin. Critique facile.

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