Commerce extérieur : rien ne change, malheureusement

La diplomatie économique ne produit toujours pas ses effets. Les réformes structurelles ? Guère davantage. La France continue d'afficher un déficit commercial chronique.
Fabien Piliu
Malgré le lancement de la diplomatie économique chère à Laurent Fabius, le commerce extérieur tricolore ne sort pas de sa léthargie

On allait voir ce que l'on allait voir. En dérobant à la hussarde le ministère du Commerce extérieur à Bercy - en l'occurrence à Arnaud Montebourg, à peine nommé ministre de l'Economie - Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères promettait des lendemains chantants.

C'était en avril 2014. Depuis ? Rien ne change. De mois en mois, les Douanes continuent d'enregistrer des déficits commerciaux. En mai, il s'est élevé à 4 milliards d'euros, soit 700 millions d'euros de plus qu'en avril. Depuis janvier, il atteint 19,2 milliards d'euros.
Chaque mois, ses variations à la hausse ou la baisse dépendent en grande partie des livraisons aéronautiques et spatiales. Ainsi, en mai, c'est parce que la balance commerciale de ce secteur était équilibré que le déficit global s'est creusé.

Le flux et le reflux des échanges dans l'aéronautique

" Les ventes aéronautiques poursuivent leur rebond, à la faveur d'un niveau des livraisons définitives d'airbus encore meilleur que celui d'avril et d'une relance des exportations d'avions d'affaires. Ces hausses sont cependant atténuées par un reflux des ventes d'avions gros porteurs aménagés en jet privés (deux jets livrés en avril). Les expéditions liées à la fabrication coordonnée d'Airbus (avions et parties) demeurent par ailleurs stables. Enfin, aucune vente de satellite n'est intervenue depuis le pic de février (300 millions d'euros). Les importations amplifient leur poussée d'avril : les introductions d'avions en cours de finalisation depuis l'Allemagne (fabrication coordonnée d'airbus) et les achats d'avions gros porteurs aux Etats-Unis sont encore plus élevés que le mois dernier ", précisent les Douanes.

Dans les autres secteurs industriels, la situation n'est guère réjouissante. La pharmacie voit son excédent s'éroder et l'automobile son déficit augmenter...

Pourtant, la fenêtre de tir est plutôt favorable ? Les réformes structurelles permettant de réduire le coût du travail en France ont eu un effet immédiat. Le prix des hydrocarbures remonte certes mais il reste peu élevé. Quant à la dépréciation de l'euro face au dollar, elle procure des gains de compétitivité-prix dont ne profitent pas les entreprises françaises, puisque 60% des 121.000 entreprises exportatrices recensées en France ne passent pas les frontières de la zone euro.

La diplomatie économique au secours du commerce extérieur ?

Que recouvre exactement la diplomatie économique ? Voici la définition qu'en donnait Laurent Fabius en 2012 dans une tribune publiée dans Les Echos, avant d'intégrer le ministère du Commerce extérieur dans son périmètre. Dans la situation difficile de notre économie, la diplomatie économique doit devenir une priorité majeure du Quai d'Orsay.

" Certes, l'administration ne peut ni ne doit se substituer aux entreprises, et le ministère des Affaires étrangères n'est pas le seul ministère concerné ; mais il doit contribuer fortement au cap fixé par le président de la République : le redressement économique dans la justice. Notre déficit commercial annuel -qui est le vrai juge de paix -dépasse en effet 70 milliards d'euros, le dernier excédent remonte à 2002 et la flambée des prix du pétrole n'explique pas tout : cette situation pèse sur la possibilité d'une croissance durable. Nous savons que la compétitivité du « fabriqué en France » est un des aspects principaux à traiter. Nous devons l'aborder sans tabou, en particulier à travers la mission confiée par le Premier ministre à Louis Gallois, « grand patron » dans tous les sens du terme. Mais le sujet à traiter va au-delà. C'est l'ensemble de nos moyens privés et publics qui doivent être mobilisés pour le redressement. Le ministère des Affaires étrangères y prendra sa pleine part. (...) Notre organisation diplomatique sera adaptée. Une direction du Quai d'Orsay sera spécialement dédiée aux entreprises. Dans la formation et la carrière de nos diplomates, les compétences économiques seront mieux valorisées. La communication sera repensée afin que les entreprises bénéficient des éléments d'analyse de notre réseau diplomatique. D'autres dispositions concrètes seront prises, en liaison avec les entreprises et leurs représentants, avec effet immédiat. Le ministère des Affaires étrangères est traditionnellement celui de la paix et de la sécurité, il doit le demeurer ; mais il doit devenir aussi celui des entreprises. Il y aurait quelque paradoxe à ce que le Quai d'Orsay, spécialiste des crises, ne se mobilise pas prioritairement face à la crise économique : nous le ferons. En soutenant les entreprises pour défendre nos emplois et en créer de nouveaux, nous servirons notre pays, avec elles et à travers elles. C'est une mission majeure que j'assigne désormais à notre diplomatie ".

Pour l'instant, cette mission a échoué. Lamentablement. Jeudi, au Sénat, le Quai d'Orsay organise un colloque sur le thème " Diplomatie économique : comment être efficace ? ".

Fabien Piliu
Commentaires 18
à écrit le 08/07/2015 à 14:28
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Cumul des trois derniers mois 113 728 125 492 -11 764 1T2015 111 721 123 570 -11 849 4T2014 111 539 122 282 -10 743 3T2014 108 949 123 333 -14 384 2T2014 108 568 122 828 -14 260 1T2014 108 964 123 569 -14 605 4T2013 108 493 124 414 -15 921 v...

à écrit le 08/07/2015 à 8:37
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Moi je trouve de plus en plus compliqué. Avant tu achetais une Renault, c'etait la garantie d'acheter un produit MADE IN FANCE. Maintant ton produit MADE IN FRANCE, il s'appelle Toyota Yaris.

le 08/07/2015 à 13:57
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Tout à fait d'accord Gina. Bisous

à écrit le 08/07/2015 à 0:05
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Pourquoi sans arrêt la faute de l'Etat ? Les faux libéraux français s'insurgent contre l'Etat et viennent pleurer pour avoir sur son aide dés qu'ils le peuvent. Pourquoi les entreprises suisses continuent-elles à être championne de l'exportation, a...

à écrit le 07/07/2015 à 21:46
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Et c'est pas fini ce déficit, avec le mille feuilles des organismes publiques d'aide à l'export : les cci, business france, puis les cci françaises à l'étranger, coface, bpi .... Comme dans d'autres pays mieux organisés, il faut un organisme et un se...

à écrit le 07/07/2015 à 20:09
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Toutes les ambassades ont des services économiques qui pourraient faire des études de marché à l'étranger et les livrer gratuitement aux entreprises concernées. C'est une forme d'aide indirecte que tous les pays exportateurs font. En France, c'est pa...

à écrit le 07/07/2015 à 19:03
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faut acheter français pas allemand et ça commence par les voitures.

à écrit le 07/07/2015 à 17:49
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"Rien ne change ?". Effectivement, la photo pouve bien que c'est toujours les mêmes têtes depuis trente ans à la tête de ce pays ? Oui, rien ne change. Et pour que ça change, il faudrait déjà des hommes nouveaux et des pensées novatrices ...

à écrit le 07/07/2015 à 17:22
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Pauvre Fabius, il voulait probablement bien faire, mais il doit compter avec ce gouvernement de bras cassés, et cette majorité de carnaval, qui s'est ingéniée, avec la complicité de "l'Immotile 1er" depuis maintenant plus de trois ans, à tout casser...

à écrit le 07/07/2015 à 16:57
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Rien d etonnant a ca. on paie un choix de sacrifier l industrie depuis 20-30 ans. Manque de chance, c est pas avec des services ou de l immobilier qu on va compenser. Et c est pas pret de s ameliorer vu que la priorite de Juppe/Sarkozy c est ... su...

à écrit le 07/07/2015 à 16:48
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L'angélisme et la naïveté des français (électeurs et élus) sont à pleurer! Si les français mettaient un peu plus de patriotisme dans leur choix de voiture?? Les mêmes qui râlent contre le chômage ou des charges et des impôts élevés se promènent en ...

le 07/07/2015 à 18:41
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Vous avez bien malheureusement raison, et cette situation ne date pas d'aujourd'hui ni même d'hier. Quand je pense qu'un dirigeant d'Alcatel dans les années 2000 Tchuruk nommons-le (mais il n'était pas le seul) était un apôtre de l'entreprise sans us...

à écrit le 07/07/2015 à 16:13
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En tout cas tous les détracteurs de l'euro sont aujourd'hui désavoués. Ils disaient que le problème de la France était d'avoir une monnaie unique trop forte, qui étouffe nos exportations. L'euro s'est pourtant fortement déprécié depuis 6 mois et nos ...

à écrit le 07/07/2015 à 16:01
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La profondeur de l'analyse fait fremir. Dans le meme temps, reflechir demande de l'energie...et il fait chaud.

le 07/07/2015 à 16:24
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Non sans dire que Hollande a décidé de ne plus livrer les Mistral à la Russie et il, c-à-d, nous, on va débourser la coquette somme de 2.1 milliards de US dollars (pas d'euros !) à Poutine qui est en train de construire deux porte-hélicoptères plus a...

le 07/07/2015 à 16:54
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les 2 navires sont une goutte d eau pour le deficit commercial de la france et en plus entre perdre 2 millards et avoir un jour ces batiments contre nos soldats, vous choississez quoi ? C est comme vendre des armes a Hitler en 38... profondemen...

à écrit le 07/07/2015 à 15:53
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Dérivée première de votre assertion : On dépense plus que l'on ne vend et c'est comme ça dans tous les domaines , Etat, collectivités locales, particuliers même.Donc in fine déficit.

le 07/07/2015 à 16:36
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Voilà un commentaire béta

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