Créer une Scop, plus qu'une solution de dernier recours ?

Les Société coopératives et participatives (Scop) prospèrent tranquillement en France depuis le début du 21e siècle. Mais, pour prendre une autre dimension, elles devront notamment rentrer dans le champ de vision des entrepreneurs qui souhaitent céder leurs entreprises.
Mathias Thépot
Les salariés devraient-ils davantage se rassembler pour reprendre leur entreprise?

Depuis une quinzaine d'années, les sociétés coopératives et participatives (Scop) et à moindre échelle les sociétés coopératives d'intérêt collectif (Scic), poursuivent le développement de leur activité à un rythme compris entre 4 % et 6 % par an. Ces sociétés, dont les associés sont majoritaires au capital, s'appliquent une gouvernance démocratique (une personne, une voix) et doivent mettre en réserve au moins 16 % de leurs bénéfices (elles en mettent 49 % dans la réalité).

En France, on dénombre ainsi 2.680 Scop et Scic qui emploient 51.000 personnes (+5,8 % par rapport à 2013) pour un chiffre d'affaires global de 4,4 milliards d'euros, en hausse de 15,5% depuis quatre ans, principalement dans les secteurs de la construction, de l'industrie et des services. Ce type de structure est donc encore très minoritaire au sein du paysage entrepreneurial français qui compte 3,14 millions d'entreprises marchandes, dont certes une écrasante majorité d'entreprises unipersonnelles.

Plus robustes face aux crises

Du reste, ce sont davantage les valeurs que s'appliquent les Scop qui attirent l'attention. Elles naissent toujours d'un projet collectif et non individuel et s'appliquent une éthique notamment caractérisée par la mise en réserve de bénéfices, ce qui leur permet d'affronter les temps difficiles avec un matelas de sécurité plus confortable. Résultat, lors des cinq dernières années, près des « deux tiers des Scop ont pu maintenir leur activité, contre seulement la moitié du total des entreprises en France », indique Patrick Lenancker, le président de la Confédération générale des Scop (CgScop). Autre exemple de l'éthique que s'impose les Scop : elle mettent 100 % des bénéfices du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) en réserve, assure Patrick Lenancker.

Miser sur la transmission

Il aimerait bien voir ce type d'entreprise prendre une autre dimension. Pour ce faire, le président de la CgScop mise beaucoup sur la démocratisation des transmissions d'entreprises aux salariés, qui représentent désormais 20 % du total des Scop, contre quasiment rien il y a 10 ans.

Pourquoi miser sur le segment des transmissions ? Parce que dans les prochaines années, il y aura beaucoup de départs à la retraite d'entrepreneurs qui chercheront, ou qui cherchent déjà, à céder leur société. Les Scop comptent donc s'engouffrer dans la brèche. Le raisonnement est d'autant plus logique que les arguments de la robustesse face à la crise et de l'éthique risquent de s'effilocher lorsque la reprise économique sera effective, une période où les sirènes du grand capital seront plus à même de convaincre financièrement par exemple des jeunes entrant sur le marché du travail.

Pédagogie nécessaire

Le problème en matière de transmission aux salariés, c'est que cette option est davantage perçue par les potentiels cédants comme une solution de dernier recours. Dans l'idéal, la CgScop souhaiterait en effet que la transmission aux salariés fasse partie des options envisagées dès le début par les dirigeants qui souhaitent pérenniser l'activité de leur entreprise, au même titre que la cession à un tiers ou à un descendant. Sachant que tous les salariés ne sont pas obligés d'avoir des parts dans la Scop.

« Une entreprise saine peut aussi être reprise par ses salariés », assure Patrick Lenancker, qui assume jouer un rôle de pédagogie sur ce point vis-à-vis de l'opinion et des entreprises. Cependant, il n'est pas dupe : « On ne pourra pas régler 100 % des cas de transmission », d'autant que la création d'une Scop « n'est pas si simple à réaliser ». Il estime ainsi qu'il faux en moyenne « 2 à 3 ans de préparation » pour transmettre aux salariés et ensuite, « 2 à 3 ans supplémentaires pour que les salariés assument l'activité ».

Sur ce point, la loi sur l'ESS votée en 2014 aidera puisqu'elle crée un statut transitoire, la scop d'amorçage, qui permettra aux salariés de reprendre une entreprise et de détenir la majorité des voix à la constitution de la société tout en étant minoritaires au capital. Ils auront ensuite 7 ans pour détenir la majorité du capital. Un argument de plus pour indiquer aux entreprises que les Scop peuvent être une solution pour assurer une transmission en douceur.

Mathias Thépot
Commentaires 3
à écrit le 08/06/2015 à 14:47
Signaler
pourriez vous faire un article sur ' comment la scop finance l'achat d'une tres grosse machine', merci on a bien compris qu'il y a des mises en reserve, mais c'est rarement suffisant! et vu que les solutions restantes c'est l'augmentation de capit...

le 09/06/2015 à 16:45
Signaler
Pour le financement il faut une/plusieurs caution(s) ce qui est normal ! Comment voulez-vous financer sans cautionnement ?

à écrit le 08/06/2015 à 12:33
Signaler
Dans un article d'aujourd'hui même,La Tribune nous informe des difficultés de la Scop SeaFrance, des problèmes de gouvernance et de l'avenir incertain de tout ou partie des 600 salariés. Tout n'est donc pas rose pour nos Scop...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.