Déficit public : la Cour des comptes fait la leçon aux candidats à la présidentielle

Plusieurs candidats à la présidentielle se sont engagés, s'ils étaient élus, à tenter de relancer la croissance par une politique budgétaire expansionniste, quitte à déroger à la règle européenne des 3% de déficit public. Pour la Cour des comptes, il est temps de sonner le tocsin.
Le président de la Cour des comptes, Didier Migaud, s'alarme : "Le redressement de nos comptes publics est encore loin d'être acquis et nos finances publiques sont encore fragiles et vulnérables, ce qui tend à nous isoler et à nous affaiblir."

Ce jeudi, alors que le troisième et dernier débat à la primaire de la gauche doit se tenir ce soir et que le "candidat-élu" à la primaire de la droite, François Fillon, tâtonne encore sur la question, Didier Migaud, le premier président de la Cour des comptes, a exhorté tous les candidats à la présidentielle à ne pas relâcher les efforts entrepris pour assainir les finances publiques.

"La Cour a eu l'occasion de souligner les efforts et les progrès intervenus dans les années récentes", tant sur le plan des "dépenses publiques locales" et des "finances de la Sécurité sociale" qu'au niveau des comptes de l'Etat, a souligné M. Migaud, à l'occasion de l'audience solennelle de rentrée de la Cour des comptes.

Un redressement des comptes loin d'être acquis

En présence du Premier ministre, Bernard Cazeneuve, et de plusieurs membres du gouvernement, l'ancien député socialiste apportait aussitôt cette nuance :

"Le redressement de nos comptes publics est encore loin d'être acquis et nos finances publiques sont encore fragiles et vulnérables, ce qui tend à nous isoler et à nous affaiblir."

Le gouvernement a annoncé mardi avoir réduit plus que prévu le déficit du budget de l'Etat en 2016, à 69 milliards d'euros contre 72,3 initialement prévu, et 70,5 milliards l'an dernier.

Les comptes de l'Etat sous les 3% en 2017 ? Oui, sauf si...

Cette baisse devrait permettre au déficit public, qui englobe les comptes de l'Etat mais également ceux des collectivités locales et de la Sécurité sociale, d'être conforme aux prévisions, soit 3,3% du produit intérieur brut - le gouvernement ayant prévu en 2017 un retour sous la barre des 3% exigée par Bruxelles.

Malheureusement ce mouvement vertueux pourrait être contrecarré par "plusieurs tendances lourdes" qui vont compliquer l'atteinte de cet objectif dans les années à venir. Mais deux facteurs favorables à cette maîtrise des dépenses pourraient disparaître :

  • La fin de la baisse des taux d'intérêt (40% de la réduction du déficit public)

"La Cour a estimé que 40% de la réduction du déficit public intervenue depuis 2011 était due à la baisse des taux d'intérêt". Or "le risque de voir la charge d'intérêts se mettre à progresser est tout sauf négligeable", a prévenu Didier Migaud, pour qui les choix "qui seront opérés en 2017" seront décisifs.

  • La fin de la modération salariale des fonctionnaires (7 milliards)

Le gel du salaire des fonctionnaires pendant 6 ans, qui a permis à l'Etat d'économiser 7 milliards d'euros, a pris fin en 2016 et se poursuivra en 2017. "Les fonctionnaires ont largement contribué à l'effort de redressement des finances publiques", avait expliqué le ministère de la Fonction publique avant d'annoncer le 17 mars 2016, une hausse de 1,2% du point d'indice. Un coup de pouce qui s'effectuera eu deux fois : + 0,6 % au 1er juillet 2016 et + 0,6 % au 1er février 2017.

Pourquoi Didier Migaud veut faire respecter la règle des 3%

Plusieurs candidats à la présidentielle se sont engagés, s'ils étaient élus, à tenter de relancer la croissance par une politique budgétaire expansionniste, quitte à déroger à la règle européenne des 3% de déficit public.

Une option risquée, selon Didier Migaud, selon qui "la poursuite du redressement des comptes publics n'est pas une fin en soi" mais "une condition sine qua non de la préservation et du renforcement de nos services publics".

La pédagogie d'un audit général des finances publiques ?

La Cour des comptes, qui a annoncé avoir "pris l'initiative de préparer la conduite d'une audit général des finances publiques", dans le cadre d'un rapport qui sera publié en juin, appelle ainsi à "accorder plus d'attention aux résultats" des politiques publiques avant de mettre en place de nouvelles réformes.

"J'ai bien conscience que c'est une révolution, au moins copernicienne, à laquelle la Cour appelle, mais je crois que nous sommes ici nombreux à être convaincus que le temps de ce changement est venu", a conclu M. Migaud.

(avec AFP)

Commentaires 19
à écrit le 21/01/2017 à 5:09
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La Cour des Comptes n'a pas à donner d'avis politique. Juste à garantir la sincérité des comptes de la Nation. Si pour relancer l'économie les français acceptent de creuser temporairement le déficit, ça les regarde. De quel droit la Cour des Comp...

à écrit le 20/01/2017 à 19:49
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Que la cour des comptes s'érige en maître à penser, cela serait viable si l'on connaissait la désignation de ses membres . D'où viennent ces gens ? Merci d'une réponse

à écrit le 20/01/2017 à 10:28
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Bonne analyse. D'autant plus qu'il y a des candidats qui veulent raser gratis et promettre la lune et plus. Alors, il y en aura certainement qui contrediront D.Migaud qui sera taxé de couper les cheveux en quatre !

à écrit le 20/01/2017 à 9:25
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Les créanciers parlent à leur salariés.

à écrit le 20/01/2017 à 9:20
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Il faut avoir une chose à l’esprit dans la zone euro le soutien de la BCE a un État membre en particulier n’est pas garanti car il s’agit d’une union monétaire d’États souverains qui ont simplement fixés des règles qu’ils se sont engagés à respecter ...

à écrit le 20/01/2017 à 7:48
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Quand je vois que Fillon veut commencer par plomber le déficit (4.2% il me semble) ça me fait enrager. Assez de commencer par plomber en faisant miroiter un retour à meilleures fortunes à 2 ou 3 ans. Dingue que le premier ministre de Sarko, dont le...

à écrit le 19/01/2017 à 23:11
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Ces personnes sont des ennemis de la démocratie, de l'Etat et de la république! Ils ne voient que certaines dépenseset non les recettes! C'est plus qu''une faute de débutant en économie c'est une atteinte délibérée à la démocratie! Ils ignorent...

à écrit le 19/01/2017 à 22:16
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Tais-toi Migaud, juste tais-toi. Va rejoindre Schauble et les autres illuminés des comptes publics.

à écrit le 19/01/2017 à 19:21
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L'ONU avait été qualifiée de Machin. Ce qualificatif est tout à fait adapté à la Cour des comptes.

à écrit le 19/01/2017 à 17:29
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La logique comptable dans sa splendeur. En arrêtant de financer la santé publique, la police, l'armée,l'éducation, les crèches, la recherche on ferait des économies. Qui coûteraient très cher un peu plus tard.

le 20/01/2017 à 7:58
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Il faudrait que la commmission des prélèvements obligatoires ressorte son rapport sur les niches fiscales de 70 mds d'euros et 60 milliards dz baisse de cotisations sociales ramenées à 45 mds d'Is et les 80 mds de rsa alloc ramenés aux 45 mds d'irpp ...

à écrit le 19/01/2017 à 17:20
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Il n'y a pas un seul économiste à la cour des comptes et cela se voit!

à écrit le 19/01/2017 à 16:52
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Depuis quand entre t'il dans les attributions de la cour des comptes de donner son avis sur les programmes politiques des candidats et d'entrer ainsi en campagne? D'une cour des comptes totalement ignorée pendant 50 ans, dont seul le canard enchai...

le 21/01/2017 à 5:11
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C'est Sarkozy qu'il faut remercier pour cette nouveauté. Auparavant la Cour des Comptes se bornait à certifier les comptes. Et c'était très bien ainsi.

à écrit le 19/01/2017 à 16:51
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taux à 0,65% à fin 2016, contre 1,3% prévu par le gouvernement (1,3% après révision ; 2,4% prévu à l'origine). c'est correct. le gouvernement réduit progressivement mais sûrement le déficit. faire de l'austérité forte comme nos voisins signifierait ...

le 19/01/2017 à 17:24
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Le post est aussi long que laborieux Visiblement la gauche (qui en France dit ce qui est bien) n'a pas de problème avec les propos aux relent xénophobes anti-allemands. Ils sont autorisés.

le 20/01/2017 à 12:35
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@gfx : bien + 1 vos indications financières sont exactes et trop souvent méconnues. Il y a plein de données positives concernant Fr qui sont ignorées des médias, et encore plus des politiques. Pourtant, c'est facile : INSEE, BDF, OCDE, Eurostat...der...

le 20/01/2017 à 14:53
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@Germanie : où avez vous vu des propos xénophobes à l'encontre des allemands??? gfx se contente de donner des stats et rien d'autres... Si vous y voyez autre chose, c'est parce que son propos vous déplais, et met en lumière ce que beaucoup ne veulen...

à écrit le 19/01/2017 à 16:49
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Il faut peut-être rappeller que pour arriver à l'équilibre, il y a toujours EUR 70 Mia de dépense en trop.

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