"Des départements n'auront plus d'élevages dans dix ans"

Le gouvernement est prêt à mettre sur la table 600 millions d'euros d'aides pour les éleveurs. Thierry Pouch, chef du service des études économiques de l'Assemblée Permanente des Chambres d'Agriculture à Paris, déplore le manque de mesures sur le long terme et estime qu'une réorganisation des filières est nécessaire pour soulager le secteur.
"Du côté des agriculteurs, il peut être intéressant que des organisations de producteurs se mettent en place (...) afin de constituer un contrepoids pour les négociations sur les prix", estime Thierry Pouch.

La Tribune - Les mesures annoncées mercredi par le gouvernement seront-elles efficaces sur le long terme ?

Thierry Pouch. Ce plan va répondre à l'urgence pour des situations économiques et humaines dramatiques. Mais il manque des mesures sur le long terme. Au niveau du marché national, il y aura sans doute des effets positifs. Il faut toutefois rappeler que nous sommes dans une situation économique où le pouvoir d'achat progresse peu et le chômage est important. Une fraction de la population au regard de sa situation se tourne vers les premiers prix : les produits en provenance de l'étranger ou standards fabriqués chez nous.

Concernant les allègements et les reports de charges proposés: ce ne sont que des reports. Les agriculteurs devront dans 6 mois ou un an verser certaines cotisations aux organismes sociaux.

Par ailleurs, la BPI va garantir jusqu'à 500 millions d'euros de crédits bancaire aux trésoreries. C'est une bonne nouvelle, mais la Banque publique d'investissement ne prêtera pas d'argent. Elle accordera des des garanties au système bancaire pour qu'il puisse faire le nécessaire pour alléger la trésorerie des élevages ou accorder de nouveaux crédits. Or, le système bancaire aujourd'hui au regard de la crise depuis 2008 à laquelle s'ajoute celle de l'agriculture, est frileux pour accorder ces crédits. L'horizon économique n'est pas assez dégagé pour les banquiers qui voient la difficulté de rentabiliser les élevages.

Enfin, il est malheureusement peu question de prix et de visibilité sur le long terme. Que veut-on faire de l'élevage en France, quelles connexions établir entre l'élevage, les territoires et l'emploi ? Il n'y aura plus d'élevages dans certains départements en France d'ici 10 ans et on ne se pose pas la question de ce que l'on fera des territoires en friche.

Des réformes efficaces sont-elles possibles dans le cadre de l'Union européenne ?

Pour rappel, les réformes structurelles ont été enclenchées dans l'UE avec celles de la PAC à partir de 1992. Elles ont conduit à une dérégulation des marchés du lait, rendant les prix nettement inférieur à ceux du marché. On est entré dans une configuration où l'on demande aux agriculteurs de répondre aux signes du marché. Et ils font face à une concurrence mondiale très dure.

Pour améliorer la situation des éleveurs français, il faut notamment une réorganisation des filières. Du côté des agriculteurs, il peut être intéressant que des organisations de producteurs se mettent en place. S'ils s'entendent, ils peuvent ainsi constituer un contrepoids pour les négociations sur les prix. Il y a environ 130.000 éleveurs, une centaine de transformateurs (industriels, ndlr), entre 5 et 10 distributeurs. Plus vous êtes nombreux et moins vous avez de poids autour de la table dans ce contexte.

Avant 2008, il existait une interprofession laitière. Mais celle-ci a été supprimée par Christine Lagarde alors ministre de l'économie, via la direction générale de la concurrence. Avec l'existence de cette organisation, le secteur était considéré comme insuffisamment concurrentiel. On a vu ce que cela a donné : la crise laitière de 2009.

Pourquoi la crise des éleveurs s'est autant aggravée ces derniers mois ?

L'année dernière les éleveurs-producteurs de viande porcine ont subit une double peine. L'embargo sanitaire de février 2014 a été amplifié par l'embargo russe à partir d'août, signant la fermeture des importations de produit laitiers et viandes porcines. Les répercussions économiques ont été importantes, cela donne l'impression que l'Europe s'est tirée une balle dans le pied.

Tous les pays européens ont alors essayé d'écouler leurs productions. Ils se sont repliés sur le marché intracommunautaire, mais la demande n'était pas à la hauteur de l'offre. Le marché européen s'est vite trouvé saturé et cela a provoqué une baisse des prix.

En outre, beaucoup de producteurs ont tablé sur des augmentations de production. On leur avait dit que la croissance mondiale allait augmenter. Mais cela ne s'est pas produit. Outre les Russes qui ont moins acheté du fait de l'embargo, la Chine a produit et stocké plus de lait que prévu. Or le plan du gouvernement ne prend pas vraiment en compte ce ralentissement des importations chez les émergents.

Egalement, on a ouvert les vannes avec la fin des quotas laitiers. Les gros producteurs que sont l'Allemagne ou encore les Pays-Bas se sont préparés à conquérir les marchés. En France, les producteurs de laits s'y sont préparés trop tardivement.

Enfin, la viande bovine, en difficulté depuis des années, enregistre depuis longtemps une production au-dessus de la consommation. Pour rappel, celle-ci est en recul depuis les années 90 pour des raisons médicales, sanitaires et suite aux campagnes contre la consommation excessive de viande rouge notamment. En 2014, les éleveurs spécialisés dans la viande bovine se sont retrouvés avec un revenu moyen de 16.000 euros, alors qu'en moyenne un agriculteur a touché 24.000 euros.

Commentaires 29
à écrit le 27/07/2015 à 11:05
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DANS LA REGION RHONE ALPES QUE JE CONNAIS BIEN.ONT NE VOIS PRATIQUEMENT PLUS DE BOVINS DANS LES CANPAGNES?ILS ONT A ETE REMPLACE DU GARDENNIAGES DE CHEVEAUX BEAUCOUP PLUS RENTABLES PARS L EXPLOTIONS DE LOISIRS D ENFANTS DE RICHES QUI DEMANDENT A AVO...

à écrit le 24/07/2015 à 13:55
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ces petites rustines ne serviront a rien ..

à écrit le 24/07/2015 à 13:13
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Les salariés qui payent leurs charges et leur impôts apprécieront de voir de nouvelles subventions attribuées à un secteur qui est à la France, ce que la Grèce est à l'Europe. Ce secteur est totalement sous-compétitif. Mais il préfère pleurer et appe...

le 24/07/2015 à 17:09
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@ René Monti je ne sais pas si vous vous êtes compétitif, allez plutôt mettre les pieds dans une exploitation avant d'émettre un avis sur un secteur dont vous ne connaissez rien!!

le 24/07/2015 à 17:19
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@rené monti Tellement sous compétitif que la France est le premier exportateur en matière agricole, qu'est ce que vous pouvez sortir d'idioties dans votre commentaire !!! C'est affligeant , c'est d'ailleurs grâce à des gens comme vous que la France n...

le 26/07/2015 à 23:27
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L'agriculture est à la France ce que la Grèce est à l'Europe. Un secteur qui refuse de se restructurer et dont certains d'éléments ne vit qu'aux crochets du restant de la société française, car ils ont beaucoup de poids aux sénatoriales. Si il ne fa...

à écrit le 24/07/2015 à 12:40
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Pour le court terme il va falloir dépenser des sous et faire jouer la solidarité nationale. Mais pour le moyen-long terme l'issue est une diminution du nombre d'éleveurs permettant aux exploitations d'atteindre la taille critique pour faire face. Et ...

le 24/07/2015 à 21:35
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Pensez vous que l'avenir des fermes françaises doive ressembler à la ferme des 1000 vaches (d'ailleurs controversée ces derniers temps) ? Taille critique, c'est quoi pour vous ? N'est ce pas plutôt le modèle économique actuel qui est à repenser ( fin...

à écrit le 24/07/2015 à 10:35
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Une aide 600 mio d'euros, seulement ? 600 millions ne couvrent même pas 5 mois de pertes liés au sanctions anti-Russes. Si ça continue sur cette voie les producteurs n'auront plus qu'a fermer boutique et le made in France sera remplacer par des OGM. ...

à écrit le 24/07/2015 à 10:00
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Une entreprise qui n'arrive plus à écouler sa production ou qui n'arrive plus à couvrir ses charges n'a pas 36 solutions pour survivre. Elle réduit ses coûts, elle augmente ses prix, ou elle se diversifie et propose des produits qui eux se vendront à...

le 24/07/2015 à 10:53
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Grincheux 1er est quelque peu simpliste. Il ne faudrait pas oublier les distorsions de concurrences invraisemblables avec nos pays voisins, que contrairement à ce que Grincheux 1er pense, tous les agriculteurs de l'OCDE, sont subventionnés d'une mani...

le 24/07/2015 à 16:10
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A vous lire et à n'en pas douter vous feriez un excellent exploitant agricole .....mais avant tout que faites vous en dehors de prodiguer des conseils ?....Sans subventions 80% des exploitations disparaissent et vous envoyez 800.000 chomeurs de plus ...

le 24/07/2015 à 17:26
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@ grincheux faut te présenter comme ministre de l'agriculture avec ton commentaire , ya qu'à ,faut qu'on, en tout cas c'est pas ton pognon qu'on doit te prendre à faire des commentaires à cette heure !!

à écrit le 24/07/2015 à 9:42
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Comment voulez vous nous en sortir avec un pays puissant comme l'Alemagne qui permet d'avoir du personnel à 5euros de l'heure pour travailler jusqu'a 75h par semaine; Au sein de l'Europe nous avons le plus important pays qui est comme un pays sous-...

le 24/07/2015 à 10:19
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Une des faiblesse de notre agriculture vient du poids insuffisant des filières :production,transformation et commercialisation . Là où cette intégration existe (exemple mirabelle de lorraine) les produits se vendent mieux ce qui permet aux producte...

le 24/07/2015 à 10:46
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Ca y est c'est reparti , toujours la meme eternelle rengaine quand on a un probleme en France: c'est la faute aux Allemands, y sont mechants avec nous, et puis personne ne nous aime!! Mentalité victimaire et strategie de la ligne Maginot. Commencon...

à écrit le 23/07/2015 à 22:23
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Les agriculteurs français ont le syndrome grec :ils ont été shooté à la subvention Bruxelloise et se sont endettés pour produire plus pour des clients qui n'ont plus les moyens de consommer

le 24/07/2015 à 8:55
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Trop d'agriculteurs qui fonctionnent à des coûts exorbitants grâce aux subventions ! Heureusement, le gouvernement veille pour pérenniser la gabegie...

à écrit le 23/07/2015 à 22:19
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Il n'est pas bon de manger de la viande bovine quand on a du cholestérol ou une pression artérielle élevée.Le mieux pour éviter tout risque c'est de manger des légoumes c'est ce que dit le médecin.Si les enfants mangeait des légumes au lieu des stea...

le 23/07/2015 à 23:28
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T'as raison le végétarien , vas manger tes légumes plein de pesticides

le 24/07/2015 à 8:31
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Jeff le bio existe et ne s en sort pas trop mal...meme pour les poulets etc....seul pb ils ne sont pas soumis à Monsanto pesticides avec la complicite des syndicats agricoles et du gvrt....

à écrit le 23/07/2015 à 20:18
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"...mais la demande n'était pas à la hauteur de l'offre. Le marché européen s'est vite trouvé saturé" .... "une production (de viande bovine) au-dessus de la consommation. Pour rappel, celle-ci est en recul depuis les années 90"... Ben voila tout es...

à écrit le 23/07/2015 à 20:04
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Quel mediocre ce walls quelle méconnaissance du monde agricole

le 24/07/2015 à 12:28
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Et si on livrait les Mistral ? L'embargo russe serait terminé et la production française trouverait des débouchés...

le 24/07/2015 à 17:02
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Le plus surprenant quand on lit a quoi va servir ces 600 millions,il ya un chapitre pour le report d'impots !!!!!!! il est quand meme surprenant que nos énarques, ne consultent pas les bilans des éleveurs,il constateraient que leur probleme n'est pas...

à écrit le 23/07/2015 à 19:52
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Je suis atteré par le manque di'magination du gouvernement sur les solutions à appliquer. Le problème n'est pas tant le prix d'achat de la viande que la corrélation de ce prix avec le taux d'endettement effectifs des agriculteurs français. Il faudrai...

le 24/07/2015 à 10:24
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Pourquoi en appeler uniquement à l'état ? c'st également aux filières à prendre des initiatives . Et le Crédit Agricole existe déjà!!!

à écrit le 23/07/2015 à 19:38
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Lorsque Valls a déclaré que "les agriculteurs ont le sentiment... de ne pas gagner leur vie" alors qu'il s'agit d'une certitude comptable le terme "sentiment" a été un propos imbécile et crétin digne d'un énarquie bon à rien mauvais à tout

le 24/07/2015 à 12:25
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Valls n'est même pas énarque. Il est "historien", paraît il... Et à Tolbiac dans les années 80, les diplômes... voir ceux de Cambadélis.

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