Examen du Budget 2018 : nuit d'escarmouches à l'Assemblée nationale

Cette nuit, l'hémicycle de l'Assemblée nationale a été le théâtre d'affrontements entre les députés de tous bords lors de l'examen du projet de loi de programmation des finances publiques. Et le pilonnage des 1.000 amendements n'a pas encore commencé...
A l'Assemblée nationale dans la nuit de mercredi à jeudi 19 octobre, les visions divergentes de l'Union européenne ont provoqué une poussée de tension, la gauche de la gauche a notamment critiqué mercredi une trajectoire suivant une logique "d'austérité", Mélenchon ironisant au passage sur la "théorie du ruissellement".

L'Assemblée nationale a bouclé dans la nuit de mercredi à jeudi l'examen du projet de loi de programmation des finances publiques, qui prévoit une réduction sensible du déficit public d'ici 2022, à la faveur d'une croissance solide et d'une baisse des dépenses.

Côté calendrier, les débats sur le budget 2018, objet d'un millier d'amendements, commenceront jeudi, les joutes les plus vives s'annonçant sur la fiscalité du capital. Et mardi prochain, le 24 octobre, aura lieu le vote sur ce texte un peu retouché, comme sur le volet des recettes du projet de loi de finances.

Règle des 3% de déficit : Juncker satisfait

Sur la trajectoire budgétaire de la France, qui se dirige vers une sortie l'an prochain du collimateur de Bruxelles, le Premier ministre Edouard Philippe a obtenu lundi le satisfecit du patron de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Moyennant de nouvelles économies, l'exécutif compte atteindre en 2017 un déficit public de 2,9% du produit intérieur brut (PIB), juste sous la fameuse barre des 3% de déficit, règle inscrite dans le traité de Maastricht. Le gros des efforts est renvoyé en deuxième partie du mandat: après 2,6% en 2018, puis 3,0% en 2019, Paris prévoit 1,5% en 2020, 0,9% en 2021 et 0,2% en 2022.

Mélenchon contre la financiarisation de l'économie

Dans l'hémicycle de l'Assemblée, où des visions divergentes de l'UE ont provoqué une poussée de tension, la gauche de la gauche a notamment critiqué mercredi une trajectoire suivant une logique "d'austérité", où les déficits sont "l'alpha et l'oméga".

"Vous pensez qu'en fluidifiant le capital, la ressource va s'allouer correctement (...), nous n'en croyons rien", a argumenté Jean-Luc Mélenchon, dénonçant la financiarisation l'économie, après avoir ironisé sur la fameuse "théorie du ruissellement".

Il faut définanciariser l'économie - Intervention aujourd'hui à l'Assemblée nationale. #DirectAN #Économie pic.twitter.com/btRfboBBET

— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 17 October 2017

A Droite, Eric Woerth tire à vue

Des élus LR comme le président de la commission des Finances Eric Woerth ont jugé insuffisantes les économies du gouvernement, prônant des réformes structurelles comme les retraites. Tout au long de la journée d'hier, l'ancien ministre (2007-2010) du Budget de Nicolas Sarkozy balançait des salves de piques à l'attention du gouvernement via son compte Twitter :

"Le gouvernement repousse à plus tard ce qui est nécessaire et difficile. Ce PLF2018 est le budget des illusions perdues et des occasions manquées"

Ce budget aurait pu être un bon budget. Mais il est très en deçà de ce qu'il aurait pu être, de ce qu'il aurait dû être. #PLF2018 #DirectAN pic.twitter.com/LvhFXYWas8

— Eric Woerth (@ericwoerth) 17 octobre 2017

Côté LREM, Amélie de Montchalin tacle "Les Républicains"

La riposte du gouvernement était assurée notamment par la chef de file des LREM (La République en Marche) sur ce projet de loi, Amélie de Montchalin, qui se moquait ouvertement des 20 milliards d'euros de baisse défendus dans la campagne de François Fillon. Elle aussi très active sur les réseaux sociaux, se félicitait de la mobilisation des députés, donnant à voir leur assiduité nocturne :

Fière de voir la mobilisation nocturne des députés @LaREM_AN pour examiner la Loi de programmation budgétaire 2018-2022 #AuTravail #PLF2018 pic.twitter.com/ar8C8qV5Jc

— Amélie de Montchalin (@AdeMontchalin) 18 octobre 2017

Au gouvernement, Darmanin défend la crédibilité de la France

Quant à lui, le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin (issu de LR), comme plusieurs députés de la majorité, ont récusé toute austérité, mais plaidé pour rendre à la France sa "crédibilité". La dette publique devrait se "stabiliser" à 96,8% en 2017 et 2018, avant de culminer à 97,1% en 2019, puis de décroître rapidement. Le gouvernement, qui a relevé à 1,7% sa prévision de croissance pour 2017, parie sur une hausse du PIB identique en 2018, 2019, 2020, 2021, puis 1,8% en 2022. Pour les dépenses, le tour de vis supplémentaire programmé en début de quinquennat est plutôt reporté sur la fin.

Les économies demandées aux collectivités jugées excessives

Beaucoup de débats ont tourné mercredi autour des 13 milliards d'euros de baisse des dépenses demandés aux collectivités sur la durée du quinquennat, jugé excessif par des députés de tous bords.

Le gouvernement défend un "contrat" avec les 319 plus grandes collectivités: ralentissez la hausse de vos dépenses de fonctionnement (limitées autour de 1,2%), et l'Etat donnera un coup de pouce pour vos investissements. D'autres collectivités volontaires pourront conclure un contrat similaire, selon un amendement du rapporteur Joël Giraud voté dans l'hémicycle.

TVA, ratio d'endettement... Darmanin tente de rassurer

Dans une phase où l'exécutif cherche à apaiser les tensions, M. Darmanin a défendu "un lien de confiance avec l'Etat" et s'est voulu rassurant. Il a donné son feu vert à quelques retouches, comme pour mieux prendre en compte des spécificités territoriales ou sortir des plafonds d'évolution des dépenses le fonds de compensation pour la TVA et la part de TVA affectée aux régions.

Des députés de gauche et de droite se sont inquiétés du plafonnement du ratio d'endettement des collectivités par rapport à leur capacité d'autofinancement, malgré quelques modifications là encore dans l'hémicycle.

"Ecrire cette règle dans la loi, c'est aller beaucoup trop loin", pour Christine Pirès-Beaune (PS).

Commentaires 8
à écrit le 19/10/2017 à 12:26
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et est ce que melanchon est pour que garrido paye ses cotisations, et prenne dans la foulee un controle urssaf et un controle fiscal, vu qu'elle a declare n'avoir rien declare? ou est ce que la bonne morale sur le bien commun des francais qui doivent...

à écrit le 19/10/2017 à 11:43
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Le "satisfecit de Juncker": cela montre bien, une fois de plus, que la France a perdu son autonomie, et que l'on pourrait en conséquence faire l'économie de milliers de politiques et de fonctionnaires.

le 19/10/2017 à 14:07
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Il n'y a aucune raison de déduire que si Juncker a un avis positif sur une mesure c'est qu'elle est mauvaise. Et en déduire une perte d'autonomie est juste ridicule. Ce qui se fait est fait, et si Juncker ou qui que ce soit trouve que c'est bien ou m...

le 19/10/2017 à 18:34
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Ce n'est pas parce qu'on arrête de voler les riches, qu'on leur fait un cadeau !!! Arrêtez de stigmatiser les "riches" !! Ils sont a 99% riches par leur compétence et leur travail !!! Ils méritent plutôt le respect ,s'il n'y avait pas chez les frança...

à écrit le 19/10/2017 à 11:24
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Eh bien! La démocratie parlementaire est bien vivante sous le quinquennat de Macron! ça nous change du 49-3 du précédent, au moment où Hollande, tout honte bue, distribue les coups à la France depuis une tribune étrangère!

à écrit le 19/10/2017 à 11:01
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"La dette publique devrait se "stabiliser" à 96,8% en 2017 et 2018, avant de culminer à 97,1% en 2019, puis de décroître rapidement." Donc normalement la dette publique aura diminué d'ici la fin du quinquennat. Qui y croit?

le 19/10/2017 à 11:58
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Peut-etre Junker mais avec un "Drink" pour la route.....

le 19/10/2017 à 18:35
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Moi

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