Grève à la SNCF : promis, pas de privatisation assure l'exécutif

Avec 27,58% de grévistes lundi à la SNCF, les syndicats ont réussi à muscler la mobilisation contre la réforme ferroviaire, en lançant en parallèle leur consultation auprès des cheminots sur le projet de l’exécutif. Dans un entretien chez nos confrères du Monde ce mardi, Edouard Philippe assure "sans ambiguïté" que l'entreprise restera bien publique. L'incessibilité des titres de la future SNCF pourrait être inscrite dans le texte soumis au Sénat, fin mai.
Pour maintenir la pression sur le gouvernement, les syndicats ont appelé à une journée sans cheminots lundi. Le taux de grévistes a été de 27,58%, soit la troisième plus forte mobilisation depuis le début du mouvement, les 3 et 4 avril.
Pour maintenir la pression sur le gouvernement, les syndicats ont appelé à une "journée sans cheminots" lundi. Le taux de grévistes a été de 27,58%, soit la troisième plus forte mobilisation depuis le début du mouvement, les 3 et 4 avril. (Crédits : Philippe Wojazer)

Une note interne évoquant la privatisation de la SNCF et la suppression de certaines lignes, avait semé le doute dimanche dans les esprits des pourfendeurs du projet de loi sur la réforme ferroviaire. Et c'est peut-être grâce (ou à cause) de cela que la mobilisation d'hier a repris une certaine vigueur, avec 27,58% de grévistes (contre 14,46% le 9 mai). Dans le détail, un fort rebond a été constaté chez les cadres, en grève à 10,14% (contre 3,1 le 9 mai), et la mobilisation s'est envolée chez les conducteurs (74,4%), les contrôleurs (74,3%) et les aiguilleurs (36,7%).

Il s'agit de la troisième plus forte mobilisation depuis le début du mouvement, après les taux inégalés du premier épisode de grève les 3 et 4 avril (33,9% et 29,7%). "La démonstration est réussie" s'est félicité Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots sur BFMTV.

--

SNCF mobilisation du 14 mai

[Cliquez sur la photo pour l'agrandir]

--

Une cinquantaine de plaintes pour incidents et actes de malveillance

Sur l'antenne d'RTL, le directeur général adjoint de la SNCF Mathias Vicherat a fait état d'un "durcissement de certains grévistes". Car à la grève se sont ajoutés des incidents et des actes de malveillance selon la direction, qui va déposer une cinquantaine de plaintes. Elle pointe notamment des "passages à niveau en dérangement", "des clefs du local perdu" et "le sectionnement d'une caténaire en Normandie".

À la gare Saint-Charles de Marseille, la circulation des trains a aussi été paralysée par un blocage des voies. "C'est un détournement du droit de grève, ce type d'exaction" a-t-il estimé.

L'incessibilité de la SNCF inscrite dans la loi ?

Pas de privatisation, c'est promis, assure le Premier ministre Édouard Philippe, dans un entretien accordé ce mardi chez nos confrères du Monde. Interrogé sur l'éventualité d'une privatisation de la SNCF, le ministre est catégorique : "Ma réponse est non". Quant à la question de la reprise de la dette par l'État, il a indiqué qu'elle ne sera "ni minimale, ni totale, mais substantielle". Tous les éléments devraient être connus avant le début de la discussion au Sénat, le 23 mai.

Droit dans ses bottes, il assume ses désaccords avec les syndicats de la SNCF.

"Cette grève à un impact très dur et elle a été conçue pour ça. On peut d'ailleurs s'interroger pour savoir si dans le secteur public le bon usage de la grève est d'avoir l'impact le plus pénalisant sur les usagers. C'est un conception très particulière de ce que doit être un mouvement social (...) Le rôle des syndicats est éminent et il n'a jamais été contesté. Mais dans la définition de ce qu'est l'intérêt général, le Parlement sera à mes yeux toujours plus légitime qu'une organisation syndicale".

Plus tôt, en réaction à la révélation du document interne par Le Parisien, la ministre des Transports Élisabeth Borne a tenté de calmer la polémique en assurant dans un tweet que "les trois entreprises SNCF, SNCF Mobilités et SNCF Réseau sont et resteront 100% publiques et incessibles : ce n'est pas seulement une promesse, c'est ce que nous avons inscrit dans la loi votée à l'Assemblée nationale ! Nous le confirmerons lors du débat du Sénat".

Mieux. Sur l'antenne de France info ce mardi, la ministre n'a pas écarté une inscription en dure du terme "incessible" dans la loi, une revendication de la CFDT. "Si c'est la façon de se faire comprendre, pas de problème, on peut le mettre dans la loi", a-t-elle déclaré.

La légitimité du vot'action fait débat

Les 147.000 salariés de la SNCF sont toujours invités à voter "pour ou contre le pacte ferroviaire porté par le gouvernement" qui reste inflexible sur trois points : l'ouverture à la concurrence, la fin de l'embauche au statut et la transformation de la SNCF en société anonyme à capitaux publics. Le vote se fait dans des urnes, avec bulletins et listes d'émargement devant permettre d'éviter les fraudes (bourrages d'urnes, notamment). Pour autant, pas d'isoloirs et les bureaux de vote sont improvisés. Alors que Guillaume Pépy, le patron de la SNCF, confère à cette consultation "aucune légitimité", Mathias Vicherat juge l'initiative "respectable", même si elle "s'apparente plutôt à une pétition".

Selon les premiers chiffres de la CGT Cheminots, rapporté par l'AFP, la vot'action de la semaine dernière à Nice a donné un résultat net : 95% contre, pour un taux de participation de 63%.

(Avec AFP)

Commentaires 17
à écrit le 16/05/2018 à 18:06
Signaler
"Le gouvernement britannique renationalise une ligne de chemin de fer" https://www.latribune.fr/depeches/reuters/KCN1IH1X9/le-gouvernement-britannique-renationalise-une-ligne-de-chemin-de-fer.html "C'est la troisième fois depuis 2007 que les ...

à écrit le 16/05/2018 à 9:14
Signaler
Macron saigne la France pour faire plaisir certes à ses patrons mais aussi pour séduire les allemands pour qu'ils relâchent les investissements mais au final on voit bien que les allemands semblent avoir totalement oublié l'europe, ignorant totalemen...

à écrit le 16/05/2018 à 8:50
Signaler
Actuellement et depuis 40 ans la SNCF ne fonctionne pas en tant que société d'état , elle est toujours en grève, sinon les trains sont annulés quotidiennement surtout les TER en région et de plus si on a pas de réduction, prendre le train coûte...

à écrit le 16/05/2018 à 6:51
Signaler
Encore une subtilité de langage développée par une faction libérale aux ordres de Bruxelles qui ne peut tromper son monde. Bruxelles veut que des sociétés privées puissent faire circuler des trains sur les réseaux ferrés de tous les Etats de l'Union...

à écrit le 15/05/2018 à 21:36
Signaler
Aurélie,il faut arrêter de fantasmer, le transport par rail que ce soit de passagers ou de marchandises n 'est pas rentable,sauf pour les marchandises en Amérique du Nord(très longues distances) et encore il faudrait savoir qui entretient les voies.

à écrit le 15/05/2018 à 20:39
Signaler
En fait ça existe déjà puisque Keolis est une filiale de la sncf qui gère un réseau ferroviaire en Angleterre et d'autres réseaux a l'étranger,notamment des métros et en France dans les bus urbains et sans doute les trams.Transdev filiale de droit pr...

à écrit le 15/05/2018 à 18:49
Signaler
Tout ça pour ça! Un gouvernement se permet de mettre le pays 'a feu et à sang car tel est son bon plaisir! Cette République est étrange. Le fait d'être élu autorise le Président à entreprendre des 'reformes' sans gagner les victimes d'icelles à ses i...

à écrit le 15/05/2018 à 17:50
Signaler
entourloupe pour privatisation par secteur ! bref des paroles

à écrit le 15/05/2018 à 17:07
Signaler
Il suffit de changer un bonhomme et tout est remis en cause! Leurre médiatique!

à écrit le 15/05/2018 à 16:41
Signaler
Citation Interrogé sur l'éventualité d'une privatisation de la SNCF, le ministre est catégorique : "Ma réponse est non" Monsieur Edouard Philippe dit bien "Ma réponse est non" mais comme il ne sera plus PM en 2021, son opinion ne présente pas beau...

à écrit le 15/05/2018 à 16:01
Signaler
pas besoin de privatisation en 2021 avec les compagnies ferroviaires privés feront que la sncf ira droit à la faillite par manque de compétitivité, productivité et service calamiteux pour le plus grand bonheur des contribuables usagers futur client f...

à écrit le 15/05/2018 à 15:32
Signaler
On connaît l'astuce. Noon !! Sncf Mobiiltés ne sera pas privatisé ! En revanche, SNCF Mobilités va créer une filiale, par exemple sous le nom de Keolis, en concurrence directe avec la maison mère SNCF Mobilités et qui pourra, elle, être privatisée....

à écrit le 15/05/2018 à 14:51
Signaler
en 2027 une nouvelle Loi sera incontournable et vitale pour assurer le financement de la S.N.C.F face aux concurrents, laquelle privatisera partiellement. Actuellement c'est casus belli : car !!!! mener à bon port la réforme présente. Mais tout le mo...

à écrit le 15/05/2018 à 13:20
Signaler
Suite. Je précise que l'application de cette note n°6 permettrait de retrouver un équilibre économique avec l'Allemagne et en plus permettrait de protéger le climat, de réduire le chomage et de retrouver un peu de croissance. Mais qui est capable de ...

à écrit le 15/05/2018 à 13:14
Signaler
En matière de raisonnement économique nous avons tout faux. Il faut tenir compte du role de l'énergie. Il faut appliquer la note n°6 du conseil d'analyse économique. Qui est capable de le comprendre avant la faillite de notre économie? C'est urgent. ...

le 15/05/2018 à 14:42
Signaler
Qui est aussi intelligent que moi ? Vous comprenez Le Planter de Baton, et vous ne comprenez meme pas les charges sociales sur le travail et l'énergie ?

le 15/05/2018 à 14:52
Signaler
CAE6, Qui est aussi intelligent que moi ? Vous comprenez Le Planter de Baton, et vous ne comprenez meme pas les charges sociales sur le travail et l'énergie ?

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.