Hausse du taux de marge : stop ou encore ?

La politique de l'offre menée par le gouvernement depuis 2014 a permis au taux de marge de se redresser après avoir touché un plancher inédit en 2013. Cette remontée du taux de marge peut-elle se poursuivre en 2017 ?
Fabien Piliu
Michel Sapin, le ministre de l'Economie et des Finances a décidé d'abaisser le taux de l'impôt sur les sociétés dès 2017 pour une partie des entreprises. Cette mesure, qui sera étendue à toutes entreprises d'ici 2020, peut-elle faire remonter le taux de marge. Rien n'est certain.

"C'est l'offre qui crée la demande", avait déclaré François Hollande lors d'une conférence de presse organisée en janvier 2014, à l'occasion de la présentation du Pacte de responsabilité qui prévoyait une série d'allègements pour les entreprises.

Après le choc fiscal appliqué aux entreprises entre 2011 et 2013, la politique de l'offre était officiellement lancée. Ces allègements sont venus s'ajouter au crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) entré quelques jours plus tôt, mais qui pouvait déjà être préfinancé. Initialement fixé à 4% pour les salaires compris jusqu'à 2,5 SMIC, son taux est ensuite passé à 6%. Il sera de 7% en 2017. Une mesure dont le coût pour les finances publiques s'élève à environ 10 milliards d'euros par an, ce qui en fait la principale dépense fiscale de l'Etat loin devant le crédit impôt recherche (CIR).

Une série de mesures

Ces allègements ont été complétés en avril 2015 par une mesure de suramortissement de l'investissement, prolongée depuis. Au total, ce sont près de 40 milliards d'euros d'allègements fiscaux qui ont été accordés aux entreprises depuis 2014.

Coup de chance pour l'exécutif, certains éléments conjoncturels ont permis une accélération du redressement du taux de marge : la chute des cours des matières premières, et notamment du brut, ainsi que le repli de l'euro face au dollar. Ces deux phénomènes ont commencé à l'été 2014.

Grâce à toutes ces mesures et à cet environnement conjoncturel favorable, le taux de marge est remonté. Après avoir touché un plancher historique à 29,7% de la valeur ajoutée en 2014, consécutivement au choc fiscal qui a frappé les entreprises entre 2011 et 2013, celui-ci devrait atteindre 31,6% à la fin de l'année. A titre de comparaison, il s'élevait à 41% en 2007.

L'investissement des entreprises repart

Cette remontée du taux de marge a coïncidé avec une reprise assez nette de l'investissement, après une longue période de sous-investissement chronique. Selon Euler Hermes, le déficit d'investissement a atteint 83 milliards d'euros sur la période 2008-2015. Hors construction, l'investissement a progressé de 2,6% en 2014 et de 3,7% en 2015. Il devrait augmenter de 4,9% en 2016. La politique de l'offre a donc atteint son objectif ? Une lecture attentive des statistiques de la Banque de France indique que c'est surtout la politique monétaire ultra accommodante de la Banque centrale européenne (BCE) qui explique la reprise de l'investissement des entreprises, celles-ci ayant préféré recourir à l'emprunt bancaire plutôt qu'à l'autofinancement pour se moderniser.

La remontée du taux de marge se poursuivra-t-elle en 2017 ? La politique de l'offre n'est pas terminée. A toutes les mesures déjà prises s'ajoutera une baisse du taux de l'impôt sur les sociétés. Il sera ramené à 28% des bénéfices pour les TPE et PME dès 2017, jusqu'à 75.000 euros de bénéfices. Cette baisse sera ensuite étendue à toutes les entreprises d'ici à 2020. Il s'élevait jusqu'ici à 33,3%. Mais si la majorité change, cette décision intégrée à la loi de finances 2017, votée mardi par l'Assemble nationale, pourrait bien être supprimée.

Le brut remonte, pas l'euro

Par ailleurs, les cours du brut sont repartis à la hausse cette année. Le Brent coté à Londres a gagné près de 20 dollars depuis janvier pour atteindre 54 dollars. En revanche, l'euro est proche de la parité face au dollar, ce qui est un avantage pour les entreprises qui exportent hors de la zone euro. Le problème, c'est qu'elles sont assez peu nombreuses. Près des deux tiers des exportations françaises se concentrant dans les pays de la zone euro.

D'autres éléments doivent être pris en compte. Dans sa dernière note de conjoncture, l'Insee avance que "les salaires réels et les gains de productivité croîtraient quasiment au même rythme au premier semestre 2017". "Les 'termes de l'échange' se dégraderaient légèrement, les prix à la consommation étant rehaussés par l'augmentation des taxes sur le carburant au 1er janvier. La hausse en janvier du taux des cotisations employeurs pour la retraite aurait par ailleurs une incidence limitée sur le taux de marge. Enfin, les entreprises bénéficieraient encore de la montée en charge de la prime à l'embauche", détaille l'Institut qui conclut ainsi : "in fine, le taux de marge se stabiliserait au cours du prochain semestre, se maintenant à 31,6% mi-2017".

Fabien Piliu
Commentaires 6
à écrit le 25/12/2016 à 5:50
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Michel Sapin épinglé pour 100 000 euros. d’indemnités indûment perçues quand il était le maire d’Argenton-sur-Creuse (Indre)

à écrit le 23/12/2016 à 5:21
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Tous ca c'est du baratin Il faut mieux investir ailleurs comme le font les constructeurs automobiles et tous les industriels Les cice et compagnie sont compliquées et non pérennes pas comme les comptes penible et toute nos normes Tous ces milliards ...

à écrit le 22/12/2016 à 22:24
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l'investissement repart a cause du double amortissement, pas pour autre chose.... ( le fait que les marges s'ameliorent ' a la francaise', c'est a dfire qu'elles sont moins catastrophiques que prevues, un peu comme le deficit.... ne fait que legereme...

le 23/12/2016 à 11:55
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31% ! bien faibles les entreprises : 12 POINTS en deçà de l'Allemagne. La france ne se réindustrialisera plus. Le retard ne se refait plus dans ce monde. D'innombrables secteurs sont puissants chez le Géant Allemand, qui ont DISPARU à jamais chez le ...

à écrit le 22/12/2016 à 21:41
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Il manque au moins 8 à 10 points de taux de marges pour que les entreprises puissent investir suffisamment pour assurer une reprise de l'emploi puissante.

à écrit le 22/12/2016 à 19:31
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Marges ou pas, il n'y a pas de croissance, un chômage de masse et une classe moyenne asphyxiés d'impôts en voie de paupérisation, quel bilan..

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