Les Français satisfaits du système de protection sociale... qu'ils connaissent mal

L'enquête annuelle Dress (ministère des Affaires sociales)/BVA montre que si les Français sont satisfaits du système de protection sociale, ils souhaitent qu'il coûte moins cher. Le fonctionnement du système n'est cependant pas très bien connu.
Jean-Christophe Chanut
68% des Français jugent que la "Sécu" coûte trop cher même s'ils sont globalement satisfaits des prestations.

Globalement, les Français s'estiment satisfaits du système de protection sociale du pays. Ils sont même huit sur dix à considérer qu'il pourrait servir de modèle à d'autres Etats. C'est ce qui ressort de l'enquête annuelle réalisée depuis 2000 pour la Dress (service statistiques du ministère des Affaires sociales) par l'institut BVA qui a interrogé un échantillon représentatif de plus de 3.000 personnes.
L'enquête s'est d'abord attelée à connaître les principales préoccupations des Français C'est le risque de se retrouver démuni qui prédomine : 90% des Français se déclarent personnellement préoccupés par la pauvreté. Ils sont aussi très nombreux à exprimer leur crainte sur le niveau des salaires et du pouvoir d'achat (89%), le chômage (88%) et sur l'avenir des retraites (87%).
En revanche la crainte de la maladie recule. Ainsi la peur du Sida était mentionnée par 80% des Français en 2004, alors que 10 ans plus tard c'est le cas pour « seulement » 58%. La peur du cancer recule aussi  mais demeure à un niveau élevé (83% au lieu de 90%).
Mais, globalement, les Français « se sentent bien ». Ils sont 77% à juger leur situation » "plutôt bonne ou très bonne ". Une proportion qui monte à 89% chez les cadres supérieurs et les professions libérales et qui descend à 64% chez les ouvriers.

68% des Français jugent le système trop cher

Et ils sont encore 75% à estimer que le système français de sécurité sociale « fournit un niveau de protection suffisant ». En revanche, 68% considèrent « qu'il coûte trop cher ».
Aussi, pour limiter le déficit de la « Sécu », la solution préférée des Français serait la limitation des tarifs des professionnels de santé (84%). Vient ensuite la taxation des médicaments (81%), puis une limitation de la prescription de médicaments et d'examens par les médecins (68%). En revanche, seuls 22% des Français plaident pour une augmentation des cotisations ou pour une moindre prise en charge des logues maladies (15%).
Les Français semblent aussi moins favorables au sacro-saint principe de l'universalité des prestations sociales. Ainsi, seulement 18% estiment que les allocations familiales doivent être versées à toutes les familles quels que soient leurs revenus. Alors que 42% jugent « qu'il faut réserver ces allocations aux familles dont le revenus total est inférieur à 6.000 euros ». En 2004, 66% des Français estimaient alors que les allocations familiales devaient bénéficier à tous. Rappelons que le gouvernement a décidé, à compter du 1er juillet 2015, de diviser par deux les allocations familiales servies aux ménages gagnant plus de 6.000 euros.


Limiter l'accès aux droits aux seul cotisants

De même, les Français sont maintenant un sur deux (contre seulement 26% en 2004) à penser que les allocations chômage ne devraient bénéficier qu'aux cotisants... Ce qui est pourtant le cas. Il est impossible de percevoir les allocations servies par l'assurance chômage sans avoir cotisé. En revanche, il est exact qu'à l'issue de l'épuisement des droits, un demandeur d'emploi peut continuer de percevoir une allocation spécifique de solidarité (ASS), financée par l'Etat. De même, 45% des Français estiment également que les retraites devraient être servies qu'aux seuls cotisants. Cela signifie-t-il qu'ils remettent en cause le principe de la réversion qui permet au conjoint survivant de percevoir une partie de la retraite de son conjoint décédé ?


Un système pas toujours bien connu

Ceci dit, l'enquête montre que les Français ne connaissent pas très bien le système de protection sociale et notamment les différentes prestations. Certes, ils sont 97% « à avoir entendu parler » du RSA, des allocations familiales (99%), de la CMU (90%) et du minimum vieillesse (74%). Mais sept Français sur dix reconnaissent ne « pas connaître dans le détail » ces prestations. Ainsi, 50% des sondés ne savent pas à qui est accordé le RSA ou la couverture médicale universelle et moins d'un Français sur trois sait qui perçoit le minimum vieillesse. Ce qui explique parfois nombre d'idées reçues sur la notion d'assistanat.
A noter que seuls 30% des Français savent qu'il existe une aide à l'acquisition d'une complémentaire santé sous conditions de ressources. Résultat, selon la Drees, plus des trois cinquième des personnes éligibles à cette allocation n'y ont pas recours...


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Jean-Christophe Chanut
Commentaires 6
à écrit le 17/04/2015 à 16:00
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Il y a une chose simple pour rendre plus efficace notre systeme d'assurances sociales, et moins cher. Simplement respecter le droit européen, et faire voter le projet de loi de l'UMP(rpr) de 1994 sur le libre choix des assurances sociales auprès d...

à écrit le 17/04/2015 à 10:54
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J'entends parler de plus en plus d'un probable abattement dégressif pour la partie retraite complémentaire pour les futurs retraités qui feraient le choix de partir avant 67 ans... Je pensais naïvement que tout les actifs seraient concernés. Avant de...

à écrit le 17/04/2015 à 9:44
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A quand, dans "La Tribune", une énumération, et ce qu'elles paient, des grandes sociétés privées ou publiques, des organismes d’État et l’État lui même qui ne paient pas ou peu de cotisations sociales. Seuls les petits privés sans pouvoir paient "ple...

à écrit le 16/04/2015 à 14:58
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Les Francais sont '' CONTRADICTOIRES '' parce qu'ils ne connaissent (pour beaucoup.)... rien aux couts '' reels'' d'un systeme ( soi-disant de sante). La S.Sociale en general est faite depuis 50 ans au moins, pour les lobbys medicamenteux et des cor...

à écrit le 16/04/2015 à 13:54
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Comme presque tout en France, les sondages reflètent l'opinion de quelques "experts" en sexe des anges et en quadrature du cercle. Surtout si on les retrouve attablés entre copains un vendredi soir, ah alors là le blablabla sera à la hauteur de la my...

à écrit le 16/04/2015 à 13:16
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"Ils souhaitent qu'il coûte moins cher"!! Vous faites dire au français ce qu'ils ne pensent même pas, mais a Bruxelles par contre, ils sont d'accord pour que le social soit le fait d'association; tel que les Restau du Cœur!

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