Le succès est incontestable. La télédéclaration des revenus, dont le principe a été introduit au début des années 2000 par Michel Sapin, alors ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l'État, est aujourd'hui considérée comme "une bonne chose" par 84% de la population française. Encore plus frappant, cette méthode reçoit même les faveurs de la majorité (52%) des Français qui ne s'y sont pas encore adonnés, révèle mercredi 22 avril une enquête réalisée par Syntec Numérique et l'institut de sondage Odoxa.
Modernité contre sécurité
Si la déclaration des revenus en ligne séduit autant, c'est que divers mérites lui sont associés. 93 % des Français jugent le procédé moderne, alors que 87 % y trouvent un intérêt écologique. 86 % considèrent d'ailleurs la méthode rapide et 85% plus économique.
Quant aux réfractaires, la première raison qu'ils invoquent pour justifier leur choix est la peur de délivrer des informations confidentielles en ligne (38 %). Relativement nombreux sont également ceux qui privilégient encore le papier par "habitude" (27 %) ou parce qu'ils pensent que la déclaration en ligne "ne changerait rien" pour eux (15 % ). Ceux qui justifient ce choix du papier car ils ne sont "pas à l'aise avec les outils numériques" (6 %) ou estiment cela "plus compliqué qu'en papier" (11 %) sont en revanche très minoritaires.
Les personnes opposées à la méthode sont plus nombreuses dans les catégories populaires et aux revenus les plus faibles (55 %), relève également l'enquête.
14 millions de télédéclarants
La conversion au numérique gagne par ailleurs de plus en plus de terrain : en 2014, le nombre de télédéclarants a encore progressé de 10 % par rapport à l'année précédente, avoisinant les 14 millions. Et l'avenir semble chargé de promesses, puisque 61 % des Français comptent télédéclarer leurs revenus en 2015 selon le sondage.
51 % (contre 48 %) vont même jusqu'à se dire favorables à ce que la télédéclaration devienne obligatoire -mesure récemment envisagée par Bercy. Muriel Barnéoud, présidente du collège Editeurs de Syntec Numérique, observe:
"La radicalité de cette décision n'effraye donc plus les usagers, qui semblent acquis aux bienfaits de l'e-administration et mûrs pour d'autres expérimentations."
Ce qui n'écarte pas tous les obstacles. Dans sa démarche de dématérialisation des procédures et de simplification des démarches administratives, la France doit toutefois "encore aller plus loin pour exercer un effet de levier décisif sur la réorganisation de son administration, sur ses coûts de gestion et sur la personnalisation de l'offre de services publics, afin de répondre pleinement aux attentes des usagers", estime notamment Muriel Barnéoud.