Chaînes de production à l'arrêt, pénurie de composants, fermetures de sites, ouvriers en grève... Depuis plus d'un an, la pandémie fait trembler toute l'industrie tricolore. La mise sous cloche de l'économie et le plongeon de la croissance ont provoqué une chute vertigineuse de la production industrielle déjà affaiblie par des décennies de désindustrialisation et de délocalisations. Face à cette situation dramatique, le gouvernement a décidé d'accélérer la robotisation de l'appareil productif français.
Dans son plan de relance de 100 milliards d'euros annoncé en septembre, l'exécutif a annoncé une enveloppe d'environ 1 milliard d'euros pour booster la transformation de l'industrie. Jeudi 12 mai, l'exécutif s'est félicité dans un communiqué "du très grand succès du guichet 2021 d'aide en faveur des investissements de transformation vers l'industrie du futur qui consiste en le versement d'une subvention pour numériser ou robotiser des processus et lignes de production". Il ajoute que plus de 8.500 entreprises ont bénéficié des fonds mobilisés depuis le début de la crise. Bercy a annoncé la fermeture du guichet ce mercredi 12 mai qui permettait aux entreprises de solliciter ces aides. Derrière ces chiffres et cet exercice de communication, la stratégie du gouvernement suffira-t-elle ? Rien n'est moins sûr au regard du retard à combler et des conséquences macroéconomiques de la crise.
La France à la 16ème place au niveau mondial
La pandémie a jeté une lumière crue sur l'extrême dépendance de l'Europe et la France aux pays du monde en matière industrielle. Après des décennies de désindustrialisation, le gouvernement veut montrer qu'il a enclenché un processus de modernisation de l'appareil productif tricolore avec le vote de la loi Pacte en 2019 et son plan de relance. Malgré toutes ces annonces, l'économie française accuse un sérieux retard en matière de robotisation. Les derniers chiffres de la Fédération internationale de robotique montrent que la France apparaît en seizième position dans la course aux robots. Avec une densité de 177 robots pour 10.000 salariés, l'Hexagone se situe au dessus de la moyenne mondiale (113/10.000) mais bien en-deçà de la moyenne en Europe occidentale (225/10.000). A l'échelle du globe, Singapour (918/10.000) et la Corée du Sud (868/10.000) arrivent largement en tête. En Europe, l'Allemagne fait la course en tête avec 346 robots pour 10.000 salariés. Elle est suivie des pays scandinaves (Suède et Danemark) en pointe sur l'automatisation. Au final, la France apparaît loin derrière ces voisins même plus proches comme l'Italie et l'Espagne.
Une industrie sous tension
L'industrie tricolore a payé un lourd tribut lors du premier confinement au mois de mars 2020. Beaucoup de lignes de production ont été mises à l'arrêt et l'activité a chuté lourdement au printemps avant de se redresser progressivement. Si la plupart des indicateurs depuis un an montrent que l'activité industrielle s'est redressée , elle est encore loin de retrouver son niveau d'avant-crise. Plusieurs secteurs souffrent notamment d'une pénurie de composants comme les semi-conducteurs et des pics d'inflation alimentés notamment par les difficultés d'approvisionnement et le redémarrage de l'économie outre-Atlantique.
En outre, plusieurs secteurs clés de l'économie française comme l'aéronautique ou l'automobile ont subi de plein fouet les effets de la pandémie. Dans ce contexte dégradé, les sommes annoncées pour moderniser l'industrie française sont loin de compenser des pertes qui ne seront sans doute jamais rattrapées. Avec la réouverture progressive de l'économie et la fin annoncée du "quoi qu'il en coûte", beaucoup de secteurs sous perfusion pourraient s'enfoncer rapidement dans une crise à rallonge. Sur ce point, la levée des aides pourrait fragiliser des TPE et PME déjà affectées par une longue période de vagues épidémiques et confinements à répétition.
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