L'économie française reste à la traîne de la zone euro

Une série de statistiques témoigne de la mollesse de la reprise en cours. La Banque de France, qui a légèrement relevé ses prévisions de croissance, rappelle que la France redémarre moins vite que ses voisins européens.
Fabien Piliu
En dépit d'un retour de la confiance des ménages et des chefs d'entreprises, Emmanuel Macron, le président de la République voit l'économie française empêtrée dans la croissance molle.

Tout au long du quinquennat de François Hollande, ou presque, les experts ont expliqué qu'une reprise franche de l'économie française était impossible tant que la confiance des agents économiques, c'est-à-dire les ménages et des chefs d'entreprises, serait absente.

Or, la confiance est de retour, et ce, depuis le début de l'année. C'est-à-dire bien avant l'élection présidentielle. Comme avant chaque élection majeure, les Français espèrent des lendemains qui chantent. La victoire d'Emmanuel Macron est venue confirmer cette remontée des indicateurs de confiance, même si rien n'indique que celle-ci est une tendance lourde. Il faudra attendre l'accueil réservé aux premières réformes, et en particulier celle qui porte sur le marché du travail, pour se prononcer sur ce point.

Les espoirs d'une reprise franche, qui permettrait de résoudre le chômage de masse (quelque 6 millions de personnes sont inscrites à Pôle emploi) sont donc fondés.

Un peu de patience

Mais il faudra patienter un peu. Le gouvernement vient à peine d'être formé. Il ne sait pas encore sur quelle majorité s'appuyer. S'il en a une...

En attendant que la politique économique promise par le candidat Macron se mette en place, les statistiques économiques font du yo-yo. La reprise est palpable mais reste très molle. Et surtout très fragile.

Selon l'Insee, la production industrielle a reculé de 0,5% en avril après avoir signé un rebond de 2,2% en mars. Sur la même période, la production manufacturière s'est repliée de 1,2%, soit 1,6 point de moins qu'en mars.... Sur un an, la production industrielle des trois derniers mois ressort en hausse de 0,8%, et celle de l'industrie manufacturière progresse de 1,6%.

Le commerce extérieur ? Il reste dans le rouge. En avril, le déficit s'est creusé de 760 millions d'euros pour atteindre 5,5 milliards d'euros selon les Douanes. Il s'était élevé à 5,4 milliards le mois précédent.

Le déficit budgétaire ? En avril, toujours, il s'est légèrement creusé par rapport à son niveau un an plus tôt pour atteindre 57,9 milliards d'euros, contre 56,5 milliards fin avril 2016. Heureusement, la consommation des ménages, le principal moteur de l'économie, est repartie à la hausse en avril.

Le commerce international tire la croissance française

Au regard de ces statistiques, la prudence devrait être de mise. Pourtant, la Banque de France, qui révise chaque mois ou presque ses prévisions de croissance, estime que l'activité pourrait être plus forte que prévue. Vendredi, dans ses prévisions macroéconomiques semestrielles, elle a relevé ses prévisions de croissance pour la France de 2017 à 2019, en raison principalement de " l'embellie de l'environnement international ", qui devrait stimuler la demande extérieure et favoriser un rebond des exportations. Précisément, la banque centrale française indique anticiper une hausse du PIB de 1,4% en 2017, avant une légère accélération à 1,6% en 2018 et en 2019.

Jusqu'ici, elle prévoyait une hausse de 1,3% cette année, de 1,4% pour 2018 et de 1,5% pour 2019. Au vu des derniers indicateurs disponibles, le chiffre pour 2017 pourrait même être "un peu plus" élevé que 1,4%, souligne l'institution monétaire.

"La croissance française est en amélioration. Nous n'avions pas connu de croissance aussi forte sur les cinq dernières années", a déclaré François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France sur Radio Classique.

Il a toutefois mis en garde contre toute euphorie, rappelant que l'économie hexagonale restait à la traîne de la zone euro qui, selon la Banque centrale européenne (BCE) devrait afficher une croissance moyenne de 1,9% cette année.

Entre la France et le reste de la zone, "il y a un demi-point de croissance d'écart, ce qui situe le potentiel de rattrapage", a relevé le gouverneur, en insistant une fois de plus sur la nécessité de mettre en oeuvre des réformes pour réduire plus fortement le chômage.

Une faible contribution à la croissance de la zone euro

Eric Dor, le directeur des Etudes Economiques à l'IESEG School of Management de l'
Université Catholique de Lille explique les raisons de retard. "Juste après la Grèce, c'est en France que la croissance annuelle du PIB au 1er trimestre 2017, par rapport au même trimestre de l'année précédente, a été la moins élevée. Plutôt qu'un accident propre à ce trimestre particulier, c'est un phénomène structurel. On retrouve en effet ce résultat en comparant les taux de croissance en année glissante, donc la croissance annuelle du PIB cumulé sur les périodes du 2ème trimestre 2016 au premier trimestre 2017, par rapport au PIB cumulé sur les périodes précédentes du 2ème trimestre 2015 au 1er trimestre 2016. L'Espagne, le Portugal, les Pays Bas, la Finlande, la Slovénie et les pays baltes ont une contribution à la croissance de la zone euro qui est très supérieure à leur poids économique relatif. Par contre, la France et l'Italie ont une contribution à la croissance de la zone euro qui est très inférieure à leur poids économique relatif ", explique l'économiste.

Et de poursuivre  : " Le PIB de la France représente 21,1% de celui de la zone euro. Toutefois, la France n'a apporté que 11,4% de l'augmentation du PIB de la zone euro entre le premier trimestre 2016 et le premier trimestre 2017 ".

Pendant ce temps-là, en Allemagne

L'Allemagne, notre principal partenaire et concurrent est dans une situation plus enviable. Ce vendredi, la Bundesbank a relevé ses prévisions de croissance pour l'Allemagne jusqu'à 2019, tablant notamment sur une hausse de 1,9% du PIB cette année, contre 1,8% jusqu'alors.

"La reprise solide de l'économie allemande se poursuit", estime l'institution dans son rapport de juin. Pour 2018 et 2019, la Bundesbank s'attend à voir la première économie européenne croître de 1,7% et 1,6% respectivement, contre 1,6% et 1,5% de croissance escomptés jusqu'à présent.

| Lire aussi: Allemagne : la production industrielle rebondit de 0,8% en avril

Fabien Piliu
Commentaires 28
à écrit le 09/06/2017 à 19:43
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Une croissance ne se regarde pas sur un trimestre,mais quatre...et là on voit beaucoup mieux la tendance et c' est loin d' être négligeable tout en sachant d' ou on vient.....Les esprits chagrins verront le verre à moitié vide . Avec sa démographie l...

le 09/06/2017 à 21:35
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Avec sa démographie la France risque de prendre de plein fouet la nouvelle revolution numerique qui arrive ...........

le 09/06/2017 à 21:36
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Avec sa démographie la France risque de prendre de plein fouet la nouvelle revolution numerique qui arrive ...........

à écrit le 09/06/2017 à 16:50
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Le hic de la confiance des menages !!!!!!Deux indices et eux seuls peuvent savoir si il y a corrélations entres les sondages de confiances et la réalité .Les emprunts réalisés par les consommateurs c'est à dire l'augmentation du taux d'endetement ,et...

à écrit le 09/06/2017 à 16:15
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L'économie française reste à la traîne de la zone euro ... Eh bien maintenant avec les macroniste aux pleins pouvoirs qui vont créer plus de travailleurs pauvres et ajouter de la misère à la misère ... l'économie française va connaître le pire ...

à écrit le 09/06/2017 à 14:52
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Il manque un element important dans votre article : le poids de la dépense publique et des prélèvements obligatoires Sans baisse substantielle de ces deux boulets il n'y aura pas de croissance forte et parallèlement de baisse significative du chôma...

le 09/06/2017 à 16:04
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Vous avez tout à fait raison... Le projet de Fillon était le seul qui permettait de réduire cette part de l'Etat qui plombe l'ensemble de nos entreprises en particuliers les PME. Mais bon les français ont fait un autre choix, celui de la continuité a...

le 09/06/2017 à 16:40
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@reformulation "Mais bon les français ont fait un autre choix, celui de la continuité avec Macron qui ne révolutionne que la façade sans s'attaquer au fond". Ah bon, la continuité et la façade ? avec un premier sinistre de droite, à l'économie ...

le 09/06/2017 à 20:58
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@la chose.... vous avez mal lu ma réponse, ou feignez de ne pas comprendre...ce programme de Macron c'est de l'esbourifette... La vraie réforme qu'il faut faire c'est celle que proposait Fillon (dont je ne suis pas un supporter mais dont j'ai approuv...

à écrit le 09/06/2017 à 14:36
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alors que les embauches sont au plus haut depuis 2000, comme l'écrivait La Tribune en avril. et que les défaillance d'entreprises ont pas mal baissé. la "croissance" est plombée par le commerce extérieur comme l'écrivaient Les Echos il y a peu. pas ...

à écrit le 09/06/2017 à 13:35
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L'Allemagne est toujours données en exemple à suivre, alors qu'elle a sacrifié sa propre population pour atteindre ses objectifs. Elle profite aujourd'hui d'une "déportation humanitaire" pour rétablir l'équilibre de sa population. Même recette du pas...

le 09/06/2017 à 14:05
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Faut arreter de lire la propagande d extreme gauche. Le niveau de vie en RFA est nettement superieur a celui de la France. Certes tout n y est pas parfait mais je suis pas sur qu on aurait de meilleur resulsat si on aurait du absorber l algerie (anci...

le 09/06/2017 à 16:54
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Le taux de chômage est à peu près le même depuis 30 ans. Mais pour des motifs de propagande favorables aux réformes régressives, c'est devenu soudainement la pire catastrophe de notre pays. Alors qu'absolument rien n'est fait pour réformer l'état, un...

le 09/06/2017 à 16:58
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Reponse à CD Le niveau de vie en Allemagne n'est pas superieur à celui de la France toutes choses étant égales par ailleurs.Le salaire brut moyen français est trés proche de celui des allemands .Nous avons un SMIC à 1150 € net les allemand en ont u...

à écrit le 09/06/2017 à 13:29
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Macron est tout beau tout gentil, il remplace les vieux énarques par des jeunes énarques, mais il n'a nullement prévu de s'attaquer à la cause du retard de la France: le million de fonctionnaires en trop (par rapport aux autres pays). Le coût de ces...

le 09/06/2017 à 16:14
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Votre commentaire est un tissu de contre-vérités.

à écrit le 09/06/2017 à 13:19
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La raison de notre retard est liée au prix de l'énergie trop bas comparé au cout du travail. Il faudrait répartir les charges sociales sur les entreprises et sur la consommation d'énergie comme le propose la note n°6 du conseil d'analyse économique, ...

à écrit le 09/06/2017 à 13:09
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Tout pendant que le privé sera au service du public ça ne changera pas. Il faut essayer de reconstruire un secteur privé, laminé pour le moment.

à écrit le 09/06/2017 à 12:54
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Ce n'est pas qu'un problème de compétitivités des entreprises, la fiscalité est responsable de l'anémie de notre économie. Impôt sur le revenu trop concentré et confiscatoire , impôts locaux qui augmentent sans cesse, fiscalité de l'épargne dissuasiv...

à écrit le 09/06/2017 à 12:15
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Pas facile de courir avec les autres quand on est chaussé avec des souliers lestés de plomb !

à écrit le 09/06/2017 à 10:57
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"les Français espèrent des lendemains qui chantent. La victoire d'Emmanuel Macron est venue confirmer cette remontée des indicateurs de confiance." Fabrique à opinion, les français n'ont pas voté pour macron par espoir d'un jour meilleur, ils ont...

le 09/06/2017 à 12:14
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"Il n'y a pas de sauveur et les français le constatent parfaitement" Et l' UPR vous connaissez ..? Changer de paradigme politique avec lui vous ferait le plus grand bien car je perçois une réelle attente ...

le 09/06/2017 à 12:14
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"Il n'y a pas de sauveur et les français le constatent parfaitement" Et l' UPR vous connaissez ..? Changer de paradigme politique avec lui vous ferait le plus grand bien car je perçois une réelle attente ...

le 09/06/2017 à 12:33
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A la lecture de cet article, on peut d'autant plus s'étonner que Macron suive Merkel pour ouvrir la zone euro à la Bulgarie ,alors que l'ouverture à la Grèce a entrainé une vrais catastrophe, car faite sans la moindre vision économique.

le 09/06/2017 à 13:12
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Logique, le bulgare n'est pas cher voyons, encore une bonne affaire !

le 09/06/2017 à 13:14
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"Changer de paradigme politique avec lui vous ferait le plus grand bien car je perçois une réelle attente .." Vous ne me connaissez pas, vous n'êtes certainement pas en mesure de mieux savoir ce qui est bien pour moi que moi. Évitez moi surto...

le 09/06/2017 à 13:21
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Le Pen : un régime fasciste mais où voyez-vous cela ??? je suis d'autant plus étonné qu'à la question : quelle Loi fasciste Le Pen veut-elle faire passer : réponse : personne n'a pu répondre !!!! 2e question : quelle Loi d'éxtrême droite Le Pen veu...

le 12/06/2017 à 14:14
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Tiens je vous ai répondu mais ma réponse n'est pas parue... Vous n'avez pas entendu parler marine le pen qui n'a pas pu s'empêcher de nier la responsabilité de l'état français dans le vel d'hiv ? Si vous l'avez entendu bien entendu... ET ...

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