L'économie française se maintient au troisième trimestre

La Banque de France a confirmé sa prévision de croissance de l'économie française au troisième trimestre à 0,3% dans son dernier bulletin. Cette prévision est identique à celle de l'Insee, qui table elle aussi sur une progression de 0,3% du produit intérieur brut (PIB) sur la période. Soit un rythme identique à celui constaté lors des deux premiers trimestres et semblable à celui attendu pour les trois derniers mois de l'année.
Grégoire Normand
L'enquête de la Banque de France pour le mois de septembre met  en évidence une érosion du climat des affaires dans l'industrie, dont l'indicateur s'établit à 96 en septembre contre 99 en août.
L'enquête de la Banque de France pour le mois de septembre met en évidence une érosion du climat des affaires dans l'industrie, dont l'indicateur s'établit à 96 en septembre contre 99 en août. (Crédits : Regis Duvignau)

L'économie française tente de résister. Selon le dernier bulletin de la Banque de France publié ce mercredi 9 octobre, le produit intérieur brut (PIB) tricolore progresserait de 0,3% au cours du troisième trimestre. L'institution bancaire n'a pas révisé ses prévisions par rapport à sa précédente estimation et ces chiffres sont relativement conformes à ceux de l'Insee qui table sur une croissance à 1,3% pour 2019. Lors d'un récent point presse, Julien Pouget, le directeur du département de conjoncture à l'institut de statistiques publiques, expliquait :

"En France, 0,3% c'est un rythme quasi-constant depuis 2018. La France apparaît moins exposée que l'Allemagne aux turbulences internationales. L'économie française bénéficie d'un soutien budgétaire. La prévision de croissance est inchangée par rapport à celle d'il y a trois mois, soit un rythme de 0,3% par trimestre d'ici la fin de l'année, et en moyenne annuelle 1,3% en 2019, après 1,7% en 2018.

Pour l'instant, la croissance hexagonale est relativement épargnée par les soubresauts de l'économie internationale. Les sanctions américaines décidées dans le cadre du conflit entre Airbus et Boeing pourraient néanmoins peser sur le moral de certains secteurs comme l'agroalimentaire, l'aéronautique ou les vins et spiritueux.

"Au niveau international, les nuages s'amoncellent. Les tensions protectionnistes se concrétisent avec les droits de douane, l'issue des négociations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis reste très incertaine, tout comme la date et les modalités du Brexit", a rappelé l'économiste.

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L'industrie à la peine

L'appareil productif continue de souffrir. Après une légère embellie en 2017 au niveau des créations d'usines et de l'emploi, la conjoncture s'est détériorée. Selon les derniers chiffres de la banque centrale, la production industrielle s'est contractée, notamment dans la fabrication de machines, d'équipements électriques ou dans la métallurgie. Les effectifs devraient rester stables et les carnets de commandes retrouvent quelques couleurs en septembre. Les entrepreneurs semblent optimistes pour octobre avec une production qui repart à la hausse.

Les perspectives semblent néanmoins loin d'être réjouissantes pour l'industrie hexagonale. Le moteur industriel allemand est toujours en panne malgré un léger redressement en août. Les craintes d'une récession technique outre-Rhin se renforcent et cette catastrophe pourrait affecter l'activité française. Au Royaume-Uni, le chaos politique est toujours d'actualité malgré l'approche de la date fatidique, le 31 octobre prochain. Cette situation suscite de l'attentisme chez de nombreux investisseurs des deux côtés de la Manche et favorise les doutes pour les entreprises européennes qui échangent avec le Royaume-Uni. La perspective d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne sans accord réveille de nombreuses craintes dans l'agroalimentaire ou l'automobile par exemple.

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Le bâtiment résiste

L'industrie du bâtiment échappe en partie aux menaces qui pèsent sur l'économie. L'activité du secteur a progressé nettement au cours du mois de septembre notamment dans le second oeuvre. "Les carnets de commandes ne désemplissent pas. En octobre, la croissance resterait soutenue selon les chefs d'entreprise", ajoutent les statisticiens de l'établissement bancaire. A l'approche des élections municipales, les collectivités ont boosté les investissement, comme l'a rappelé Julien Pouget. "L'investissement privé a certes ralenti mais il continue de bénéficier de taux d'intérêt très bas, explique-t-il. L'investissement public est dopé en cette année pré-élections municipales".

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Les services se stabilisent

Dans le secteur tertiaire, l'indice du climat des affaires est relativement stable, passant de 100 en août à 99 en septembre. L'activité a marqué le pas en septembre par rapport à juillet et août. Au niveau des effectifs, les embauches ont accéléré à la rentrée et les perspectives sont encourageantes. "Les chefs d'entreprise prévoient une accélération en octobre". Cette dynamique est principalement soutenue par la demande intérieure.

Des créations d'emploi soutenues

Malgré la baisse de la croissance depuis 2017, l'économie française continue de créer des emplois à un rythme soutenu. Selon les dernières projections de l'Insee, plus de 250.000 emplois seraient créés en tout cette année. L'emploi est particulièrement dynamique dans le services et la construction.  "Sous l'effet de ces créations d'emploi, le taux de chômage poursuivrait sa baisse de l'ordre de 0,1 point par trimestre, passant de 8,5 % au printemps à 8,3 % à la fin de l'année", indique l'organisme public. De son côté, la Banque de France a révisé à la hausse ses chiffres sur l'emploi. Le directeur des études, Olivier Garnier, indiquait que "les prévisions relatives aux créations d'emploi ont bondi (149.000 en juin contre 271.000 en septembre; +122.000)".

Le pouvoir d'achat accélère

En outre, cette dynamique devrait soutenir le pouvoir d'achat des Français. Les mesures d'urgence économiques et sociales décidées par Emmanuel Macron en plein cœur du mouvement des "gilets jaunes" ont gonflé le porte-monnaie des ménages. Si le taux d'épargne continue d'atteindre des sommets autour de 15%, la défiance tend à s'estomper. "La confiance des ménages se redresse de manière continue et le pouvoir d'achat est globalement dynamique (2,3% sur 2019), 1,8% par tête. Il y a eu des mesures budgétaires pour le soutenir et aussi l'inflation reste contenue", signale Julien Pouget. Il reste néanmoins de grands doutes sur la consommation des ménages. Ces derniers vont-ils continuer à épargner leurs gains de pouvoir d'achat ou privilégier l'achat de biens et services ?

Grégoire Normand
Commentaires 4
à écrit le 10/10/2019 à 13:07
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Se maintenir, ce n'est jamais que la manière hypocrite de déplorer une nouvel échec français. Qui n'avance pas recule, dit fort justement le dicton. Et, en se "maintenant", la france ne cesse de reculer. Sur le plan économique, bien entendu, mais aus...

le 10/10/2019 à 13:50
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Très bon résumé de la situation de notre pays. Mais nos gouvernements successifs et dirigeants, soi-disant élites, sont sourds et aveugles

à écrit le 10/10/2019 à 12:38
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"Le pouvoir d'achat accélère " ?: pas chez tout le monde, loin s'en faut. Nombre de catégories n'en bénéficient pas. Il faudrait affiner un peu, ces généralités colportées par le gouvernement et les media à la botte ne signifient rien

à écrit le 09/10/2019 à 20:32
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Les amortisseurs sociaux, alors? la stagna économicus porte ses fruits......... Si l'on peut dire que l'embellie par la création de valeur peut se faire, actuellement la subvention d'entreprise permet de tenir la chose ! Et du coup le spectre est...

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