L’Eldorado des nouveaux marchés de l’éducation

En France, 1 étudiant sur 5 suit désormais des cours dans l’enseignement privé. Le phénomène, accompagné d’une explosion des frais de scolarité, n’a pas échappé aux fonds d’investissement français et étrangers qui prennent position sur le marché de l’éducation. L’enseignement public riposte pour compenser la perte de financements, tandis que les nouveaux acteurs du numérique jouent leur carte.
Najat Vallaud-Belkacem, lors du colloque de la CPU 2015 organisé à Strasbourg sur l'université 3.0 et les mutations du numérique.

Les amis d'Arnaud Parienty, dont les enfants sont sur le point d'entamer des études supérieures, tombent des nues quand ils découvrent combien les frais de scolarité se sont envolés ces dernières années. Avec des revenus parentaux de plus de 66.334 euros, il faut débourser 10 .150 euros par an à Sciences Po. Comptez 45 .000 euros pour cinq ans d'études à l'Essca Angers, et la même chose pour trois ans à l'Edhec, l'école la plus chère de France, qui avait convoqué la presse l'été dernier pour annoncer une nouvelle augmentation de ses droits de scolarité. HEC, Essec, EM Lyon, les grandes écoles de commerce avaient ouvert la voie et c'est désormais la compétition mondiale pour les talents qui structure le marché de l'enseignement, avec des coûts inflationnistes.

"Les classes moyennes instruites sont les grands perdants"

« C'est porteur de risque pour l'égalité des chances qui est déjà très malmenée en France. Que les formations d'élite soient payantes n'est pas si choquant, car on arrive toujours à les financer. Mais, même pour des études moyennes, cela devient une question de capacité des parents à payer. Les classes moyennes instruites sont les grands perdants », résume l'auteur de School Business (Éditions La Découverte), qui estime tout de même qu'on semble aujourd'hui avoir atteint un palier dans le coût des études.

Dans son livre, paru à la rentrée dernière, le professeur de sciences économiques et sociales prévient :

« Le cœur du système éducatif de la France demeure public et gratuit. Mais une offre privée diverse et efficace a explosé ces dernières années, en réponse à la dégradation du service public à court d'argent et à une demande sociale très forte, nourrie par la volonté désespérée des parents de faire monter leurs enfants dans l'ascenseur social ou, au moins, de leur éviter le chômage. »

Un shadow school system, phénomène mondial opaque pour les familles, qui habitue les parents à mettre la main à la poche dès la maternelle et touche de plein fouet le supérieur. Au point que même les études « gratuites » ne le sont plus tout à fait. Ainsi, de nombreux étudiants en médecine déboursent de 5 .000 à 8 .000 euros par an pour des prépas privées, en même temps que leurs cours à la fac. Quand ils ne partent pas commencer leurs études en Roumanie ou en Espagne, à prix d'or, pour contourner la sélection brutale du système français.

Un phénomène observable partout dans le monde

Le phénomène n'a pas échappé à l'État.

« La place de l'enseignement supérieur privé, longtemps marginale et concentrée sur certains secteurs, ne cesse d'augmenter et de se diversifier ; cette croissance est particulièrement marquée depuis une dizaine d'années, le poids du privé atteignant près de 19 % des effectifs inscrits dans l'enseignement supérieur ; cette évolution est comparable à ce que l'on observe partout dans le monde. »

C'est le premier constat d'un rapport rendu par l'Inspection générale de l'administration de l'Éducation nationale et de la Recherche, en juin 2015, et accompagné d'une quinzaine de propositions pour créer de nouvelles relations entre l'enseignement supérieur privé et l'État. En particulier pour encourager plus de transparence pour le grand public et généraliser l'évaluation de l'enseignement supérieur privé. Prompt à présenter l'équation en termes d'économies, Pascal Brouaye, président du Pôle Léonard-de-Vinci, « campus à l'américaine au cœur du quartier de La Défense » qui accueille 3 .500 étudiants dans ses quatre écoles privées, n'hésite pas à affirmer qu'« au plan budgétaire, l'enseignement supérieur privé représente une économie importante pour l'État. Avec plus de 450. 000 étudiants environ inscrits dans le privé et un coût annuel moyen par étudiant de 10. 000 euros, on peut estimer l'économie de l'État à 4,5 milliards d'euros annuellement. »

Xavier Cornu, jusqu'à récemment responsable de l'enseignement à la CCI Paris Île-de-France, est aussi vice-président de la Conférence des grandes écoles (CGE). Selon lui, « sur 2,4 millions d'étudiants en France, on compte 1,4 million de jeunes formés à l'université. Les grandes écoles représentent 15 % des étudiants, dont 40 % des masters et un tiers des doctorats. Et il y a les écoles privées et les écoles étrangères. L'éducation n'est plus un bien public dépendant de l'État. Le marché s'est ouvert sous la poussée d'une vague démographique et de la mobilité géographique des étudiants étrangers. Il faut aussi prendre en compte le désengagement des États dans l'éducation en Europe. Tout cela crée un marché mobile. »

Pour sa part, il se refuse à considérer les écoles privées comme des « marchands de soupe », arguant qu'elles sont, elles aussi, soucieuses de déontologie et de pédagogie :

« Les fonds d'investissement privés qui misent sur l'éducation n'ont pas intérêt à presser le citron à court terme. Ils ne réclament pas de dividendes, ils sont plus intéressés par les plus-values », affirme-t-il.

À croire Jean-Michel Nicolle, qui représente les écoles privées au sein de la Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs (CDEFI) et préside l'Union des grandes écoles indépendantes (UGEI), les écoles d'ingénieurs seraient relativement épargnées par le phénomène de la privatisation à but lucratif.

« Pour les écoles d'ingénieurs, l'habilitation de la Commission des titres d'ingénieur (CTI) reste l'onction suprême, et toutes les écoles répondent au même niveau d'exigence. Leur modèle est unique dans le monde, et elles ne sont pas confrontées à une concurrence internationale. Lorsqu'elles appartiennent à des groupes à but lucratif comme Lauréate ou Ionis, il s'agit d'un vaisseau amiral pour l'image. »

Alors que les droits d'inscription s'élèvent à 610 euros dans les écoles publiques d'ingénieurs, aucune école privée ne dépasse 9 .000 euros par an, selon Jean-Michel Nicolle, qui estime par ailleurs le « coût de revient » annuel d'un élève ingénieur à 10.000 euros dans le privé et jusqu'à 15 .000 euros dans le public, à cause des obligations de recherche. Son conseil aux futurs étudiants ? Vérifier que l'école est bien habilitée par la CTI, et pour quelle durée. Ce directeur d'école prévoit par ailleurs que le nombre d'écoles habilitées, environ 240 actuellement, sera sans doute divisé par deux dans les dix ans, sous l'effet de rapprochements entre les plus petites écoles.

Combien d'étudiants au... mètre carré ?

En France, huit groupes privés regroupent environ 70 .000 étudiants en formation initiale. Ils s'appellent Eductive Education Group, Eduservices, Media School Group ou Ynov, des noms peu connus du grand public. Les deux plus gros, Ionis Education Group et Studialis, comptent chacun plus de 20. 000 étudiants. Prenons l'exemple d'Ionis Education Group, créé il y a trente-cinq ans par Marc Sellam. « Le groupe est né autour de l'école de commerce Iseg avec l'objectif de former des jeunes réellement en phase avec les attentes des entreprises », explique Fabrice Bardèche, vice-président exécutif du groupe et actionnaire aux côtés de Marc Sellam.

« Puis nous nous sommes intéressés à des créneaux émergents comme celui de l'informatique en 1994, en reprenant l'Epita. Nous trouvons des champs que l'université ne couvre pas et nous appliquons une nouvelle pédagogie, comme nous l'avons fait en créant l'Epitech, en 1999. En 2004, nous avons ouvert Sup'BioTech. »

Présent dans 12 villes françaises et dans des domaines aussi variés que le commerce, le marketing et la communication, la gestion, l'informatique, l'aéronautique, l'énergie, le transport, la biologie et la création, le groupe vient aussi de lancer un incubateur à dimension nationale, Ionis 361, et occupe le secteur des cours particuliers du primaire au supérieur, avec Ionis Up.

Sur la liste d'objectifs de Ionis, l'internationalisation, la conquête de la formation professionnelle et la numérisation de ses contenus. Ionis X est l'entité chargée de développer des MOOCs gratuits et une offre interne pour les étudiants, avant, sans doute, de se tourner vers la formation à distance.

« C'est un modèle qui fonctionne, mais qui condamne à être bénéficiaire. Nous réinvestissons tout ce que nous gagnons », commente Fabrice Bardèche.

Pour payer les 6. 000 à 8 .000 euros annuels que coûtent en moyenne les études dans les écoles du groupe, il estime que des solutions existent.

« Nous avons des accords avec des banques pour des prêts que nous cautionnons nous-mêmes. Certains étudiants travaillent pour l'école. Nous faisons des différés de paiement et parfois nous prenons des étudiants sans les faire payer. Avec l'école Prep'ETNA, nous essayons un nouveau modèle : c'est gratuit pendant deux ans, mais les étudiants s'engagent moralement à payer pour les suivants dès qu'ils ont un emploi. On arrive à ce rendez-vous avec la première génération formée. »

Le principe du pay it forward appliqué à l'éducation...

Studialis, l'autre poids lourd de l'enseignement supérieur français, n'a pas souhaité répondre à nos questions. Son actualité est pourtant riche. En octobre dernier, le groupe, jusque-là propriété du fonds néerlandais Bregal, était cédé à l'Américain Galileo Global Education, lui-même propriété du fonds d'investissement américain Providence Equity Partners, pour une somme oscillant entre 225 et 250 millions d'euros, selon les chiffres qui circulent. Un nouveau record comparé au rachat du groupe Inseec par le fonds français Apax Partners (Altran, Afflelou, entreprises dans la santé...) pour environ 200 millions d'euros en 2013, un premier investissement dans ce secteur pour Apax.

Le groupe Studialis est composé de 23 écoles partagées entre arts et business, du Cours Florent et de la Strate École de Design à la Paris Business School et au Groupe ESG. Galileo Global Education est, quant à lui, présent dans quatre pays européens, mais aussi au Mexique, en Inde et en Chine. Ce rapprochement devrait ainsi constituer le « premier groupe européen d'enseignement supérieur » et permettre« la conquête de l'international ». Fin janvier, le groupe américain Lauréate International Universities annonçait vouloir se séparer de ses écoles françaises (École centrale d'électronique, École supérieure du commerce extérieur, European Business School Paris et Institut français de gestion) et suisses. Selon des observateurs de ce secteur, c'est la banque d'affaires Rothschild qui s'occupe de la partie française de la transaction et l'un des acquéreurs intéressés serait... Apax Partners. Pour l'instant, la France n'est pas encore touchée par la pratique des EMO (Education Management Organization), spécialistes de la rationalisation de la gestion des écoles, de la taylorisation des enseignements à la densité d'étudiants au mètre carré...

Public, privé : des références obsolètes ?

« Les frontières s'estompent entre l'enseignement public et privé. Ces références anciennes auront de moins en moins de justification », assène Philippe Grassaud, président du groupe Eduservices.

Parmi la quinzaine d'écoles dans son escarcelle, l'école de tourisme et d'hôtellerie Tunon, l'Ipac Bachelor Factory et les écoles Pigier. Actionnaire majoritaire, il s'est associé en 2010 au fonds d'investissement franco-britannique Duke Street pour créer EduServices.

« Je suis un chef d'entreprise. Mon investisseur me "challenge" sur ce que je fais, mais je n'ai pas de pression financière. On me demande un taux de rentabilité d'environ 8 %. J'aime ce mix entre le pouvoir de l'investisseur qui aide au développement, et nos entrepreneurs de l'éducation qui font tourner les écoles. »

En 1989, Philippe Grassaud achète l'école Tunon et se lance dans l'aventure de l'enseignement supérieur privé.

« Depuis quarante ans, l'Éducation nationale délègue de façon tacite l'enseignement technique et professionnel au privé et aux chambres de commerce. Une offre privée d'écoles de commerce s'est développée il y a environ trente ans. Constatant la demande, le secteur public s'est intéressé à la gestion de l'entreprise et a lancé des formations. Il ne s'agit pas de privatisation. C'est le privé qui a créé des écoles », tient-il à souligner.

Dans la reconnaissance de l'enseignement supérieur privé et l'avenir de l'enseignement tout court, il croit en deux éléments clés : la création, en 2002, du Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), et le contrat de professionnalisation, plébiscité par 8 .000 étudiants sur 17 000 chaque année dans les écoles d'Eduservices.

« Nous préparons les jeunes à l'emploi et nous les responsabilisons. En termes d'emploi, nous avons d'excellents résultats grâce à nos outils pour accompagner et placer les élèves », se réjouit Philippe Grassaud.

S'il croit aux contenus numériques pour le rattrapage ou l'approfondissement, cet ancien conseiller en restructuration estime que l'enseignement doit rester une collectivité physique. Un jeune seul chez lui devant un ordinateur lui semble une recette désastreuse, ce qui le conduit à penser que l'uberisation de l'éducation n'est pas pour demain.

Le public contre-attaque

Les frais annuels de scolarité à l'université restent très bas (184 euros pour les étudiants en licence, 256 euros en master et 391 euros en doctorat). Quant aux financements publics, ils ne suivent ni la courbe démographique ni les besoins. Certes le budget 2016 de l'enseignement supérieur et de la recherche s'élève à 23,25 milliards d'euros, soit une hausse de 347 millions d'euros par rapport à 2015.

« Mais la France, qui consacre 1,4 % de son PIB à l'enseignement supérieur, est un peu en dessous de la moyenne des pays de l'OCDE », explique Xavier Cornu, de la CGE. « Il faudrait deux milliards de plus pour revenir dans la course et ce n'est pas la tendance. »

Arnaud Parienty décrit quelques îlots de profitabilité et de sélectivité dans le système public.

« Les universités créent des doubles diplômes qui leur permettent de sélectionner. Les diplômes universitaires ne sont pas nationaux et n'ont pas de limitation des frais de scolarité. L'IAE d'Aix-Marseille propose ainsi un DU pour 9 .000 euros. Le magistère de droit à Assas, qui est très sélectif, coûte 15 000 euros. En 2013, la préparation à l'agrégation organisée par l'ENS Cachan coûtait 6 .400 euros alors qu'elle était gratuite ou presque il y a dix ans », énumère-t-il en ajoutant que des frais de bibliothèque ou autres astuces peuvent colmater le budget ici et là.

Reste que les universités ont besoin de trouver des sources de financement alternatives plus stables.

Le 2 février, se tenait à Paris-Dauphine la conférence Think Education, organisée par l'agence d'information News Tank Education. Elle a réuni un millier de dirigeants et responsables de l'enseignement supérieur, venus partager des innovations et débattre des enjeux. Parmi eux, Henri-Marc Michaud, président du directoire de Grenoble INP Entreprise qui est, depuis 1991, la filiale de valorisation de Grenoble INP.

« Nous avons deux activités. INPG Entreprise s'occupe des contrats de recherche entre nos labos et le privé pour un chiffre d'affaires de 7 millions d'euros. Grenoble INP Invest a des participations dans une vingtaine de startups souvent lancées par des professeurs et des chercheurs », explique Henri-Marc Michaud.

« Classiquement, les établissements publics disposaient de financements de l'Agence nationale de la recherche (ANR), de fonds européens et de contrats de recherche. Ces sources se diversifient. Depuis quelques années, les projets industriels sont intégrés à la maquette de l'école : trois étudiants encadrés par un professeur travaillent sur un projet pour une entreprise. C'est facturé 35. 000 euros au lieu de 200. 000 euros pour un contrat de recherche classique. Tout le monde s'y retrouve. »

L'INP Grenoble tire aussi des ressources de sa propriété intellectuelle grâce à des brevets licenciés à des industriels et de la formation continue. Comme de nombreuses écoles, l'INP s'est doté d'une fondation qui fait du fundraising auprès de mécènes et d'anciens pour financer des bourses et attirer des professeurs étrangers. « Le futur est du côté des industriels puisque l'État se désengage », conclut Henri-Marc Michaud.

La bouée de secours de la formation continue

HEC, pour reparler d'elle, s'est dotée d'une fondation dès les années 1970, même si les choses sérieuses n'ont commencé que dans les années 2000. Sa contribution à l'école pèse pour 8 % dans le budget d'exploitation, sans compter un fonds de réserve de plus de 50 millions d'euros pour faire face aux contingences.

La campagne 2008-2013 de la Fondation HEC, la plus grosse de son histoire, a récolté 113 millions d'euros sous la houlette de Daniel Bernard, ancien PDG de Carrefour, et H69 pour signifier son affiliation à l'école. La prochaine campagne sera lancée en 2017, mais la machine tourne en permanence.

« Un axe important est celui des boursiers. Par cette action privée, nous restaurons un peu d'équité sociale. En 2015, nous avons distribué 4 millions d'euros de bourses à 600 étudiants », explique Bertrand Léonard, l'actuel président de la Fondation HEC.

« Nous finançons aussi le tutorat en amont. Nous aidons les candidats à franchir l'obstacle, nous ne mettons pas l'obstacle plus bas. En tout cas, il n'existe pas de cas de figure où un candidat qui a réussi le concours ne peut intégrer l'école par faute de moyens. »

Malgré la montée en puissance de la Fondation HEC, Bertrand Léonard refuse de la comparer aux fondations américaines. « La dotation de Harvard représente 35 milliards de dollars et celle de la Harvard Business School 6 milliards. » De quoi laisser les responsables de fondations françaises rêveurs...

Outre l'appel à la générosité des mécènes et les contrats de recherche pour l'industrie, les établissements publics ont récemment été sommés de considérer la formation continue comme une ressource. En novembre dernier, François Germinet, président de l'université de Cergy-Pontoise, remettait à Najat Vallaud-Belkacem et à Thierry Mandon un rapport pour « promouvoir et accroître l'implication des universités dans la formation professionnelle tout au long de la vie ».

D'ailleurs, fin janvier, Thierry Mandon a annoncé un réseau de 12 universités et groupements universitaires pilotes, sélectionnés parmi une cinquantaine de volontaires, qui développeront la formation continue. Parmi eux, l'université de Bretagne occidentale, la Comue (communautés d'universités et établissements) Sorbonne Universités, ou encore l'université de La Rochelle. Les heureux sélectionnés vont bénéficier de 30 postes pour organiser leur offre. Le secrétaire d'État a déjà affiché deux objectifs : atteindre 5 % du budget des établissements grâce à la formation continue d'ici à trois ans, et en profiter pour redorer le blason des universités auprès des entreprises.

Les chaires, donnant-donnant

Enseignante-chercheuse à Télécom école de management, Christine Balagué vient de lancer sa deuxième chaire. Celle-ci a pour thème les réseaux sociaux et les objets connectés, en partenariat avec le groupe SEB et Huawei. Car si les objets connectés sont très populaires, comme l'a encore montré le CES 2016, les entreprises se posent beaucoup de questions sur leurs usages et les attentes des consommateurs. Les chercheurs, principalement en marketing et en informatique, vont poursuivre plusieurs axes de réflexion. Coût de l'opération pour chaque industriel, 100 .000 euros par an sur une durée de trois ans.

« Je suis allée chercher des partenaires. D'autres pourraient les rejoindre, mais il y a des questions de concurrence. Nous les aidons en développant des choses. Libres à eux de se les approprier. Mais libre aussi à tout industriel de s'en emparer dans son domaine, puisque nous allons publier », explique la chercheuse qui rêve de créer un environnement innovant, comme dans la Silicon Valley où les startups sont installées aux portes du campus de Stanford.

« Une chaire fait progresser la science, aide le rayonnement de l'école et de l'entreprise, pousse l'entreprise à faire avancer sa recherche et son innovation. Elle permet aussi d'embaucher des thésards et des doctorants. C'est un enrichissement mutuel », explique Audrey Loridan-Baudrier, directrice des opérations et des programmes de la Fondation Télécom.

« Mais les chaires ne peuvent pas être vitales au fonctionnement de l'école. Ça vient en plus, pour le rayonnement et le développement. »

Depuis la première chaire partenariale en France en 1991, le phénomène n'a fait que prendre de l'ampleur. Facilitées par la loi et présentant des avantages fiscaux, les chaires répondent aux besoins de l'enseignement supérieur de trouver des financements. Les annonces de chaires se multiplient. Encore un exemple avec l'INSA Lyon qui vient d'annoncer une chaire d'enseignement et de recherche avec le Groupe Volvo sur le thème « Solutions for the Future of Urban Transport ». Cette chaire, qui s'inscrit dans le programme mondial de partenariat avec l'enseignement supérieur de Volvo, est également soutenue par la Fondation INSA Lyon. On pourrait multiplier les exemples.

42, Mooc : les nouveaux acteurs de l'éducation

L'année dernière, le groupe d'e-commerce LDLC a lancé son école en partant du constat qu'il avait des difficultés à recruter des collaborateurs capables de porter des projets numériques. En faisant moins de bruit que Xavier Niel avec son école 42, Olivier et Laurent de la Clergerie ont accueilli une première promotion de 26 étudiants dans l'École LDLC à Lyon, en septembre dernier, pour une scolarité de trois ans qui devrait déboucher, après l'attente réglementaire, sur un titre RNCP rétroactif.

« Avec des frais de scolarité à 1 .996 euros par an, une référence à l'année de notre création, c'est le groupe qui finance l'école à hauteur d'un million d'euros », explique Olivier de la Clergerie qui voit dans ce projet une responsabilité sociétale.

« Nous avons une liberté créatrice. Notre projet a d'ailleurs attiré beaucoup de candidatures d'enseignants... »

Est-ce que les établissements d'enseignement supérieur, publics ou privés, sont à la merci de l'« ubérisation » ?

Le numérique aidant, le champ des possibles s'ouvre. Les MOOCs font désormais partie du paysage. Sur la plateforme d'Udemy, tout un chacun peut créer des cours en ligne et les monétiser. Ainsi, 40 .000 cours payants sont déjà disponibles. Google Digital Academy propose des cours gratuits pour développer ses connaissances techniques. Les EdTech françaises sont brillantes et reconnues à l'étranger. Si on se dégage de la toute-puissance du diplôme et qu'on recherche des certifications de compétences pointues, ces acteurs ont toute leur place. Pour Arnaud Parienty, la solution à l'envolée du privé passe par l'amélioration de la qualité de l'enseignement public et certainement, sujet ô combien tabou, par la sélection à l'entrée de l'université. Mais pour l'instant, cette révolution se fait à l'abri du débat public.

« On débat du latin à l'école, mais beaucoup de parents découvrent le paysage complexe de l'enseignement supérieur au dernier moment et il n'y a aucun débat sur ce sujet », regrette l'auteur.

Commentaires 2
à écrit le 12/03/2016 à 19:28
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Le magistère d'Assas ne coûte absolument pas 15 000€, les frais de scolarité étant de 600€ par an...

à écrit le 18/02/2016 à 14:44
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Avis aux parents qui ne veulent pas se ruiner ou aux étudiants qui ne veulent pas d'endetter .En ce qui concerne les écoles de commerce toutes très coûteuses il existe une alternative: les IAE institut d'administration des entreprises environ 30 en F...

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