L'industrie du futur détruira-t-elle vraiment des emplois ?

Une étude de France Stratégie publiée ce mardi estime que l'automatisation se traduira par des créations d'emplois.
Fabien Piliu
Selon France Stratégie, 15% des salariés, soit 3,4 millions de personnes, occupent des emplois potentiellement automatisables.

Alors que le concept de l'industrie du futur chemine dans les esprits, que les conséquences sur l'emploi d'une modernisation intensive sont encore mal connues, une étude de France Stratégie publiée ce mardi apporte un peu d'eau au moulin des plus optimistes.

Selon cette étude, "15% des salariés, soit 3,4 millions de personnes, occupent des emplois potentiellement automatisables", estime l'organisme qui chiffre à 25% la part des emplois industriels automatisables et à 13% celle des métiers de services, plus fréquemment en relation avec le public.

Cependant, "de plus en plus d'emplois apparaissent peu automatisables en France" et "leur nombre a augmenté de 33% en 15 ans, passant de 6,9 millions en 1998 à 9,1 millions en 2013", complète France Stratégie soulignant que "l'automatisation de l'emploi ne se résume pas qu'à une question technologique".

Le secteur bancaire, un cas d'école

"La désindustrialisation et la transformation des métiers dans le temps expliquent la hausse des emplois peu automatisables", explique France Stratégie, dont l'enquête se penche sur les "tâches" exercées plutôt qu'aux types de métiers autour de deux critères : répondre ou non immédiatement à une demande extérieure ; appliquer strictement ou non des consignes afin de faire correctement son travail.

Elle cite comme "cas d'école" le secteur bancaire. Si les distributeurs de billets automatiques sont passés de 5.000 en 1983 à 60.000 fin 2013, "61% des employés déclarent occuper un emploi nécessitant une réponse immédiate à une demande extérieure et ne devant pas toujours appliquer des consignes strictes, contre 35% en 2005", soit des emplois "peu automatisables". Ce profil d'emplois a également augmenté parmi les techniciens (62% en 2013 contre 47% en 2005), et, dans une moindre mesure, chez les cadres (48% contre 43%).

D'autres facteurs influencent le déploiement des robots et automates, souligne l'organisme, comme "le mode d'organisation du travail, l'acceptabilité sociale et la rentabilité économique".

Le nombre d'emploi a progressé en Allemagne

Et France Stratégie de citer l'exemple allemand. Alors que l'industrie automobile allemande fait partie des plus robotisée au monde, "elle emploie encore plus de 800.000 salariés en 2015, soit autant qu'il y a dix ans et 100.000 de plus qu'il y a 20 ans". Selon le rapport de Louis Gallois dévoilé en 2012, la France comptait alors 34.500 robots industriels, avec une moyenne d'âge élevée, contre 62.000 en Italie et 150.000 en Allemagne.

Selon le think tank donc, et contrairement aux scénarios les plus sombres, le numérique pourrait  "créer des emplois, directement dans la recherche & développement, la conception, la production, la commercialisation ou encore la maintenance d'automates".

En France, les ingénieurs informatiques et des télécoms sont actuellement 310.000 de plus qu'au début des années 1980, alors que la baisse du nombre de secrétaires a débuté au milieu des années 1990 avec le déploiement de l'informatique.

Fabien Piliu
Commentaires 6
à écrit le 20/07/2016 à 13:32
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On ne sera pas du tout d'accord avec cette étude gouvernementale. Il convient de considérer le futur et non l'exemple du passé obtenu dans un contexte de mondialisation. Si la projection extérieure des pays occidentaux leur a un temps profité, la mis...

à écrit le 20/07/2016 à 10:31
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L'emploi sans salaire décent c'est comme un plongeur sans bouteille d'oxygène.

à écrit le 20/07/2016 à 9:55
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Cet article fait charitablement l'impasse sur les destructions d'emplois dans l'industrie automobile française, qui ne s'est jamais vraiment robotisée. Ce qui se comprend, après tout. Mais quand même : il faut apprendre de ses erreurs, même en Franc...

à écrit le 20/07/2016 à 9:09
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Il est évident que l'automatisation détruit des emplois, même si ce n’est pas son objectif premier. On peut au moins considérer que s’il y a automatisation, c’est dans le but de gagner du temps, de la qualité, de réduire la pénibilité et les taches r...

à écrit le 19/07/2016 à 21:51
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L'emploi qui résistera sera l'emploi formé et qualifié. Pipeau!

à écrit le 19/07/2016 à 18:29
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Tout dépend du prix de l'énergie; plus l'énergie mécanique sera chère, plus l’énergie humaine sera rentable!

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