Présidentielle 2017 : quelle stratégie pour l'industrie ?

Vendredi 9 septembre, lors de la seconde journée des Assises du Produire en France organisées à Reims, plusieurs personnalités politiques parmi lesquelles des candidats à la prochaine élection présidentielle ont dévoilé leur stratégie pour relancer l'industrie.
Fabien Piliu
L'industrie, choyée ou délaissée, par le monde politique ?

C'était le grand jour ! Après une première une journée essentiellement centrée sur la situation de l'industrie française, la seconde journée des "Assises du produire en France" organisées à Reims prend une dimension politique ce vendredi. Après les experts jeudi, des personnalités politiques, parmi lesquelles figurent des candidats à l'élection présidentielle, ont passé le "grand oral de l'Elysée" dont les parrains sont Yves Jégo (UDI) et Arnaud Montebourg (PS), l'ancien ministre de l'Economie. Le thème de cet oral ? Quelle stratégie adopter pour relancer l'industrie. En pleine affaire Alstom, et alors que le niveau de défaillances des entreprises reste historiquement élevé - le dentellier Noyon est depuis jeudi en redressement judiciaire - cet événement tombe à pic.

Quels sont les candidats à cet oral ? Le plateau est assez riche. Arnaud Montebourg, l'ancien ministre de l'Economie (PS), Jean-Christophe Lagarde, le président de l'UDI, Marie-Noëlle Lienemann (PS), ancienne ministre - ses mandats ne se comptent plus -, sénatrice de Paris, Bastien Faudot, le porte-parole du Mouvement Républicain et Citoyen, Frédéric Lefebvre, ancien ministre des PME et député Les Républicains (LR), Marine Le Pen, la présidente du Front national, Jean-François Copé (LR), ancien ministre, ex-Président de l'UMP, Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, Jean Lassalle, député des Pyrénées-Atlantiques, Bruno Le Maire (LR), ancien ministre, Cécile Duflot, ancienne ministre, députée Europe Écologie Les Verts (EELV), Alain Juppé (LR), ancien Premier ministre, Jean-Luc Mélenchon, l'ancien président du Parti de gauche, Yannick Jadot, député européen écologiste et membre d'EELV et Jacques Cheminade, le président de Solidarité et progrès ont défilé. Christian Estrosi, le représentant de Nicolas Sarkozy et Jérôme Chartier, qui suppléait François Fillon,  se sont invités au dernier moment... Le marquage à la culotte a commencé.

Où sont les capitaines d'industrie ?

Avec ce grand oral, on devrait en savoir plus sur les intentions des participants pour relancer l'industrie tricolore qui souffre depuis vingt ans de la concurrence internationale. Depuis le début des années 80, le secteur manufacturier a perdu plus de deux millions d'emplois. Le dernier excédent commercial remonte à 2003...

A noter qu'aucune de ces personnalités n'a exercé une activité dans ce secteur de l'économie. En revanche, en tant que ministre ou élu local, il serait étonnant que les questions industrielles leur aient totalement échappé. Aussi, que proposent-ils ?

Une dose de protectionnisme et un accès facilité aux marchés publics

Arnaud Montebourg a essentiellement concentré son discours sur les dangers de la concurrence. " Je veux bien qu'on nous dise pas de protectionnisme mais ne soyons pas naïf ", a déclaré l'ancien ministre de l'Economie qui souhaite que 80% des marchés publics soient réservés aux PME française. L'intention est bonne, mais Bruxelles l'interdit.

Ces deux thèmes - patriotisme économique et accès aux marchés publics - ont également été au centre du discours d'Alain Juppé qui a aussi présenté des mesures de politique générale. Il souhaite ainsi le gel pendant cinq ans des seuils sociaux, un allègement de dix milliards d'euros des cotisations patronales compensé par une TVA sociale ainsi que la mise en place d'une loi quinquennale de programmation fiscale "pour donner aux acteurs économiques la visibilité". Jérome Chartier mise aussi sur l'accès aux marchés publics pour relancer l'industrie. Il veut que 50% des marchés soient réservés aux petites entreprises françaises. Le député Les Républicains plaide aussi pour une baisse des charges - à hauteur de 40 milliards d'euros - et pour une réduction du taux de l'impôt sur les sociétés.

Réformer les 35 heures et faire souffler un vent de liberté

Jean-Christophe Lagarde s'est en fait peu attaché à défendre l'industrie, estimant que son salut passait par une réorganisation du temps de travail en France. En clair, il propose de revenir sur les 35 heures en passant "un pacte avec les Français pour travailler pendant cinq ans 39 heures sur la base salariale actuelle". Il plaide également pour une stabilité sociale et fiscale. "Les règles du jeu ne doivent pas changer toutes les 30 secondes en France", a-t-il déclaré.

Jean-François Copé est un peu sur la même longueur d'ondes. Peu de mesures spécifiques sont contenues dans son programme. Il compte surtout sur la restauration de la liberté "à tous les étages" pour réveiller le secteur manufacturier. Quant à Christian Estrosi, ancien ministre de ... l'Industrie, il a essentiellement utilisé son temps de parole pour défendre le bilan de Nicolas Sarkozy dans le domaine industriel.

" J'ai une ambition: que les Français se rassemblent autour du Produire En France ", a pour sa part déclaré Marie-Noëlle Lienemann.

Sortie de l'euro et mise à bas du libre-échange

Sans surprise, Marine Le Pen a remis en cause les traités et les accords internationaux actuels et futurs. "Nous sommes prisonniers de l'Union européenne et de l'euro. Le TAFTA ne vise qu'à amplifier le libre-échange sans contrôle, qui fait mal à notre économie. Le retour de notre souveraineté est indispensable pour promouvoir le made n France", a-t-elle déclaré, dénonçant "le dogme du libre-échange et de la mondialisation sauvage ".

Mesure phare de son programme en faveur de l'industrie, la présidente du Front national souhaite que l'origine des pays de fabrication soit "clairement" indiquée sur les étiquettes.

Délocalisation et transition écologique

Marine Le Pen ne fut pas la seule à présenter des mesures défensives. Sortir des traités européens est également souhaité par Jean-Luc Mélenchon, car, selon l'ancien président du Parti de gauche, ces accords"prévoient et organisent le dumping social ". "Une délocalisation sur deux se fait en Europe. Notre principal concurrent n'est pas la Chine mais l'Europe", a-t-il prolongé. Après avoir dénoncé le rôle des banques, qui ne feraient pas " leur travail ", estime-t-il, l'ancien ministre socialiste a également avancé que la mise en place de la transition écologique pouvait assurer l'avenir de l'industrie.

"Je veux lutter contre la concurrence déloyale en supprimant la directive travailleurs détachés", a déclaré Nicolas Dupont-Aignan - sur la même ligne que Manuel Valls - qui plaide pour la mise en place d'un bonus "à ceux qui investissent en France". "Il faut retrouver l'esprit de conquête avec une stratégie offensive et défensive", a-t-il poursuivi, en particulier dans la recherche. Sur la même longue d'ondes sur ce point, Yannick Jadot souhaite interdire d'ici cinq ans "les produits qui viennent de pays qui ne respectent pas les droits syndicaux"

Plus radical, Bastien Faudot, le porte-parole Mouvement Républicain et Citoyen souhaite que la France récupère sa "souveraineté budgétaire" et propose de "nationaliser l'euro" avant de le déprécier de 20% afin de relever la compétitivité-prix du made in France. "Défendre le patriotisme économique veut dire retrouver notre souveraineté monétaire et d'émission de crédit", avance pour sa part Jacques Cheminade.

Des candidats à la hauteur des enjeux ?

Que retenir de ce grand oral ? Les discours furent soient convenus, soient radicaux. Mais ils furent souvent éloignés de la réalité du secteur industriel. Aucune mesure nouvelle et concrète n'a été véritablement soumise à l'auditoire. En pleine affaire Alstom, le rôle de l'Etat stratège dans l'industrie n'a pas été réellement évoqué. Certains candidats ont même eu l'incorrection de se concentrer sur les erreurs ou les bilans des autres plutôt que de faire avancer leurs idées. Est-ce parce que le temps qui leur était imparti - quinze minutes - était trop court ? C'est peut-être une explication.

Fabien Piliu
Commentaires 5
à écrit le 15/09/2016 à 18:32
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Mettre une TVA sociale aura au moins pour effet de faire participer les importations au financement de la sécurité sociale, branche retraite - maladie - familles. Néanmoins, ne nous leurrons pas : le salaire net avec les charges, représente un...

à écrit le 10/09/2016 à 11:18
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jupe celui qui voulais vendre Thomson pour 1 franc symbolique avec l' accord de tous les autres y compris le medef qui lui a vendu alstom

à écrit le 10/09/2016 à 8:20
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Juppé a parlé d'un peu de TVA sociale; cela permet de tenir cinq ans; mais le problème est loin d'être réglé. Il faut solliciter l'énergie. Qui le fera? NKM peut être.

à écrit le 10/09/2016 à 7:57
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le cas hollande avais dit qu'il faudais moins de chomeur qu'a son entre en fonction pour se presenter encore une escroquerie de sa part une preuve que ce personnage n'a pas de paroles pour le cas de la droite il sont huit demander leur le liste d...

à écrit le 09/09/2016 à 16:49
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Certainement qu'il y aura bien peu de mensonges que nos politiciens vont oublier d'asséner en effet, celui-ci en fait parti puisque notre europe oligarchique financière mise tout sur la délocalisation de masse ou des salaires minables dans des condit...

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