La carte du « moi, ou le chaos » va-t-elle échapper à Emmanuel Macron ?

POLITISCOPE. Emmanuel Macron n'a plus beaucoup de temps devant lui : au vu de la colère présente dans les cortèges de jeudi, la question de la légitimité de l'exécutif pourrait se poser plus rapidement que prévu. Si les syndicats tentent de contenir les revendications à la question des retraites, la foule descendue dans les rues est bien décidée à viser l'Élysée. Trois options sont étudiées : un simple remaniement, un changement de Premier ministre, ou une dissolution.
Marc Endeweld
(Crédits : NACHO DOCE)

L'épisode se déroule avant la crise du Covid. En fin d'année 2018, de nombreuses « personnalités » des médias, de la politique, se  retrouvent à Marrakech au Maroc pour passer les fêtes loin des Gilets jaunes qui continuent de se mobiliser un peu partout en France. Il y a notamment Nicolas Sarkozy, BHL ou le publicitaire Jacques Séguéla. Ce dernier, pourtant soutien affiché d'Emmanuel Macron et « ami » de Brigitte Macron, lors d'un cocktail imagine déjà le retour de son ami Sarkozy au pouvoir : « On a déjà le slogan : si c'est le chaos, c'est Sarko ! »

Depuis, ce « scénario » imaginé par les derniers amis de Nicolas Sarkozy n'a jamais pu se concrétiser. La justice a notamment rattrapé l'ancien président dans le cadre de l'affaire Bygmalion. Et pourtant, ce jeu du « c'est moi, ou le chaos » a connu une nouvelle vigueur dans les couloirs du pouvoir ces dernières semaines. À l'Elysée, le chef de l'État, malgré les nombreux appels des syndicats, est resté droit dans ses bottes. À l'image de son intervention télévisuelle cette semaine, il n'était pas question pour lui de fléchir face aux mobilisations.

Face aux très nombreux Français opposés au projet du gouvernement sur les retraites, le président Macron était donc bien décidé à jouer le « parti de l'ordre » contre ce qu'il présente désormais comme les « factieux ». Une rhétorique empruntée à un certain général De Gaulle, notamment lors des « événements » de mai 1968. Clin d'oeil de l'histoire, à l'époque du général, la mobilisation étudiante avait débuté à la faculté de Nanterre par le « mouvement du 22 mars ». Un demi-siècle plus tard, le mouvement contre la réforme des retraites du gouvernement a dépassé son deuxième mois de mobilisation. Et la démonstration de force du jeudi 23 mars, notamment dans la capitale, a fini par ébranler certains conseillers au cœur même du pouvoir. D'autant plus que le voyage du roi Charles III en France a dû être reporté. Un report qui s'est fait à la demande du président Macron selon Downing Street.

En jouant la carte du « chaos », la « stratégie du choc », pour renverser la table de l'opinion, Emmanuel Macron ne va-t-il pas finalement se retrouver en rase campagne ? Son pari du « moi, ou le chaos » est pour le moins audacieux alors que près de 70 % des Français, et plus de 90 % des actifs, sont toujours fermement opposés à son projet sur les retraites. Dans la lignée de Libération qui compare Macron à un « tisonnier », un ancien macroniste se demande : « Est-ce que l'incendiaire va périr au cœur du brasier, ou est-ce qu'il sera le dernier survivant sur une terre brûlée ? »

Une certitude : on continue de percevoir chez Emmanuel Macron une certaine ambivalence, une ambiguïté dans son comportement. Mercredi, lors de son intervention télévisée, le fait d'enlever sa montre en direct a attiré l'attention du public alors qu'il ne s'agissait « que » d'une Bell&Ross et non d'une Rolex ou d'une Patek Philippe. Mais cela dénotait une certaine fébrilité alors que dans le même temps, le président déclamait un discours particulièrement martial, voire méprisant (notamment à l'égard des « smicards »).

Alors que le mouvement social semble s'installer dans la durée, et viser de plus en plus clairement le pouvoir, Emmanuel Macron est bien décidé à honorer son voyage en Chine en avril. Or, pour filer la métaphore, en 1968, Charles de Gaulle avait dû repartir précipitamment de son voyage en Roumanie, et son Premier ministre, Georges Pompidou, avait dû faire de même alors qu'il était parti en Afghanistan. Selon les scénarios dans les prochaines semaines (demi chaos ou chaos intégral), Emmanuel Macron dispose de plusieurs options : un simple remaniement, un changement de Premier ministre, ou une dissolution.

Concernant la troisième possibilité, l'idée de la mettre en œuvre courant juin fait son chemin. Mais Emmanuel Macron n'a plus beaucoup de temps devant lui : au vu de la colère présente dans les cortèges de jeudi, la question de la légitimité de l'exécutif pourrait se poser plus rapidement que prévu. Si les syndicats tentent de contenir les revendications à la question des retraites, la foule descendue dans les rues est bien décidée à viser l'Élysée.

Dans ce contexte explosif, Stéphane Séjourné, le « patron » de Renaissance, n'a pas hésité vendredi matin à rajouter de l'huile sur le feu : « Ces manifestations nous poussent à accélérer (...) Cette réforme est nécessaire et doit aller à son terme ». Rappelons qu'en 2006, Stéphane Séjourné était jeune étudiant, militant du Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS), et manifestait contre le projet du CPE. Alors que la loi avait été votée par le gouvernement, le Premier ministre d'alors, Dominique de Villepin, avait finalement reculé face à l'ampleur des mobilisations en retirant son texte. Un retrait qui avait accéléré la mise en orbite présidentielle d'un certain... Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur à l'époque.

Marc Endeweld.

Marc Endeweld
Commentaires 19
à écrit le 25/07/2023 à 13:57
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le frein à l'immobilisme c'est maintenant ou le chaos

à écrit le 28/03/2023 à 19:46
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Notre président génére le chaos car son but ultime est l'instauration de la Loi Martiale. Et après, tout lui sera permis.

à écrit le 27/03/2023 à 23:41
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C'est clair que les "pouvoirs" provoquent intentionellement le peuple. Enlever son montre bling en direct? Ridicule. Mise en scène. La question donc est - quel est leur vrai motivation? Cui bono, le chaos?

à écrit le 27/03/2023 à 11:14
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micron est un chaos a lui tout seul. Il deteste le pays, les francais, qui le lui rendent bien. En attendant, vous continuez de ramer pour 4 ans. Faut reflechir avant d'aller voter, de s'abstenir ou d'aller a la peche.

à écrit le 26/03/2023 à 16:03
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Toute cette violence c’est effrayant ou va t’on . C’est pire que Mai 1968 et oui j’ai vécu cette période . Pourquoi ne pas mettre l’armée dans la rue afin de rétablir l’ordre , j’ai peur de la guerre civile dans notre pays .

le 27/03/2023 à 17:48
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"C’est pire que Mai 1968 et oui j’ai vécu cette période " Tu lançais des pavés ou tu les recevais ? .En même temps ,quand on voit ce que vote une grosse partie des boomers qui avait 20 ans à cette époque c'est plutôt ça qui fait peur.

à écrit le 25/03/2023 à 23:12
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Moi je ai choisi ça sera le chaos . Rien à foutre des conforts « petits bourgeois « , des commerces , des restau , des cine etc et compromissions comme les Lr … quand à Édouard Philippe rien de bon et il est malade … on va pas Élire un type qui ne ...

à écrit le 25/03/2023 à 23:11
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Moi je ai choisi ça sera le chaos . Rien à foutre des conforts « petits bourgeois «  et compromissions comme les Lr … quand à Édouard Philippe rien de bon et il est malade … on va pas Élire un type qui ne fera pas Tout son mandat comme Pompidou ..

à écrit le 25/03/2023 à 16:54
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Puisqu'on ne peut plus financer les retraites sans réforme et que les opposants refusent violemment de travailler davantage pour y arriver, il n'y a qu'à arrêter de cotiser pour les retraites : marre de tout le temps payer pour les autres et d'en plu...

le 25/03/2023 à 23:03
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Et nous on été marre de vos commentaires aussi insipides que stériles .. retournez donc chez Marianne ou Combat !! Vive le t que ça pete et fade tel let la petaidiere pour tout remette à plat : exemption/ bûches / fraudes fiscales et sociales qui n...

le 25/03/2023 à 23:03
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Et nous on été marre de vos commentaires aussi insipides que stériles .. retournez donc chez Marianne ou Combat !! Vive le t que ça pete et fade tel let la petaidiere pour tout remette à plat : exemption/ bûches / fraudes fiscales et sociales qui n...

le 25/03/2023 à 23:08
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Et nous on en a marre de vos commentaires aussi insipides que stériles .. on croirai du Macron ou du Borne retournez donc chez Marianne ou Combat !! Vivement que ça pete et face retourner la table pour tout remette à plat : exemption/ niches / f...

le 26/03/2023 à 9:49
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le trou dans la caisse de retraite n'est pas dans celle des etablissement prive mais dans celle des fonctionnaire que l'etat a toujours refuse de payer sa part entiere preferant comble chaque annee le surplus en plus de l'agravation du nombre de fo...

le 26/03/2023 à 10:33
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ce propose est nullisime les retraites a ce jour ne sont pas deficitaires et il y a d'autre solution que celle du dogme neoliberale de mMacron et mme Borne . votre derniere phrase est celle quattend mMacron VRP des banque et assurance qui veu ...

à écrit le 25/03/2023 à 14:35
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" Donc il faut lutter pour moins de dépenses publiques et pour travailler plus. " Alternativement on pourrait aussi envisager de relocaliser les industries histoire que les citoyens locaux aient du travail et mettre un terme à l'évasion fiscale. A ti...

à écrit le 25/03/2023 à 14:03
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On pourrait aussi se demander si Le Pen ou Melanchon auraient songé à réformer le système de retraite. Sans doute rien parce qu'ils considèrent qu'il n'y a rien à réformer, ancrés qu'ils sont sur des schémas dépassés.

à écrit le 25/03/2023 à 11:31
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A partir du moment ou notre politique est fixée à Washington et la feuille de route à Bruxelles il n'y a plus de marges locales et les Français commencent à s'en rendre compte..

à écrit le 25/03/2023 à 10:40
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Bonjour, Les français sont forts désappointé... L'hypocrisie et le mensonge de nos dirigeants n'est plus acceptable... Donc le responsable de la situation actuelle est toute en Haut de l'etat ... Donc tout cela n'est plus acceptable... et la con...

le 25/03/2023 à 11:53
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Les français mentent à eux mêmes et veulent vivre aux dépens des autres. Quels dirigeants voulez-vous qu'ils puissent trouver?

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