Sur le plan statistique, la France va mieux. C'est un fait. De ce point de vue, et seulement celui-ci, compte tenu du niveau actuel du nombre de demandeurs d'emplois, François Hollande a raison.
Dévoilées par le gouvernement dans un communiqué à 14H00, soit quatre heures avant l'horaire prévu par l'Insee - les bonnes nouvelles sont si rares, on comprend l'enthousiasme de Bercy -, les prévisions de croissance sont plutôt encourageantes. L'institut anticipe une augmentation de 1,6 % du PIB cette année, soit 0,1 point de plus que celle du gouvernement sur laquelle repose la construction de la loi de finances 2016. C'est exactement le niveau de croissance attendu pour la zone euro par la Commission européenne. C'est 0,1 point de moins que la prévision faite par la Bundesbank de la croissance allemande.
Depuis mercredi, cette nouvelle prévision était un secret de polichinelle. En effet, ayant vraisemblablement obtenu ces prévisions en avant-première, Christian Eckert, le secrétaire d'Etat au Budget avait en effet gaffé devant la commission des finances du Sénat...
La consommation résiste , l'investissement décolle !
Quels sont les ressorts de cette reprise progressive de l'activité ? La consommation des ménages accélère. Elle progresserait de 1,5 %, soit 0,8 point de plus qu'en 2015, soutenue par une nouvelle augmentation du pouvoir d'achat (+1,7 % après +1,6 %) que permet le faible niveau de l'inflation.
L'investissement des entreprises est également dynamique. La formation brute de capital fixe des entreprises non financières ferait un bond de 4,7%. Elle avait progressé de 2,7 % en 2015. Ce réveil de l'investissement est directement lié à celui du taux de marge qui continue sa marche en avant. En 2016, il devrait gagner 0,9 point par rapport à 2015 pour atteindre 32,3 %. En chute libre depuis la crise de 2008-2009, marqué par le relèvement de la pression fiscale des deux premières années du quinquennat, l'investissement retrouve enfin des couleurs.
Selon l'Insee, le taux de marge a été porté " par la baisse du prix du pétrole et les allègements du coût du travail (CICE, Pacte de responsabilité et de solidarité) ". " En 2016, le taux de marge continuerait d'augmenter (+0,7 point à 32,4 % fin 2016), du fait d'un surcroît de gains de productivité et de nouvelles baisses du coût du travail dans le cadre du Pacte de responsabilité et de solidarité et de la prime à l'embauche dans les PME. Il s'approcherait ainsi de son niveau moyen d'avant-crise (32,7 % entre 1988 et 2007) ", poursuit la note de l'Insee.
Le commerce extérieur ne relève pas la tête
Cette reprise de la demande intérieure a des conséquences négatives. En effet, le made in France n'étant pas en mesure de satisfaire l'appétit des ménages et des entreprises, le commerce extérieur devrait continuer à plomber la croissance. Selon l'Insee, il retirerait cette année 0,7 point de PIB à la croissance. C'est 0,4 point de plus qu'en 2015.
L'inversion de la courbe du chômage est-elle en train de se produire ?
Dans le domaine de l'emploi, la France pourrait aller mieux si les anticipations de l'Insee se concrétisent. En effet, ses économètres tablent sur une baisse de 0,4 point du taux de chômage d'ici à fin 2016. celui-ci s'établirait alors à 9,5% de la population active en métropole.et à 9,8% en incluant l'Outre-mer. Promise en 2013 par l'exécutif, l'inversion de la courbe du taux de chômage est-elle en train de se produire ? Selon l'Insee, après avoir augmenté au premier trimestre 2016 (+40.000, après +47.000 au quatrième trimestre 2015), l'emploi salarié du secteur marchand non agricole conserverait une dynamique similaire au deuxième trimestre, portant à +68 000 les créations d'emplois sur le premier semestre et aussi au second semestre 2016 (+71.000). Il augmenterait ainsi de 139.000 sur l'ensemble de l'année, ce qui représente 30.000 postes de plus qu'en 2015.
Avec cette prévision de croissance, l'Insee fait figure d'exception. Pour l'instant, la Banque de France vise une augmentation d'au moins 1,4 % du PIB cette année. Le Fonds monétaire internationale (FMI) et la Commission européenne visent pour leur part une croissance annuelle de 1,4 %. Espérons que l'enthousiasme - relatif - de l'Insee soit communicatif.