La naissance de l'U2P perturbe le petit monde patronal

Les organisations patronales des artisans (UPA) et des professions libérales (UNAPL) ont uni leurs forces pour donner naissance à l'U2P. Forte de ses 2,3 millions d'entreprises adhérentes, la nouvelle organisation compte s'imposer face au Medef et la CGPME en matière de représentativité.
Jean-Christophe Chanut
Jean-Pierre Crouzet, président de la nouvelle organisation patronale, l'U2P, née du rapprochement entre les artisans et les professions libérales, soit 2,3 millions d'entreprises adhérentes, compte peser de son nouveaux poids dans le monde patronal.

Ne l'appelez plus UPA....mais U2P. L'Union professionnelle artisanale est morte, vive l'Union des entreprises de proximité (U2P) ! Un nouveau nom pour acter le fait que l'Union nationale des professions libérales (UNAPL), jusqu'ici « indépendante » a adhéré officiellement la semaine dernière à l'UPA. D'où ce nouveau nom pour sceller cette nouvelle alliance... qui fait grincer des dents à la CGPME. Car il est exact qu'il s'agit d'une petite révolution dans le monde patronal.

La nouvelle organisation revendique 2,3 millions d'entreprises adhérentes

Car d'un coup d'un seul, la nouvelle organisation patronale va nettement plus peser. Avec l'arrivée de l'UNAPL, la nouvelle U2P représente maintenant 2,3 millions d'entreprises, bien plus que le Medef et la CGPME. Et il y a désormais quatre millions de salariés, soit environ 25% de l'ensemble des salariés du privé, qui travaillent dans des entreprises relevant de l'U2P. Pris globalement, ces entreprises représentent un chiffre d'affaires de... 582 milliards d'euros. L'U2P prévient donc déjà : avec son poids, elle souhaite que les pouvoirs publics comprennent que les normes fiscales et sociales doivent être adaptées à la réalité des petites entreprises... et non aux plus grandes.

D'ailleurs, Jean-Pierre Crouzet, jusqu'ici président de l'UPA et maintenant président de l'U2P, compte interpeller les futurs candidats à l'élection présidentielle sur « les 13 priorités » dégagées par son organisation en matière de droit du travail, de fiscalité, d'apprentissage, etc.

Remise en cause de la représentativité patronale

Mais c'est sur le terrain du paritarisme... et de son financement - les organisations syndicales et patronales se répartissent le fonds de 80 millions d'euros dédié au paritarisme en fonction du poids qu'elles pèsent - que la naissance de l'U2P risque d'avoir des conséquences non négligeables.

Jusqu'ici tout était à peu près clair, Medef, CGPME et UPA, par « arrangement » tacite se répartissaient les mandats patronaux... et les financements qui vont avec. Par exemple, il était d'usage dans les délégations patronales que soit respectée « la règle du 6,3,1 », traduction : 6 sièges pour le Medef, 3 pour la CGPME et 1 pour L'UPA. Mais la nouvelle U2P ne l'entend plus de cette oreille : « fini, les strapontins », grince Jean-Pierre Crouzet. De fait, à l'instar de ce qui a été fait pour les organisations syndicales de salariés, après un interminable feuilleton, la loi Travail d'août 2016 a fixé les critères devant être pris en compte pour déterminer la représentativité réelle des organisations patronale. C'est au printemps 2017 que seront connus les résultats définitifs pour apprécier qui du Medef, de la CGPME et de l'U2P sera considérée comme la plus représentative.

Pour se faire, chaque organisation patronale va agglomérer au niveau national, les résultats obtenus au niveau de chaque branche par ses fédérations professionnelles. Sachant que, pour être représentative, une fédération professionnelle doit compter parmi ses membres soit au moins 8% du nombre des entreprises adhérentes à une organisation sectorielle, soit un nombre d'entreprises employant au moins 8% des salariés. Les résultats sont en cours, mais la collecte est fastidieuse à effectuer. Mais une chose est certaine, la nouvelle U2P, de par sa force, compte tailler des croupières à la CGPME qui d'ailleurs ne cache pas son inquiétude.

Jean-Christophe Chanut
Commentaires 2
à écrit le 26/11/2016 à 15:28
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Les petites et moyennes entreprises françaises doivent rêver de l'adaptabilité de leurs voisines européennes. Artisans et professions libérales ne se délocalisent pas. Ils sont donc producteurs localement, et créent des emplois en France. Les grandes...

à écrit le 25/11/2016 à 6:58
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L'UPA un gadget au sein du MEDEF et une puce au niveau de la considération politique en dehors du blabla politique qui en parle mais n' a jamais reconnu les TPE en général comme un acteur économique au sens industriel du mot, ce qui a une autre con...

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