La pirogue au secours du tourisme polynésien

Pour relancer le tourisme, en panne depuis une décennie, le gouvernement et les élus locaux polynésiens misent sur la culture, les traditions locales... et recherchent des investisseurs.
Avec le Va'a, la prirogue polynésienne, Tahiti et ses îles veulent conquérir le monde.

Elles étaient treize au départ. Douze pirogues de aitos polynésiens - l'aito est le nom de l'arbre de fer - opposées à une pirogue néozélandaise. Leur défi ? Remporter la Tetiaroa Royal Race. Se déroulant sur deux jours les 16 et 17 septembre, cette course dessinait une boucle de 120 kilomètres entre la cité royale d'Arue et l'atoll de Tetiaroa, propriété des héritiers de Marlon Brando, l'acteur américain. Point de départ : la baie de Matavai, à Arue. Point de retour, le tombeau du roi Pomaré V, le dernier roi de Tahiti (1839-1891) qui se trouve à l'intérieur d'un mausolée à la pointe Outuai'ai. Pour la petite histoire, Pomaré V est proclamé roi en 1877. Mais son règne est court. Il abdique en 1880 en faisant don de Tahiti et ses dépendances à la France qui deviennent alors les établissements français d'Océanie. En échange de cette "générosité", il reçoit du gouvernement français une pension et les titres d'officier de la légion d'honneur et du mérite agricole.

Réservée à l'élite du va'a - le nom de pirogue polynésienne - cette course renaît de ses cendres. Elle n'a été organisée que deux fois, en 1981 et en 1982 avant de sombrer doucement dans l'oubli au profit de la Hawaiki nui va'a, une compétition internationale qui se tient le plus souvent en octobre ou en novembre reliant les îles de Huahine, Raiatea, Tahaa et Bora-Bora.

Des objectifs économiques en jeu

"Avec cet exploit sportif, ces milliers de coups de pagaie, nous n'avons pas pour simple objectif de relancer une course mythique deux fois plus longue que la célèbre Molokai hoe", explique Philip Schyle, le maire de la commune d'Arué. "La Molokai" est une course de pirogues polynésiennes longue d'environ 70 kilomètres entre les îles hawaïennes Oahu et Molokai et qui était jusqu'ici la référence internationale dans ce sport nautique.

Avec ce projet, le comité d'organisation se fixe également des objectifs économiques. En donnant un coup de projecteur sur une discipline qui fait partie intégrante de la culture locale - une pirogue orne le drapeau de la Polynésie française - la Tetiaroa Royal Race fait la promotion de l'archipel à travers le monde. Cette initiative vient compléter la politique sectorielle du tourisme de la Polynésie française 2015-2020 élaborée en concertation avec les acteurs locaux et approuvée par le Conseil économique, social et culturel de la Polynésie (CESC) et l'Assemblée de Polynésie française en 2016.

Une fréquentation touristique en hausse

L'année dernière, Tahiti et ses îles ont attiré 180.600 touristes et quelque 211.988 visiteurs en prenant en compte les croisiéristes, soit 1,8 % de plus qu'en 2014. Un secteur de la croisière qui ne parvient pas encore à retrouver son lustre d'antan. Le Club Med 2 ne navigue plus dans l'archipel. Pendant longtemps, avant que le Wind star remplace le Wind song qui a coulé, seul le Paul Gauguin larguait ses amarres dans les îles polynésiennes. Selon l'Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF), la fréquentation touristique est en hausse de 9 % par rapport à 2015 sur les cinq premiers mois de cette année. Sur la même période, les nuitées en hébergement payant progressent de presque 3 %.

En dépit de ce retour en grâce de la Polynésie dans les esprits des voyageurs du monde entier, de nombreux chantiers doivent encore être menés pour que l'archipel tire pleinement parti des bénéfices que procurent ses paysages de carte postale. Le 2 septembre, lors de l'ouverture du 17ème Salon du Tourisme, Jean-Christophe Bouissou, le ministre du Tourisme a déroulé ses priorités.

Des cas de concurrence déloyale

Outre la valorisation de sites remarquables et l'adaptation des infrastructures, il entend mettre fin aux cas de concurrence déloyale entre les professionnels et les non-professionnels du secteur qui frappent, comme la plupart des autres destinations touristiques du monde, la Polynésie. Pour résoudre ce problème, il compte sur la création prochaine du comité de pilotage de la stratégie du tourisme et de celle de l'observatoire du tourisme pour favoriser les échanges et la concertation entre les opérateurs touristiques et les décideurs publics.

« L'hébergement de Tahiti et ses îles, c'est une diversité d'offres où chaque touriste trouve le type d'hébergement qui lui convient. (...) Mais diversité ne veut pas dire iniquité. Le gouvernement, c'est son rôle, doit veiller à ce que toute concurrence s'exerce loyalement et dans la transparence. J'ai été sensible aux arguments des représentants de la petite hôtellerie familiale concernant les locations, souvent de particuliers, qui s'exercent sans déclaration. Il est juste que la charge de l'impôt, qui sert à développer nos infrastructures publiques et à rendre notre destination plus attractive, soit supportée de manière équitable par tous ceux qui tirent des revenus de l'activité touristique. J'ai demandé à mes services de préparer une réglementation qui tienne compte de l'évolution des modes d'hébergement. Les consultations ont eu lieu et ce texte sera soumis à l'examen de l'Assemblée de la Polynésie française avant la fin de l'année ", a-t-il déclaré.

Le projet pharaonique Mahana beach est modifié

D'ici cette échéance, un autre dossier pourrait avancer : le Manaha beach. Pharaonique, le projet initial a capoté. Les investisseurs chinois n'ayant réussi à boucler leur tour de table pour trouver le milliard d'euros nécessaire pour financer ce gigantesque complexe hôtelier. "Nous avons repris la main. Le projet se fera en plusieurs étapes. Plusieurs investisseurs, dont certains étaient intéressés par le projet chinois, devraient participer au financement", confie à La Tribune Teva Rohfritsch, le ministre de la relance économique. " Il sera mené au bout, c'est une certitude car l'offre hôtelière est aujourd'hui insuffisante ", assure le ministre.

Une course internationale

Pour la petite histoire, ce sont les rameurs de l'équipe d'OPT - les postiers - qui ont remporté la Tetiaroa Royal Race, devançant de deux minutes à peine l'équipe des électriciens d'EDT. Leur mérite - leur exploit - est d'autant plus grand que les postiers avaient cassé leur balancier lors de la première étape les obligeant à le réparer en pleine mer ! Et après ? " Cette épreuve aura lieu tous les deux ans. Nous avons bien l'intention d'en faire une course internationale à laquelle participeront au moins cinq équipes étrangères notamment américaines, australiennes, néozélandaises ", explique Philip Schyle. Grâce à la pirogue, la Polynésie française s'ouvre au monde.

Va'a

NB. A l'initiative de Léo Marais, élu de la commune d'Arué, remerciements à Air Tahiti Nui (ATN).

Commentaire 1
à écrit le 20/09/2016 à 9:57
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Il reste que dans bien des Resort de polynesie, les personnels locaux ne sont pas tjrs a la hauteur du service attendu. Trainant des pieds en tong, souvent fiu (fatigue) surtout le lundi apres midi apres le petit dimanche. Bref c'est pas gagne. A l'...

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