La Polynésie en état de calamité naturelle. Et alors ?

La Polynésie française a été frappée en début de semaine par des pluies diluviennes. A Paris, cette situation suscite peu d'émotion.
Fabien Piliu
De nombreuses routes sont toujours impraticables à cause des éboulements et des crues, les sols étant gorgés d'eau.

Tahiti. Un nom magique, ses vahinés qui dansent le tamure, les mutinés du Bounty et des paysages de cartes postales. Telle est, dans l'imaginaire populaire, l'image de Tahiti et des îles qui l'entourent.

Des paysages de cartes postales ? Ils ont subi ces derniers jours les affres de la météo. Si Bora-Bora par exemple, située à deux heures d'avion, est restée au sec, Tahiti et les îles qui l'entourent, parmi lesquelles Moorea ont subi des jours durant un véritable déluge. Dans un communiqué publié lundi - à Paris, dimanche à Tahiti car il y a douze heures de décalage -, le gouvernement de la Polynésie française a placé la collectivité d'Outre-mer "en état de calamité naturelle".

Des routes toujours impraticables

Des centaines de maisons ont été inondées, plusieurs ponts détruits ou endommagés notamment à Mahina, dans le nord de l'île, ou à Punaauia à l'ouest, où le pont de Matatia s'est écroulé. De nombreuses routes sont toujours impraticables à cause des éboulements et des crues, les sols étant gorgés d'eau.

Dans la nuit de samedi à dimanche, un éboulement a fait un blessé grave. Par tyrolienne, 32 personnes, dont un handicapé, ont été secourues par les pompiers, toujours à Mahina, au nord de Tahiti. Lundi , plus de 120 militaires et la Croix Rouge portaient encore secours aux populations.

Plusieurs millions d'euros de dégâts

Six mille foyers étaient privés d'électricité dimanche matin. Selon Electricité de Tahiti (EDT), il restait encore 455 maisons à réalimenter dimanche soir. Plusieurs dizaines de familles ont été relogées en urgence. Lundi, 120 agents du ministère de l'Equipement, qui estime à 10 milliard de francs Pacifique (CFP) - plus de 83 millions d'euros - le coût des dégâts, étaient à pied d'œuvre. Pour l'instant, Paris n'a débloqué une aide financière de 200.000 euros, provenant du " fonds de secours pour les outre-mer" qui a été activé. Cette somme permettra de financer sans délai des opérations habituellement prises en charge par les communes comme le déblaiement, la mise en sécurité des infrastructures et des bâtiments ainsi des actions de solidarité auprès des sinistrés. pour subvenir aux premiers besoins.

Fermé dimanche matin, sa piste étant submergée par 50 centimètres d'eau, l'aéroport international de Faa'a reprend progressivement une activité normale. Attendu à Tahiti lundi, un avion d'Air France, a dû rejoindre Rarotonga, aux Îles Cook. Dans certaines îles comme Maupiti, des pénuries ont un temps guetté, notamment en essence, le "Tahiti nui", le bateau ravitailleur ayant été bloqué à Huahiné.

Les routes encore praticables étant réservées aux secours, tous les établissements scolaires du premier et du second degré étaient fermés lundi à Tahiti et Moorea. Certains le seront encore jusqu'à jeudi. Seule l'université de la Polynésie française, située sur les hauteurs, est restée ouverte.

Dans les zones les plus touchées, certaines communes ont pris des arrêtés d'interdiction de baignade, pour empêcher les surfeurs, attirés par de la forte houle, de prendre des risques inconsidérés. Dans les rues inondées, des personnes ont circulé en pirogue ou en paddleboard pour se déplacer.

Loin des yeux...

A Paris, ces événements passent inaperçus. La primaire de la Belle alliance populaire (BAP) continue de concentrer l'attention du monde politique et des médias. La déléguée de la Polynésie française Caroline Tang a lancé " un appel à la solidarité de toutes les communautés polynésiennes en France ", invitant " ses membres à collecter des vêtements qu'elle centralisera à la délégation de la Polynésie avant de les acheminer à Papeete à l'antenne de la Croix Rouge ". Elle a aussi appelé les Polynésiens de métropole à " organiser des bals, concerts ou lotos afin de récolter des fonds qui seront transférés à la Croix Rouge ".

Le gouvernement se mobilise-t-il ? Ericka Bareigts, la ministre des Outre-mer a exprimé dans un communiqué " toute sa solidarité aux habitants de Polynésie française, qui sont touchés par de très fortes intempéries. Celles-ci ont causé d'importants dégâts matériels, et provoqué des coupures de courant et du réseau téléphonique pour de nombreux foyers". La ministre a également précisé qu'elle se tenait informée de la situation, en lien constant avec le Haut-commissaire.

C'est le moins que l'on puisse attendre de la ministre en charge des Outre-mer. En revanche, du côté de Matignon, ou de l'Elysée, c'est le silence radio. Aucun communiqué de presse ou déclaration officielle n'est venue réconforter les Polynésiens. Dimanche, Bernard Cazeneuve, le Premier ministre a fait un déplacement à la Ferme de l'Isle, une exploitation agricole située dans la Manche pour évoquer la situation du secteur. Lundi, il a présenté ses vœux à la presse. Quant à François Hollande, il était en visite officielle au Chili et en Colombie. Ni la BAP, ni les événements en Polynésie française n'ont semblé l'émouvoir.

Loin des yeux, loin du cœur ? Tout dépend du calendrier électoral en fait. L'élection présidentielle approche. Il reste encore un peu de temps aux candidats pour s'intéresser à l'Outre-mer.

Fabien Piliu
Commentaires 9
à écrit le 20/04/2017 à 13:26
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Bonjour, Madame, Monsieur Vous cherchez à augmenter la production, achat de nouveaux équipements, démarrer une entreprise, développez vos marchés ou accéder aux fonds de roulement pour un projet spécial ? Avez-vous besoin d’une entreprise ou u...

à écrit le 24/01/2017 à 23:04
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Calamité naturelle ou pas, les assurances ont le discours des grands jours : "Bonjour Mme K, Nous avons bien reçu votre déclaration de sinistre. Malheureusement nous sommes au regret de ne pouvoir donner de suite favorable à votre sinistre car sont ...

à écrit le 24/01/2017 à 19:33
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Merci à La Tribune de nous donner régulièrement des nouvelles de l outre-mer. Vous êtes bien les seuls

à écrit le 24/01/2017 à 15:24
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Pauvre Caroline Tang qui n'a pas comrpis que la soldarité des socialistes s'adressaient aux immigrés, de préférence du Moyen-Orient, plutôt qu'aux Français. Aec son revenu universel, Hamon va le confirmer. Quant à la calamité, la France subit Hollan...

à écrit le 24/01/2017 à 14:15
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Sortir de nos FILTRES DE CROYANCES est une tâche importante pour chacun, et surtout pour ceux qui ne veulent pas croire pouvoir changer et évoluer, faire mieux. Qu'ils le disent obtenir plus souvent ! Comme je l'ai fait pour communiquer sur comme...

à écrit le 24/01/2017 à 12:11
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La Polynésie française possède son propre gouvernement et sa propre assemblée donc une autonomie administrative, nous n'allons pas injecter de l'argent pour aider la Polynésie française comme ça, c'est fini l'époque "trop gentil trop con".

le 25/01/2017 à 7:44
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Ma commune (communiste et en déficit chronique)a envoyé 5000 euros pour soutenir les Kurdes de Syrie ...,pas d'avis de réception.,

le 31/01/2017 à 7:30
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Tyrion, tu m'as l'air de pas connaître grand chose à la Polynésie Française à part ce que tu trouve en cherchant sur Google. La Polynésie et un territoire Français ne l'oublie pas, un territoire grand comme l'Europe au milieu du Pacifique, donc strat...

à écrit le 24/01/2017 à 11:13
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Et si jamais on parle de céder ce territoire à un pays voisin, plus à même de réagir rapidement cela semblerait logique, alors là tous les politiciens vont venir s'insurger contre une telle ignominie ! Élections piège à gonds.

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