La reprise ? Quelle reprise ?

L'Insee a nettement révisé à la baisse sa prévision de croissance en 2016. Désormais, c'est une augmentation de 1,3% du PIB qui est anticipée, en dépit de la remontée de l'investissement.
Fabien Piliu
Quand l'investissement repart, le déficit de la balance commerciale se creuse

Quelques jours après la présentation du projet de loi de finances 2017, dont la construction repose sur une prévision de croissance très controversée, l'Insee apporte un peu d'eau au moulin des sceptiques.

L'institut, qui visait en juin une progression de 1,6% du PIB cette année, n'est plus aussi optimiste. Alors que Bercy table sur une croissance annuelle de 1,5%, l'Insee envisage désormais une hausse de 1,3% de l'activité, soit 0,1 point de plus qu'en 2015.

"Les nouvelles prévisions de croissance pour 2016 prennent en compte les conséquences des grèves et des attentats terroristes de l'été. La croissance française reste cependant solide et les prévisions de l'Insee ne remettent en cause ni notre objectif de déficit public pour 2016, ni notre prévision de croissance pour 2017 ", réagit Michel Sapin, le ministre de l'Economie et des Finances.

La confiance de Michel Sapin est intacte

Non seulement Michel Sapin reste confiant mais il distingue en plus deux éléments "porteurs d'espoir " dans les statistiques dévoilées ce jeudi par l'Insee. Il évoque ainsi les créations nettes d'emplois dans le secteur marchand, estimées à 120.000, ce qui permet à l'Insee de prévoir une nette baisse du chômage en France à 9,5 % de la population active fin 2016.  " Soit le plus bas taux de chômage depuis mi 2012 ", précise le ministre.

Il se réjouit également de la forte reprise de l'investissement des entreprises "qui se confirme et s'amplifie ". Les statistiques l'attestent. L'économie française semble sortir d'une période de sous-investissement chronique. Le baromètre Euler Hermes a estimé à 83 milliards d'euros le déficit d'investissement en France entre 2008 et 2015.

Selon l'Insee, la formation brute de capital fixe des entreprises augmenterait de 3,6% en 2016. Elle avait progressé de 1,4% en 2014 puis de 2,7% en 2015. Cette reprise de l'investissement est-elle le signe que les chefs d'entreprises ont à nouveau confiance en l'avenir ? Les récentes enquêtes de conjoncture témoignent d'un réchauffement du climat des affaires. C'est surtout le cas dans l'industrie, selon l'Insee, en dépit des déboires du site d'Alstom de Belfort et du niveau toujours élevé du nombre de défaillances.

Plusieurs éléments expliquent cette remontée de l'investissement des entreprises. Evoquons la résistance de la consommation des ménages qui devrait progresser de 1,5% cette année, un rythme qui reste toutefois moins élevé qu'au cours de  la période 2000-2007 (2,2%).

Le taux de marge continue de remonter

Citons également la politique monétaire accommodante de la Banque centrale européenne (BCE) qui se traduit par une extrême faiblesse des taux d'intérêts emprunteurs. De fait, en juillet et sur un an, la Banque de France observe une augmentation de 3,4% des encours de crédits mobilisés par les entreprises.

Le redressement relativement spectaculaire du taux de marge participe également à cette reprise de l'investissement. Après avoir touché un plancher inédit en 2014, à 29,7% de la valeur ajoutée, il remonte à 31,8% en 2016. Le gouvernement s'en félicite car il voit en cette hausse du taux de marge le résultat de sa politique de l'offre, illustrée notamment par le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) lancé en 2014, les allègements de charges prévus par le Pacte de responsabilité et le prolongement de la mesure de sur-amortissement décidée en avril.

Recherche made in France désespérément

Malheureusement, si la reprise de l'investissement des entreprises doit être saluée, elle doit aussi être relativisée car elle ne représente que 23% de la consommation des ménages et 12% du PIB. Son impact est donc assez faible sur l'activité et l'emploi, comme en convient l'entourage de Michel Sapin. L'essentiel des machines-outils et des biens d'équipement que les entreprises françaises s'offrent ne sont pas produits en France mais le plus souvent en Allemagne, voire au Japon, en Corée du sud ou en Chine. Selon le Syndicat des machines et technologies de production (Symop), la France était en 2014 le septième constructeur européen du secteur, avec une part de marché de 2,4% de la production. Elle était notamment devancée, dans l'ordre, par l'Allemagne (47% de la production !), l'Italie (19%), la Suisse (12%), et l'Espagne (4%).

Dans ce contexte, on peut se demander qui tirera véritablement profit du plan pour l'Industrie du futur que le gouvernement a mis en place.

Au regard de ces éléments, la remontée de l'investissement se traduit mécaniquement par une augmentation du déficit commercial. A Bercy, on relativise l'impact de ce schéma non vertueux, considérant que la modernisation en cours de l'économie française se traduira par une augmentation des exportations. En attendant, le commerce extérieur devrait contribuer négativement à la croissance cette année, à hauteur de 0,4 point de PIB.

Fabien Piliu
Commentaires 29
à écrit le 08/10/2016 à 9:31
Signaler
..." la confiance de M.Sapin est intacte ..." ah oui ? c'a , c'est un scoop ! depuis qu'il est là , sa " confiance est intacte " ...; c'est plustot sa memoire qui doit flancher ? non ?

à écrit le 07/10/2016 à 21:49
Signaler
Une augmentation des exportations? A lire http://www.ladepeche.fr/article/2016/10/05/2433175-ethiopie-inauguration-train-chinois-relier-addis-abeba-port-djibouti.html. En 4 ans les Chinois ont réalisé 762 km de voies ferrées entre Djibouti et Addis A...

à écrit le 07/10/2016 à 13:37
Signaler
la france a perdu 50% de son industrie depuis 2000, cf artus ' la france sans ses usines'........ ca n'a rien d'etonnant, la france fait la chasse au grand capital, qui va donc voir ailleurs vu qu'on le met dehors et comme les services sont en gener...

le 08/10/2016 à 11:12
Signaler
Ah bon ? Je n'ai pas votre grande sapience mais moi, j'aurais plutôt cité la banque, les assurances, le conseil, la santé... dans les grandes entreprises de service. Il me semble aussi que le Royaume Uni a longtemps, avant de se raviser, misé sur une...

à écrit le 07/10/2016 à 11:45
Signaler
Un pays, c’est comme une montgolfière. Si on veut reprendre de l’altitude, il faut lâcher du lest. En France, le lest, c’est un niveau record dépenses publiques, 1 242 milliards d’euros en 2015. Dont 393 milliards d’euros pour les seules dépens...

le 08/10/2016 à 11:13
Signaler
C'est bien vrai tout ça, à part qu'un pays n'a absolument rien de commun avec une montgolfière.

à écrit le 07/10/2016 à 11:22
Signaler
Il faut surtout taxer l'énergie avant tout !

à écrit le 07/10/2016 à 7:45
Signaler
Encore un article très incomplet, qui passe sous silence le fait que Bercy - et peu importe quelle majorité l'habite - ne se base pas que sur les prévisions de l'INSEE, elles-mêmes étant régulièrement démenties, à la baisse comme à la hausse, par les...

le 07/10/2016 à 13:39
Signaler
au lieu d'accuser les entreprises que vous vous amusez a couler en rigolant, on ne peut que vous suggerer de vous taper le boulot tt seul avec votre temps, votre argent et en sacrifiant votre vie de famille a part vous ca n'interesse plus personne d...

le 08/10/2016 à 11:15
Signaler
Il ne s'agit effectivement que d'une prévision qui sera démentie, comme à chaque fois, par le taux qui sera définitivement établi pour l'année 2016, aux alentours de l'été 2017. Mais il faut bien publier des articles...

à écrit le 07/10/2016 à 7:42
Signaler
Taxer le travail favorise le chomage; taxer le capital décourage l'investissement; taxer l'énergie incite à économiser l'énergie. C'est justement ce que l'on recherche avec la transition énergétique. Il faut réduire le cout du travail en augmentant l...

le 07/10/2016 à 12:22
Signaler
Entièrement d'accord, c'est dans ce sens là qu'il faut aller. D'autant plus que cela permettrait de rentabiliser le développement d'énergies renouvelables dont on peut espérer que cela créera des emplois en France et qu'en taxant l'énergie on diminue...

le 07/10/2016 à 13:39
Signaler
A Ced. Merci pour votre encouragement. De plus, cela permet de réduire le chomage, de retrouver un peu de croissance, de protéger le climat, éventuellement d'assurer le financement des retraites, etc...

le 07/10/2016 à 16:27
Signaler
Enorme erreur Gépé ! Taxer l'énergie revient à taxer le travail, car le travail est ce qui consomme le plus d'énergie dans notre société. Une augmentation du PIB implique une augmentation de la consommation d'énergie, et la corrélation est très forte...

le 08/10/2016 à 11:19
Signaler
Dingo le bien nommé se trompe en affirmant que le travail en France, c'est de l'énergie. La spécificité du travail sur le territoire national réside en ce qu'il est peu consommateur d'énergie. En outre, elle n'est pas payée au même tarif que pour le ...

le 09/10/2016 à 9:16
Signaler
Havoc, je ne parlais pas du cas spécifique de la France, car compte tenu du nombre de fonctionnaires dans notre pays, la consommation d'énergie tendrait même à baisser LOL Jette un regard à la courbe de l'évolution du PIB par rapport à celle de la co...

à écrit le 07/10/2016 à 7:28
Signaler
On va acheter des TGV pour faire repartir la croissance !

à écrit le 07/10/2016 à 5:51
Signaler
Bientôt à la retraite, presque 40 ans de boulot, j'ai vécu 40 ans de crise, alors ne parlez pas de reprise...!!!!???? ;-)

le 07/10/2016 à 10:57
Signaler
Mais non ! Tu as eu la chance de vivre 40 années de "reprise" LOL Et aujourd'hui, on vie une belle reprise du chômage, car avec 1.3 de croissance, c'est 0.2 de moins nécessaire pour une simple stabilisation : c'est donc une dépression économique qui...

le 08/10/2016 à 11:21
Signaler
Raymond Barre voyait le bout du tunnel. Maintenant, il est de l'autre côté, mais il ne peut pas nous dire ce qu'il y a trouvé.

à écrit le 07/10/2016 à 5:51
Signaler
Les outils de propagande électorale de pépère et de sa bande de mythomane ne fonctionnent pas. La fuite du chômage est toujours présente. Les emplois aidés ne sont pas la solution. Il faut mettre en place tout au long de la carrière une formation p...

le 07/10/2016 à 7:58
Signaler
Pas un mot sur l'alignement des retraites public/privé .... ni jours de carence !

à écrit le 06/10/2016 à 21:19
Signaler
Comment oublier dans ce trou d'air économique l'impact des récoltes désastreuses liées à un printemps et un début d'été bien trop frais et humides, une saison touristique minée non seulement par cette même météo et l'attentat de Nice, mais aussi et s...

à écrit le 06/10/2016 à 18:30
Signaler
Elle était notamment devancée, dans l'ordre, par l'Allemagne (47% de la production !), l'Italie (19%), la Suisse (12%), et l'Espagne (4%). Derriére l'Espagne ! Tout est dit. Symbole d'un déclin francais permanent.

le 06/10/2016 à 21:06
Signaler
L'Italie résiste bien, quant à l'Espagne, c'est le fruit de choix économiques intelligents d'efforts sur la compétitivité-coûts.

le 08/10/2016 à 7:56
Signaler
Ces chiffres appartiennent a une niche que depuis longtemps la France a abandonner ... Comparer la France avec le Maroc dans la fabrication textile et vous verrez que nous sommes loin derrière . Si vous vous déplacez dans les salons de machines ou...

le 08/10/2016 à 20:49
Signaler
@L'horloger : le problème est qu'en matière industrielle la France a à peu près TOUT abandonné. biens d'équipement comme de consommation. Et le fait qu'un pays comme la Suisse, aux coûts salariaux très élevés, ait une part de marché des biens d'équip...

le 09/10/2016 à 10:23
Signaler
On n'a pas loupé le train dans la gare , on l'a laissé partir a vide ... Juste après les 30 glorieuses le monde technique n'avait pas la côte , les français ne voulaient plus produire dans des usines ou retourner dans les mines . On a fait appel a l...

à écrit le 06/10/2016 à 18:17
Signaler
Ça fait très longtemps que ce Monsieur Sapin n'est plus crédible. C'est une planche pourrie

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.