Le commerce extérieur tricolore plombé par le Brexit ?

Quelles seront les conséquences du Brexit sur un commerce extérieur tricolore déjà peu vaillant ? En 2015, le Royaume-Uni était le pays avec lequel la France affichait son excédent commercial le plus élevé.
Fabien Piliu
En 2015, la France a dégagé un excédent commercial de 12,1 milliards d'euros avec le Royaume-Uni.

Il n'y a pas que dans la sphère politique où les défenseurs d'une certaine idée de l'Europe et les marchés financiers à redouter les conséquences de la sortie désormais programmée du Royaume-Uni de l'Union européenne.

En effet, l'appareil exportateur français devrait pâtir de cette décision. C'est regrettable, compte tenu de la faiblesse chronique du commerce extérieur tricolore, en déficit chronique depuis 2003. C'est d'autant plus regrettable que le Royaume-Uni est l'un des rares pays avec lequel la France affiche un excédent commercial. Mieux, c'est le pays avec lequel la France dégage son excédent commercial le plus élevé. Il s'est élevé à 12,1 milliards d'euros, en hausse d'un milliard d'euros par rapport à 2014.

" Les ventes au Royaume-Uni sont dynamiques, portées par la demande des ménages britanniques et par la dépréciation de l'euro par rapport à la livre (-10 %) ", expliquaient les services des Douanes dans leur bilan annuel.

La plupart des secteurs touchés

Qu'exportent les entreprises françaises ? L'excédent de la France vient essentiellement des produits manufacturés dont le solde de 12 milliards d'euros en 2014, a progressé de près de 50 % par rapport à 2011. L'excédent agricole est marginal. Il tient principalement aux céréales, la France étant le premier fournisseur du Royaume-Uni. Il s'élève à 200 millions d'euros. " Les échanges de biens manufacturés entre la France et le Royaume-Uni portent sur des produits similaires, ce qui reflète un commerce intra-branche très important ainsi qu'une forte proportion d'échanges intra-groupes ", précisent les Douanes, citant notamment de la chimie, l'aéronautique et la pharmacie.

Le secteur agroalimentaire, qui a généré un excédent de 2,6 milliards d'euros en 2014, devrait aussi souffrir. Ce devrait être tout particulièrement le cas des boissons qui représentent un tiers des ventes et contribuent au tiers de cet excédent. Faut-il rappeler que le Royaume-Uni est  la première destination des ventes de vins français au monde, devant les Etats-Unis et l'Allemagne. " Le Royaume-Uni achète également à la France des produits laitiers (notamment fromages), des préparations alimentaires (café, chocolat, sucre) et des aliments pour animaux ", complètent les Douanes.

A noter, la France ne devrait pas être la seule économie de la zone euro à souffrir du "out" britannique. En effet, parce le Royaume-Uni est très dépendant des importations de biens - dans cette économie tertiarisée, l'industrie ne pesait que 14% du PIB en 2012 - i Il présente le plus gros déficit commercial européen. Celui-ci s'élevait à134 milliards d'euros en 2014 selon les Douanes .

Un accord de libre-échange sera-t-il signé ?

Compte tenu de la dépréciation attendue de la livre sterling - les variations des experts tablent sur des baisses comprises entre 5% et 30% de la monnaie britannique alors que la monnaie britannique a déjà perdu 4,5 % face à l'euro -, mais également d'un relèvement probable des droits de douanes si aucun de libre échange n'est signé, les importations britanniques devraient mécaniquement baisser.

Selon le cabinet Euler Hermès, la France ferait partie des six pays les plus touchés par un Brexit couplé à l'absence d'accord ultérieur de libre-échange conclu avec l'Union européenne, Ses calculs aboutissent au résultat suivant : les entreprises françaises pourraient enregistrer jusqu'à 3,2 milliards d'euros de pertes additionnelles à l'export d'ici 2019 si aucun accord de libre-échange n'est signé.

Effet minime sur l'emploi

Quelles pourraient être les conséquences sur l'emploi ? A toutes choses malheur est bon.... Compte tenu de la faiblesse de l'appareil exportateur tricolore - la France ne compte que 120.000 entreprises exportatrices, une sur deux ne développant pas de courant d'affaires réguliers -, les dégâts sociaux devraient être limités. Lors de la crise de 2009, cette faible exposition au commerce extérieur avait permis à l'économie française de limiter la casse. Alors que le PIB de la France avait reculé de 2,5% en 2009, le PIB allemand avait enregistré une chute de 5%.

Dans un scénario idéal, les exportateurs français réorienteraient géographiquement leur stratégie commerciale pour compenser les pertes subies au Royaume-Uni. Cette hypothèse est-elle crédible ? Tant que l'export ne sera pas une priorité ne sera pas une priorité pour les entreprises françaises, ses chances sont faibles.

Fabien Piliu
Commentaires 4
à écrit le 24/06/2016 à 20:31
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En quoi le Brexit va t il contrarier le commerce exterieur, si oui ce sera des 2 cotés donc ?

à écrit le 24/06/2016 à 18:27
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Il y avait déjà l'embargo avec la Russie,douloureux pour les agriculteurs S'ajoute la décision de quitter l'UE des Anglais, je crains que bientôt nos amis agriculteurs croulant sous les stocks d'invendus, recommencent les festivités purin devant les ...

à écrit le 24/06/2016 à 17:15
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Il n'y a pas que le fric ,dans la vie . Il y a une identité , une culture , des coutumes , une histoire , des soldats morts pour leur patrie , des peuples qui veulent choisir leur destin ,les gens qu'ils accueillent mais pas des invasions barbares. S...

le 24/06/2016 à 20:33
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Vive l'Europe dans la GB !

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