Le millefeuille français pousse vers une stratégie de vaccination décentralisée

Pour accélérer la vaccination sur le terrain, les régions demandent au gouvernement des stratégies différenciées en « priorisant » les départements en alerte maximale. Les conseils départementaux travaillent, eux, déjà en étroite collaboration avec les préfets. De même, les petites villes proposent d'instituer des instances consultatives à l'échelon départemental.
César Armand
(Crédits : SERGEY PIVOVAROV)

Les réunions de crise - sanitaire - entre les collectivités et le gouvernement ne datent pas d'hier mais certaines sont plus conclusives que d'autres. Le 12 janvier dernier, Olivier Véran, ministre de la Santé et neurologue de profession, a accepté l'idée de Jean Rottner, président (LR) de la région Grand-Est et urgentiste de métier, de créer des « cellules régionales de pilotage de la vaccination ».

L'objectif est simple : après la phase 1 concentrée sur les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), il s'agit « d'anticiper les phases 2 et 3 » de la campagne de vaccination. Autrement dit, celle des personnes les plus fragiles, avant « le temps de la vaccination de masse ».

« Sous la co-présidence du directeur général de l'Agence régionale de santé et du préfet de région, elles réuniront de manière hebdomadaire le président de conseil régional, des départements et des ordres régionaux des médecins et pharmaciens », explique l'association Régions de France qui rassemble l'ensemble des président(e)s de région.

Le préfet de département au pilotage

« Organiser une réunion hebdomadaire, c'est prendre le risque d'alourdir encore le processus décisionnel avec un ''machin''. Le seul avantage à en tirer serait l'échange de pratiques », réagit André Accary, président (Divers droite) du conseil départemental de Saône-et-Loire (71) et représentant de l'Assemblée des départements de France (ADF) au comité des élus relatifs à la campagne de vaccination mis en place par le gouvernement.

Le patron du 71, qui a « toujours » plaidé pour la suppression des agences régionales de santé (ARS), a aussi écrit au chef de l'Etat fin décembre pour que le pilotage revienne au préfet de département. « Depuis deux semaines, ça fonctionne ! », assure-t-il. « En trois jours, nous avons vacciné tous les pompiers de 50 ans et plus », ajoute l'élu lui-même âgé de 54 ans.

Sous sa casquette de président du service départemental d'incendie et de secours (SDIS), André Accary a confié à neuf pompiers la direction et la responsabilité de neuf centres disséminés dans neuf villes de Saône-et-Loire. De même qu'il a libéré dix de ses agents territoriaux au service de la cellule d'appels téléphoniques montée par le préfet. Dans l'Allier, Claude Riboulet (UDI) lance, le 15, son «bus de vaccination mobile».

"Prioriser" les départements en alerte maximale

Parallèlement, le ministre de la Santé, Olivier Véran, propose aux conseils régionaux de « renforcer » la campagne de communication nationale en leur mettant à disposition tous les logos en cours de réalisation afin qu'ils les réutilisent eux-mêmes. Un « premier pas nécessaire sur le chemin d'une campagne territorialisée » pour le président (LR) de Régions de France, Renaud Muselier, mais qui reste insuffisant.

« En particulier, nous voulons connaître précisément les doses de vaccins livrées dans notre pays et disponibles aujourd'hui (nombre de vaccins, délais de livraison...) », déclare le patron de la région Sud (ex-PACA, Ndlr).

Les conseils régionaux suggèrent en outre au gouvernement de territorialiser et de différencier la stratégie de vaccination « en priorisant » les départements ayant dépassé la côte d'alerte maximale (taux d'incidence >250), tout en mettant en place un « conseil des territoires », une instance nationale de co-construction et d'évaluation avec les collectivités. Enfin, ils demandent à « ne pas empêcher » les régions qui souhaitent acheter des vaccins.

Une marotte a priori déjà refusée par l'exécutif. D'après Le Canard Enchaîné, le ministre de la Santé Olivier Véran aurait martelé : « Ils savent très bien qu'ils ne peuvent pas acheter de vaccins ! » De même que le président de la République aurait estimé que « les régions ne sont responsables de rien, elles n'ont pas de compétences juridiques ou financières sur le sujet ».

« La proximité des régionales conduit les plus sensés de nos opposants à perdre la raison », aurait encore asséné Emmanuel Macron.

Les petites villes pour une "instance départementale"

Déjà (ré)élu(e)s en mars et juin 2020, à la différence des président(e)s de région, les maires montent également au front. Présidée par le maire (PS) de Barentin (Seine-Maritime) Christophe Bouillon, l'association des petites villes de France déplore « le manque de concertation et d'informations claires des administrations centrales et déconcentrées de l'Etat [et] leur réticence à véritablement associer les collectivités locales à la stratégie et à la campagne vaccinales ».

« Instituer une instance consultative territorialisée, à l'échelon départemental afin que les élus locaux soient associés et impliqués dans la déclinaison de la stratégie vaccinale (...) une telle instance doit permettre une co-construction et une mise en application plus efficiente de la politique de santé à l'échelon local », écrivent-ils encore dans une déclaration transmise à la presse.

Ainsi, les conseils régionaux appellent à des stratégies différenciées selon les régions, tout en priorisant les départements les plus touchés. En attendant, les conseils départementaux s'organisent déjà pour monter des réunions autour des préfets de département, de même que les élus locaux souhaiteraient le développement d'instances à l'échelle départementale.

Après avoir épousé le périmètre de sa métropole - Lyon en 2015 -, fusionné avec son voisin - la Corse en 2018 -, sa ville-centre - Paris en 2019 -, ou encore disparu - Bas et Haut-Rhin en 2021 -, le conseil départemental n'est pas mort. Il a reçu sa dose de vaccin.

César Armand
Commentaires 3
à écrit le 15/01/2021 à 15:26
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Je pense que l'on devrait sans doute créer de nouvelles administrations dédiées à la vaccination, dont le territoire serait l'équivalent de 1.5 département, positionné sur 3 départements non frontaliers et pouvant se trouver dans 1 à 3 régions admini...

le 18/01/2021 à 11:06
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Vous voulez faire le total contraire de notre "Jupiter"... Vous allez bientôt perdre votre nationalité a dire des choses pareils...

à écrit le 15/01/2021 à 10:58
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encore des occasion de perdu pour réduire le mille feuille Français la macronie a encore amplifié les procedures allant jusqu'a reduire au service minimum les pouvoir des elus depute senateur et maire et elus des regions pour des tirez au sort t...

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