Le "profil" du demandeur d'emploi a changé en vingt ans

En 1996, les demandeurs d'emploi inscrits étaient majoritairement des femmes et seuls 29% avaient le bac. Vingt ans plus tard, les chômeurs sont autant des femmes que des hommes et 46% sont titulaires du bac. L'évolution du marché du travail et la crise de 2008 sont passées par là.
Jean-Christophe Chanut
En 1996, l'êge moyen du demandeur d'emploi inscrit était inférieur à 40 ans. Vingt ans plus tard, il dépasse 40. Il faut dire qu'entre 1996 et 2015, le taux d'activité des 50 ans ou plus a progressé, passant de 48% à 63%.

C'est une petite infographie fort instructive et intéressante que vient de publier Pôle emploi. Elle dresse l'évolution du profil type du demandeur d'emploi à quasi vingt ans d'intervalle, entre 1996 et 2015. Et, c'est le moins que l'on puisse dire, le chômeur type de 1996 ne ressemble plus vraiment à celui de 2016. L'évolution du marché du travail, les changements de législation et la crise économique de 2008 sont passés par là.

En 1996, le demandeur d'emploi à moins de 40 ans et c'est une femme

En 1996, le demandeur d'emploi est plutôt âgé de moins de 40 ans. « Il » est une femme (53%). En outre, 87% des inscrits à l'ANPE de l'époque - l'ancêtre de Pôle emploi - sont des ouvriers ou des employés. Seuls 29% des inscrits sont titulaire d'un bac. Ils restent inscrits 360 jours en moyenne et 19% seulement exercent une activité professionnelle tout en étant inscrits.

anpe 96

En 2015, changement presque total. Les femmes représentent la moitié des demandeurs d'emploi. L'âge moyen des inscrits à Pole emploi dépasse les 40 ans. Et 46% sont titulaires du bac. En revanche, les mêmes proportions (87%) sont des employés ou des ouvriers. Quant à la durée moyenne d'inscription, elle s'est considérablement allongée à 400 jours en moyenne et 34% des inscrits exercent parallèlement une activité professionnelle.

pole emploi 2016

Un contexte qui a considérablement évolué en 20 ans

Comment expliquer ces évolutions ? Les facteurs sont de plusieurs ordres. S'agissant de la proportion en forte hausse de titulaires du bac, il faut y voir là le résultat de la politique lancée par Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l'Éducation nationale, tendant à ce que 85% d'une classe d'âge aient son bac. Quant à la chute de 53% à 50% du taux de femmes parmi les inscrits, il faut avoir à l'esprit que, certes, le taux d'activité des femmes a progressé sur vingt ans, passant de 49% à 52%, mais la crise économique de 2008 a surtout touché les secteurs industriels peu féminisés, ce qui explique en partie ce rééquilibrage.

Et si l'âge moyen des chômeurs inscrits augmente, ceci est lié au fait qu'entre 1996 et 2015, le taux d'activité des 50 ans ou plus a progressé, passant de 48% à 63%. Dans le même temps, la part des 50 ans ou plus parmi les demandeurs d'emploi est à la hausse, passant de 12% à 23%. Plusieurs facteurs ont joué. D'abord, les législations successives retardant l'âge du départ à la retraite, notamment celles de 2010, ont mécaniquement fait augmenter le nombre des chômeurs âgés. Ensuite, la fin de la dispense de recherche d'emploi pour les « seniors » a été décidée en 2008. Là aussi, cela a mécaniquement gonflé le nombre des chômeurs âgés. Enfin, la rupture conventionnelle du contrat de travail, instituée en 2008, a touché un grand nombre de salariés, et notamment de cadres, de plus de 50 ans.

Enfin, si la part des demandeurs d'emploi inscrit exerçant parallèlement une activité professionnelle a bondi de 19% à 34%, il faut y voir là le résultat de toutes les politiques incitatives à la reprise d'un emploi menée par les gestionnaires de l'assurance chômage, quitte à ce que celui-ci soit faiblement rémunéré. Le dernier exemple en date étant le mécanisme des « droits rechargeables » décidé en 2014 par les partenaires sociaux.

Jean-Christophe Chanut
Commentaires 15
à écrit le 24/10/2016 à 13:54
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"les législations successives retardant l'âge du départ à la retraite, notamment celles de 2010, ont mécaniquement fait augmenter le nombre des chômeurs âgés". On imagine ce que cela va donner avec une retraite à 65 ans si la droite repasse.

à écrit le 24/10/2016 à 7:12
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Ce taux de chômage était inévitable à force de faire croire à toute une génération d'élève que chacun pourrait faire le métier qu'il désirerait. La structure de l'économie française est ce qu'elle est : le nombre d'emploie nécessitant de longues étud...

le 24/10/2016 à 13:55
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Tu mettras en application ce discours pour tes gosses ou ceux des autres ?

le 24/10/2016 à 15:45
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@Lachose Tout à fait. Tout d'abord, je leur conseillerai de bien choisir ce qu'ils aiment même si ce n'est pas évident de choisir une voie quand on est encore au lycée. Et en tout cas, je leur dissuaderai de faire n'importe quelles études sur les sc...

à écrit le 22/10/2016 à 9:29
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oui bon, faut relativiser la france offre genereusement le bac a tt le monde; 150% de la population francaise a le bac....... la ministre a meme dit que tt le monde devait avoir droit a un master, donc dans 10 ans vous n'aurez plus que des bac +5 a...

le 23/10/2016 à 3:36
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"150% de la population francaise a le bac" visiblement, vous avez du louper le votre .

à écrit le 22/10/2016 à 2:15
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En 2017, à cause du taux énorme de chomage, les patrons ont le choix, et donc sont devenus trop exigeants. Par exemple, ils veulent un bac+5 , agé de 30 ans, avec 10 ans d'expérience, payé au smic, pour faire le ménage, et qu'on peut virer du jour au...

le 22/10/2016 à 12:30
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Si elle est plutot mignone c'est encore mieux.

à écrit le 21/10/2016 à 17:28
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Il y a 20-30 ans, les chose étaient tout de même plus simples. On ne demandait pas, par exemple, le bac +2 pour un emploi de femme de ménage...oups technicienne de surface. Les entreprises avaient des formations sur le tas et s'efforçaient de garder ...

à écrit le 21/10/2016 à 16:10
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Expansion du domaine de la misère. Et pendant ce temps là nos politiciens se pavanent au sein des médias de masse pour faire leur promotion pour 2017 alors qu'aucun d'entre eux ne fera quoi que ce soit pour le peuple français, même ceux qui parle...

le 21/10/2016 à 18:28
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On attend que toi citoyen blasé ! Ton charisme et tes idées vont t aider. Allez lances toi .

à écrit le 21/10/2016 à 15:59
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Le Figaro a écrit en septembre et avril derniers que les demandeurs d'emploi recherchent plutôt des CDD/intérim. quid en 1996 ?

le 22/10/2016 à 5:30
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C'était la même chose à cause de la prime des 10% de congés et de 6 % de précarité

le 22/10/2016 à 9:16
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Le Figaro forge un discours patronal : y a que des contrats précaire ? C'est tant mieux car c'est ce que souhaitent les salariés.

le 23/10/2016 à 10:42
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Nathan, c'est une enquête de Pôle Emploi qui le dit : les entreprises ont du mal à recruter en CDI ; les demandeurs d'emploi répondent plus favorablement aux offres temporaires (Le Figaro, 21/04/2016).

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