Les créations d'entreprises à un niveau inédit depuis 2010

[Graphiques] D'après l'Insee, le nombre de créations d'entreprises a dépassé la barre symbolique des 50.000 en juillet dernier. Cette dynamique est principalement portée par les secteurs du transport et du soutien aux entreprises.
Grégoire Normand
Les derniers indicateurs relatifs à la démographie d'entreprises illustrent une dynamique de l'entrepreneuriat en France au cours de ces derniers trimestres.

L'entrepreneuriat connaît une embellie. En juillet dernier, le nombre total de créations d'entreprises toutes catégories confondues a augmenté de 4,9% après une hausse de 3% en juin selon les données de l'Insee publiées récemment. Ce dynamisme a été alimenté par une forte accélération des immatriculations de micro-entrepreneurs (ex-auto-entrepreneurs), en hausse de 11,6% après 4,5% en juin. A l'inverse, les créations d'entreprises classiques ont ralenti, avec une progression limitée à 0,5%, après 1,9% en juin.

Plus de 50.000 créations d'entreprises

Au total, 51.153 entreprises ont été créées en juillet dernier contre 48.753 en juin dernier et 45.274 en juillet 2016 selon les données publiées par l'institut. C'est un niveau jamais atteint depuis octobre 2010. Par ailleurs, le nombre cumulé de créations au cours des trois derniers mois a augmenté nettement par rapport à la même période un an plus tôt. Les immatriculations de micro-entrepreneurs rebondissent (+6,7 % après −4,8 %) et les créations de sociétés continuent d'augmenter à un rythme soutenu (+5,6 %).

La forte hausse observée à partir de 2009 correspond à l'entrée en vigueur du régime des auto-entrepreneurs. Ce statut permet au salariés, chômeurs, retraités ou étudiants de développer une activité à titre principal ou complémentaire pour accroître leurs revenus avec des démarches simplifiées et un régime fiscal avantageux. Depuis le 19 décembre 2014, "de nouvelles dispositions définies par la loi Pinel de juin 2014 s'appliquent au régime de l'auto-entrepreneur. En particulier le terme de micro-entrepreneur se substitue à celui d'auto-entrepreneur" rappelle l'Insee.

En excluant les micro-entrepreneurs, le total des entreprises créées s'élève à 29.365 en hausse régulière depuis septembre 2014. Le mois dernier, 39,9% des créations enregistrées au cours des douze mois précédents étaient des demandes d'immatriculation de micro-entrepreneurs, contre 40,9% un an plus tôt

Dynamisme du transport

"Le soutien aux entreprises et les transports sont les secteurs qui contribuent le plus à la hausse globale", a précisé l'organisme public de statistiques. Il semble que le secteur de la livraison à domicile ait connu une amélioration ces dernières années au regard des données publiées par l'Insee.

 Dans une étude publiée en janvier dernier, les experts de l'Insee notaient que :

"Les créations d'entreprises dans les transports et l'entreposage progressent très fortement depuis quelques années : + 56 % en 2016, après + 46 % en 2015 et + 35 % en 2014. En 2016, c'est dans ce secteur que la croissance des créations d'entreprises est la plus importante. Cet envol est dû au succès grandissant des "autres activités de poste et de courrier", incluant la livraison à domicile (13.500 créations en 2016 après 3.900 en 2015 et 1.900 en moyenne chaque année depuis 2009)."

Le développement du transport de voyageurs par taxi est le second facteur expliquant l'essor de ce secteur. Il représente 13.400 créations en 2016, après 10.200 en 2015 et 6.900 en 2014. Ce fort dynamisme peut s'expliquer en partie par "le développement des entreprises de voitures de transport avec chauffeur (VTC) depuis l'application de la loi Thévenoud sur les taxis et VTC. Dans cette activité, les sociétés constituent 53 % des créations et contribuent à la totalité de la hausse."

Peu d'effet sur l'emploi

Cette montée en puissance de l'entrepreneuriat ces dernières années a peu d'effet sur l'emploi. Selon une récente enquête de l'agence france entrepreneur publiée au mois de juillet dernier, le nombre de créations d'entreprises qui emploient des salariés au démarrage baisse régulièrement.

Pour Alain Belais, directeur général de l'AFE, "les nouveaux entrepreneurs s'avèrent être de moins en moins employeurs car ils sont davantage motivés par la création de leur propre emploi au détriment d'une logique de développement de leur entreprise".

> Lire aussi : Entrepreneuriat : les créations d'entreprises traditionnelles s'envolent

Des défaillances d'entreprises en baisse

Dans le même temps, le nombre de défaillances d'entreprises enregistrées par les services de la banque de France baisse régulièrement. Selon les derniers chiffres publiés le 10 août dernier, le nombre de défaillances enregistrées sur les douze derniers mois diminue de 9% à fin mai dernier pour atteindre 4.860 défaillances en mai dernier.

Les secteurs de la construction et de l'immobilier enregistrent les plus forts reculs du nombre de défaillances sur 12 mois (respectivement -15,4 % et -10,3 %). En revanche, "les défaillances progressent sur 12 mois dans le secteur de l'agriculture, sylviculture et pêche (+9,4 %) et se stabilisent dans les transports et entreposage (+0,9 %)".

 Au niveau du type d'entreprise, les défaillances cumulées sur 12 mois reculent pour l'ensemble des PME (-9,0 %), et notamment pour les TPE (-16,6 %). Pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grandes entreprises (+ de 5.000 salariés), la hausse s'est élevée à 20% sur un an après plusieurs mois de baisse consécutive.

Les derniers chiffres de la Banque de France confirment ainsi les bonnes tendances du premier trimestre 2017. Le directeur des études du cabinet Altares Thierry Millon avait expliqué les signes d'une embellie pour la démographie d'entreprises déjà entamée en 2016 dans une précédente enquête :

 "En 2016, l'indicateur des défaillances d'entreprises avait déjà donné toute la mesure d'une reprise de l'économie réelle que le chiffre d'une croissance poussive (1,1%) semblait vouloir tempérer ; le nombre des ouvertures de procédures collectives retombait enfin, et largement, sous le plancher des 60.000 défaillances annuelles (58.000) pour la première fois depuis début 2009 [...] Ce début d'année 2017 poursuit ce mouvement et fait à son tour sauter un autre verrou inviolable depuis le début de crise ; moins de 16.000 jugements (15.600 ; -3,9%) ont été prononcés sur les trois premiers mois, un nombre au plus bas depuis début 2008 (14.600)."

Cette tendance signifie également que moins d'emplois sont menacés sur le territoire français. "En moyenne sur cinq ans, chaque premier trimestre menaçait plus de 58.000 emplois directs face aux défaillances ouvertes ; ce nombre a même dépassé 66.000 début 2015 et 73.000 début 2009. Sur ces trois premiers mois 2017, 44.400 emplois directs sont placés en sursis". Thierry Millon explique "qu'au-delà de ces valeurs brutes, et souvent brutales, le nombre d'emplois menacés rapporté à chaque entreprise défaillante illustre davantage l'amélioration observée début 2017".

Grégoire Normand
Commentaires 3
à écrit le 30/08/2017 à 18:29
Signaler
La réduction de l’impôt sur les entreprises, je m'en fiche ! J'attends qu'on nous parle d'une réduction des charges , pour 1euro versé ça coûte 2 euros .... c'est ce que toutes les entreprises attendent ... n'en dép...

à écrit le 30/08/2017 à 14:54
Signaler
Quand les rafraichissements seront un peu moins pénibles, je pourrais lire votre journal.

le 31/08/2017 à 8:09
Signaler
C'est pourtant simple a eviter. Taper a toute berzingue et hop, c'est gagne.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.