Le ton monte entre le gouvernement et les syndicats. François Hollande a annoncé mercredi en conseil des ministres que les manifestations futures contre la loi Travail pourraient désormais être interdites.
La manifestation de mardi, qui a réuni 1 million de personnes à Paris selon les syndicats (80.000 selon les autorités) et 300.000 de plus à travers la France, a été le théâtre d'affrontements entre casseurs et policiers. Au total, au moins 29 policiers et 11 manifestants ont été blessés, tandis que 58 personnes ont été interpellées, selon la préfecture de de police. Fait rare, les forces de l'ordre ont eu recours a un canon à eau pour disperser la foule près du carrefour Duroc, non loin des Invalides
Pour François Hollande, si la préservation "des biens et des personnes" ne pouvait plus être garantie, l'exécutif pourrait décider de ne pas autoriser les prochains rassemblements. La CGT a immédiatement réagi en évoquant "un gouvernement aux abois" et en établissant un parallèle avec l'Euro :
"Comme il n'est pas de la responsabilité des supporters d'assurer la sécurité dans et autour des stades de l'euro de football, de la même façon il n'est pas de la responsabilité des manifestants d'assurer la sécurité dans et autour d'une manifestation autorisée par la préfecture de police" écrit le syndicat dans un communiqué.
Pas d'évolution sur la loi Travail
Le gouvernement refuse en tout cas de lâcher du lest sur la loi Travail. Le texte ne bougera pas d'une virgule. Invité de France Inter mercredi matin 15 juin, le Premier ministre Manuel Valls a réaffirmé qu'il ne "changera(it) pas" le projet de loi travail avant de dénoncer l'attitude "ambigüe" de la CGT à l'égard des casseurs et appelé le syndicat à ne plus organiser de grandes manifestations à Paris.
"Le gouvernement ne changera pas un texte qui est déjà le résultat d'un compromis avec les syndicats réformistes il y a plusieurs mois", a assuré le Premier ministre. "Je demande à la CGT de ne plus organiser ce type de manifestations sur Paris et au cas par cas, car vous savez qu'on ne peut pas prononcer une interdiction générale, nous prendrons, nous, nos responsabilités", a-t-il dit, fustigeant des casseurs "qui voulaient sans doute tuer" des policiers.
Rendez-vous entre la CGT et Myriam El Khomri vendredi
Prochaine étape pour les syndicats contestataires, qui ont salué la forte mobilisation de mardi, le rendez-vous, vendredi, entre le numéro un de la CGT Philippe Martinez et la ministre du Travail Myriam El Khomri - le premier depuis mars - pour "clarifier les choses et mettre sur la table les propositions de la CGT". Signe que les lignes (re)recommencent à bouger? Sans doute, même si l'intersyndicale a déjà appelé à de nouvelles journées d'actions fin juin. Mais l'attitude de la CGT-cheminots, qui a décidé de ne pas faire jouer son droit d'opposition contre les nouveaux accords d'entreprise, montre que l'heure est plutôt à la détente.
(Avec AFP)