Loi Travail : la motion de censure rejetée, la mobilisation dans la rue marque le pas

Sans surprise, la motion de censure déposée par la droite n’a pas atteint la majorité absolue. La loi Travail va donc poursuivre son parcours législatif devant le Sénat, avant de revenir devant l’Assemblée. Plusieurs dizaines de milliers d'opposants ont manifesté dans les rues, jeudi. Mais la mobilisation marque le pas.
Sans surprise, les députés n'ont pas approuvé la motion de censure de la droite contre le gouvernement.

Publié le 12/05/2016 à 18:36. Mis à jour le 13/05/2016 à 08:43.

Il fallait 288 députés pour faire chuter le gouvernement. La motion de censure de la droite n'a été approuvée que par 246 élus de l'Assemblée nationale. Faute d'une majorité absolue, le projet de loi Travail est donc considéré comme adopté et sera examiné au Sénat à partir du 13 juin.

Des députés PS sanctionnés ?

Lorsqu'on examine dans le détail la répartition des votes en faveur de la motion, on constate qu'aucun député PS ne s'est joint aux voix de la droite. Malgré cela, le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis a annoncé qu'il saisissait la Haute autorité éthique du parti concernant 24 élus socialistes qui risquent l'exclusion. Ces derniers, parmi lesquels Benoit Hamon et Aurélie Filippetti, avaient signé la motion de censure "des gauches", qui n'a pas rassemblé assez de signataires pour être soumise au vote.

En revanche, les dix députés du Front de Gauche ont voté pour la motion présentée par la droite. Deux élus écologistes ont également approuvé la motion. Grâce à ces voix de gauche, le soutien à la censure est plus élevé que lors des précédentes motions déposées suite à la loi Macron (234 voix en première lecture en février 2015, 198 voix en deuxième lecture en juin 2015).

Une ambiance de campagne présidentielle

Avant le vote, les orateurs de droite ont lâché leurs coups sur la politique du gouvernement. Christian Jacob (LR) a appelé à "mettre fin, et vite" à un pouvoir "en perdition". De son côté, Philippe Vigier (UDI) a affirmé que "la France se rappellera du quinquennat de François Hollande comme d'un interminable congrès du Parti socialiste".

Dans cette ambiance de campagne, à un an de l'élection présidentielle, Bruno Le Roux, chef de file des socialistes, a quant à lui dénoncé "la radicalité" des propositions LR sur le Code du travail, dont celles d'Alain Juppé, allant même jusqu'à qualifier les élus de droite de "gueulards".

Le Premier ministre Manuel s'est dit déterminé à "mettre plus encore notre pays en mouvement". Il a fustigé les "frondeurs" socialistes associés à la tentative de motion des gauches, prévenant qu'il ne laisserait pas "détruire la gauche de gouvernement".

Concessions et résistances

Si les débats ont été interrompus quasiment dès le début de l'examen du texte par le 49-3, le gouvernement a retenu plusieurs amendements du rapporteur PS Christophe Sirugue, par exemple pour renoncer à restreindre le périmètre géographique des difficultés d'un groupe pour les licenciements économiques. Il a également renoncé à la surtaxation des CDD, un temps envisagée pour satisfaire les organisations de jeunesse, mais qui ulcérait le patronat.

Malgré ces concessions, le gouvernement n'a pas lâché de lest sur la primauté des accords d'entreprise sur les accords de branche. La mesure est l'un des points les plus contestés de la loi Travail par une partie de la gauche et par les syndicats.

Des dizaines de milliers de manifestants dans les rues

Des dizaines de milliers d'opposants à la loi travail et au recours au 49-3 ont manifesté jeudi dans toute la France, au cours de rassemblements parfois émaillés de violences, comme à Paris, Nantes et Toulouse, mais la mobilisation a marqué le pas.

Au total, 55.000 personnes ont manifesté, dont 43.000 en province où ont eu lieu 163 rassemblements et défilés, selon le ministère de l'Intérieur.

Dans la capitale, la préfecture de police a annoncé 11.500 à 12.500 manifestants. La CGT en a compté 50.000.

A l'issue du parcours, de brefs affrontements ont éclaté près des Invalides, quelques jeunes cagoulés lançant des projectiles, dont des pavés, sur les manifestants, ont constaté des journalistes de l'AFP. Des casseurs s'en sont pris brièvement aux manifestants et aux journalistes.

Vingt personnes ont été légèrement blessées, dont la moitié faisait partie du service d'ordre de la CGT, a indiqué la préfecture de police, des sources syndicales évoquant pour leur part treize blessés. Les services d'ordre (SO) des syndicats ont été pris à partie dès le début de la manifestation, essuyant des injures telles que "SO salaud, le peuple aura ta peau". Sept personnes ont été interpellées.

 (Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 13/05/2016 à 11:08
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Un gouvernement qui fait semblant de réformer. Des frondeurs qui font semblant de s'opposer. Des "nuit debout" qui font semblant de faire la révolution. Une opposition qui fait semblant d’être contre. Et tous sont vraiment navrants.

à écrit le 13/05/2016 à 9:26
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A peine croyable: Comment des "élus" peuvent-ils oublier pourquoi ils sont la ou ils sont? Comment ne pas être d'accord avec un texte et ne pas le bloquer, et continuer à se regarder dans le miroir le matin?

à écrit le 12/05/2016 à 20:58
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La soupe est trop bonne pour que les soit disant "frondeurs" osent renverser la table. S'ils l'avaient vraiment voulu ils auraient voté la motion déposée par la droite ... Fausses postures et indignations pour ces privilégiés qui se servent plutôt qu...

à écrit le 12/05/2016 à 20:35
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Oui il y a que ça qui compte faut pas se faire d idées la honte ces socialistes

à écrit le 12/05/2016 à 19:36
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Courageux? Pas trop ces députés socialistes! Ouf, ils vont pouvoir continuer à émarger aux frais du contribuable...vous vous rendez compte: s'ils avaient été honnêtes il aurait fallu dissoudre la chambre ! Et alors pour beaucoup d'entre eux, fini les...

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