Macron bientôt à la croisée des chemins

Le ministre de l'Economie tient le premier meeting de son mouvement "En Marche" ce mardi à Paris. Une démission du gouvernement ne semble pas pour autant d'actualité. Mais Emmanuel Macron va prendre date.
Jean-Christophe Chanut
le ministre de l'Economie Emmanuel Macron tient ce mardi 12 juillet le premier meeting de son mouvement "apolitique" "En Marche". Quel jeu va t-il jouer en 2017?

En être ou ne pas en être... Là est sa question. Le jeune ministre de l'Economie Emmanuel Macron est suspecté depuis plusieurs semaines d'être sur le départ du gouvernement afin de retrouver sa liberté de mouvement et de parole et de ne plus subir des rappels à l'ordre à l'issue de chacune de ses "sorties" sur la politique menée par François Hollande.

Maintien au gouvernement?

Le locataire du troisième étage de Bercy tient justement ce soir à la Mutualité à Paris, la première grande réunion publique de son mouvement "apolitique", dénommé "En Marche", qu'il a lancé en avril dernier. Annoncera-t-il son départ du gouvernement ? C'est peu probable à ce stade. Pour son camp, il s'agit plutôt de montrer que l'impétueux ministre n'est pas un homme seul et qu'une force s'est levée pour le soutenir. D'ailleurs, Emmanuel Macron revendique déjà 50.000 adhésions à son mouvement "En Marche". Une façon pour lui également d'exposer ses idées alors que le président de la République s'exprimera le 14 juillet lors de son traditionnel entretien, le dernier de son quinquennat. La date du 12 juillet pour tenir meeting ne doit donc rien au hasard... Encore l'une de ces petites provocations qu'affectionne Emmanuel Macron.

En tout cas, ce meeting a passablement énervé le Premier ministre Manuel Valls qui a lancé "Il est temps que tout cela s'arrête"... Ambiance.

Car c'est peu de dire que le ministre de l'Economie agace. Entre son appréciation sur la responsabilité de la France dans les causes des attentats du 13 novembre, son plaidoyer pour la suppression de l'ISF, son envie de faire une "France de milliardaires", son souhait que la loi travail portée par Myriam El Khomri aille beaucoup plus loin, etc... à chaque fois ses propos ont été interprétés comme un manque de solidarité avec son propre camp.

Quel programme?

Pourtant, l'homme séduit les Français qui apprécient sa jeunesse et sa fraicheur ainsi qu'une sorte de "parler vrai" façon Michel Rocard. Emmanuel Macron rassemble ainsi 47% de bonnes opinions, selon un sondage Odoxa publié ce mardi 12 juillet par Le Parisien.

Mais que pense exactement Emmanuel Macron ? Quel est son programme, lui qui se revendique du "pragmatisme" ? On ne le sait pas encore vraiment. Pour l'instant, les militants de "En Marche" se livrent à un porte à porte pour connaître les souhaits des Français. Emmanuel Macron  se donne ensuite jusqu'à la fin de l'été pour dresser un "diagnostic" puis viendra en octobre l'heure des idées et du programme...

Un ministre qui ne l'apprécie pas beaucoup résume ainsi cyniquement la "pensée" d'Emmanuel Macron:

"Pour l'instant, son programme se résume à mettre en oeuvre les idées de la commission Attali sur la croissance de 2008 dont il fut le rapporteur: casser les professions réglementées, dérèglementer le droit du travail, créer des transports low cost pour faire voyager les pauvres pour le plus grand profit des grosses entreprises.. C'est tout".

Le jugement est sévère. Mais il est exact qu'Emmanuel Macron souffre d'un certain positionnement. Il est curieux qu'il se revendique du "pragmatisme", alors que, justement, la société française manque cruellement aujourd'hui de repères. Le "pragmatisme", il est surtout actuellement dans le camp de François Hollande qui mène une politique qui n'était pas du tout celle annoncée lors de la campagne de 2012. Ce que d'ailleurs lui reproche Emmanuel Macron. C'est François Hollande qui augmente drastiquement les impôts dans un premier temps. C'est le même François Hollande qui décrète la politique de l'offre, via le pacte de responsabilité, afin de rétablir la compétitivité des entreprises. Une politique d'ailleurs appuyée par Emmanuel Macron, alors secrétaire général adjoint à l'Elysée.

C'est pour cette raison que les Français sont déboussolés, ne comprenant plus très bien quelles sont les différences entre la droite et la gauche, ce qui fait le jeu des populismes. Or, de ce que l'on a compris, Emmanuel Macron veut perdurer sur cette ligne, "ni de droite ni de gauche". Il veut que les Français, notamment ceux des quartiers les plus défavorisés, puissent bénéficier de nouveaux droits "réels" et non simplement "virtuels". Il faudra pourtant qu'il inscrive son action dans une vision s'il veut entrainer. Et, de fait, cette vision on ne la connaît pas pour l'instant... A moins que vouloir faire des jeunes des milliardaires soit considéré comme un but ultime...

Les intentions de Macron pour 2017

En attendant, Emmanuel Macron est attendu sur ses intentions pour 2017. Soit "il tue le père" et joue sa carte personnel en se présentant, quelle que soit la position de François Hollande (y aller ou pas)... En faisant plutôt le pari que François Hollande continuera d'être tellement bas dans les sondages qu'il renoncera.

Un député proche de Macron résume d'ailleurs dans les colonnes du Parisien : "La seule chance d'Emmanuel, c'est qu'Hollande dévisse durablement dans les sondages et que les barons socialistes lui disent : 'N'y va pas!'"

Un autre député, non sans un certain humour caustique, déclare dans Le Monde: "Est-ce qu'il faut tuer le père, ou est-ce que le père n'est pas déjà mort ? On ne remonte pas des profondeurs où est tombé Hollande. La voie est libre : la question n'est pas de savoir s'il y a un traître, mais de constater qu'il y a un mort."

Un autre scénario, très répandu dans certains milieux, serait qu'en vérité, Emmanuel Macron jouerait le rôle de "rabatteur" pour François Hollande. Le président est tellement désavoué auprès de toute une partie de la population qu'il a tout intérêt à laisser le ministre de l'Economie tenter de les re-séduire avec son discours "moderne"... Et, au dernier moment, Emmanuel Macron appellera alors ouvertement à voter Hollande. Certes, il y aura du déchet. Mais si seulement 50% des électeurs potentiels d'Emmanuel Macron se rangent derrière Hollande, alors le "coup" redeviendrait jouable pour l'actuel locataire del'Elysée. Un scénario un peu à l'eau de rose...

En attendant, celui qui est toujours jusqu'à nouvel ordre ministre de l'Economie, va faire encore beaucoup parler de lui et va surtout continuer... d'énerver.

Jean-Christophe Chanut
Commentaires 21
à écrit le 13/07/2016 à 18:05
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mr Macron:c'est qui?un acteur?un people?un président de société?quand je le vois s'exprimer avec beaucoup de gestes,je pense a mon patron!en se déplaçant de gauche a droite,tel un prof faisant son cours ,tenez en parlant de gauche,droite,je pense que...

à écrit le 13/07/2016 à 15:31
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L'homme providentiel du moment, il est jeune, il est beau et il brasse du vent sauf pour sa feuille d'impôt minorée où son carriérisme débridé à son service où à celui de son maître . Les médias le pouponnent, ces 50000 adhérents à l'adhésion gratu...

à écrit le 13/07/2016 à 14:20
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Macron a deux problèmes pour moi. D'abord on ne comprend pas très bien comment un ministre de l'économie peut avoir autant de temps à consacrer à la politique, et ensuite son mouvement n'est qu'un "contenant". Si on regarde les libéraux comme Attali,...

à écrit le 13/07/2016 à 10:18
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"Emmanuel Macron veut perdurer sur cette ligne, "ni de droite ni de gauche". C'est un peu comme un maire qui se présente sans étiquette , généralement ,il est de droite.

à écrit le 13/07/2016 à 10:12
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un discours fleuve et rien d'autres. Il a la passion d'explication .A part le blabla bien peu de propositions concrètes et surtout aucune annonce de rupture peronnelle Le message est complètement brouillé comme le personnage. Plus Mytheerrant que Roc...

à écrit le 13/07/2016 à 4:33
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Ce qu'il y a de tres etonnant c'est que l'on parle dans les journaux de ce type. Il est d'une vacuite totale, a l'instar de ses nombreux correligionnaires eux en place bien au chaud aux frais des francais. Quand cessera cette tragicomedie franco-fr...

à écrit le 13/07/2016 à 1:42
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M. MACRON est dans un gouvernement où il a accepté d'y rentrer. Il se permet de le discréditer et de plus de se servir de son poste pour entamer sa campagne présidentielle sous la protection de son statut de ministre. Que fait il ce ministre de ...

à écrit le 12/07/2016 à 22:18
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Voilà un ministre donneur de leçons très moraliste mais qui commence par déserter son ministère pour sa propagande personnelle. Voilà un ministre peu assidu dans son job mais qui est comme les autres politiques accrocs aux deniers publics pour dével...

à écrit le 12/07/2016 à 21:51
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Il représente tout ce qu il y a de plus détestable chez un politicien : arrogance, suffisance, lâcheté, sans morale, vanité, persuadé d'être né pour gouverner les autres, méprisant pour la plèbe. Il ira loin car tout ce qui est détestable devient u...

le 13/07/2016 à 5:49
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Pour le moins, cela fait réagir les veaux et les poissons rouges ;)

à écrit le 12/07/2016 à 20:46
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Quitte à être un ministre pas vraiment impliqué dans son job, autant qu'il parte.

à écrit le 12/07/2016 à 20:08
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Ca il est mignon, propre sur lui. Il prétend qu'il fera plein de choses. Mais là, il est aux premières loges du pouvoir et pas depuis aujourd'hui , qu'est ce qu'il attend pour faire quelque chose. Qu'il montre ce qu'il sait faire maintenant.

à écrit le 12/07/2016 à 19:27
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Si Macron se présente en 2017, Hollande est dans les choux. Reste à espérer qu'il trouvera encore des invitations dans les tribunes présidentielles pour assister aux matchs de Foot de l'équipe de France. Par parenthèse, Mougin, ce n'est pas Colombe...

à écrit le 12/07/2016 à 19:11
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Que l'on évite de nous enfumer avec Macron, sans les médias il n'est rien!! Il vient d'en "haut" sans avoir gravit la moindre marche en politique et il sera récompensé par une mission pas trop pénible ou un consulat s'il échoue!

le 13/07/2016 à 10:46
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Sans les médias il n'est rien comme tous les politiciens. Il vient "d'en haut" comme la plupart des politiciens. Il n'a pas gravi de marche en politique mais c'est justement son intérêt (il n'est pas un politicien de carrière). Et s'il échoue, i...

le 13/07/2016 à 11:35
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C'est un populiste qui n'a que des sympathisants grâce aux médias, mais encore rien de réel, ce n'est que du virtuel.

le 14/07/2016 à 0:50
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@ Bref : Macron a une vision sociale-libérale pour la France. Et du fait de son parcours professionnel (notamment dans la commission Attali), sa vision est précise et construite (contrairement à la plupart de ses concurrents). Au fond c'est l'inverse...

à écrit le 12/07/2016 à 18:34
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Le ministre de l'Economie tient le premier meeting de son mouvement "En Marche" Hollande va surenchérir avec son mouvement "En Trotinnant" Valls va y aller de groupuscule "En Kippan" Sarkozy ne sera pas en reste avec "En Bigmalinos" bref...

à écrit le 12/07/2016 à 18:33
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MACRON qui se dit ni a gauche ni a droite est peut etre bien dans sa peau mais ne me convient pas .JE préfère BAYROU qui avoue venir du centre .Y a t'il encore une vraie gauche genre MONTEBOURG .HOLLANDE a bien créé le pacte de compétitivité qui ...

le 12/07/2016 à 19:15
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Venir du "centre", cela veut dire quoi? Qu'il ne suivra pas les directives de Bruxelles ou qu'il devancera les ordres?

à écrit le 12/07/2016 à 18:11
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un champ de ruine a reprendre.!

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