Management : ce que les attentats ont changé au sein des entreprises

Les attentats du 13 novembre à Paris et à Saint-Denis ont aussi donné lieu à une situation d'exception dans le monde de l'entreprise, poussant les dirigeants à s'intéresser à la question de la gestion de crise, mais aussi à la possible radicalisation de leurs salariés.
Sarah Belhadi
Le 16 novembre, à Londres, sur les quais de la gare Saint-Pancras, les voyageurs observent une minute de silence en mémoire des victimes des attentats qui ont eu lieu trois jours plus tôt à Paris.

Si toutes les entreprises ont observé le lundi 16 novembre une minute de silence, les attentats à Paris et à Saint-Denis ont soulevé de nombreuses questions dans le monde du travail, avec des salariés parfois directement touchés par la perte d'un collègue.

Selon les professionnels de la prévention des risques psychosociaux réunis à Paris dans le cadre du salon Best (ou Rencontre nationale Bien-être et santé au travail), les événements du 13 novembre ont poussé de nombreuses entreprises à s'intéresser à la question de la "gestion de crise".

"Après les attentats de novembre qui ont fait des victimes directes parmi les collègues de nombreux salariés, et qui ont eu un impact plus fort dans les entreprises que ceux de janvier, nous avons été noyés sous la demande et nos consultants ont été sur-mobilisés", a expliqué François Cochet, président de la Fédération des intervenants en risques psychosociaux (FIRPS) lors d'un point presse.

"Les entreprises se sont senties engagées et ont pris rapidement des initiatives. Elles ont commencé à réfléchir à la gestion de crise et, en ce sens, les attentats ont contribué à une prise de conscience", détaille François Cochet.

"Management de crise"

"80% des appels, dès le week-end [des attentats du 13 novembre, Ndlr], venaient de chefs d'entreprises qui souhaitaient mettre en place une aide pour leurs salariés", précise de son côté Christophe Rey, vice-président de la FIRPS, qui compte une vingtaine d'adhérents pour environ 500 consultants.

"Nous avons répondu à chaud par des moyens d'écoute et de soutien psychologique en allant à la rencontre des salariés", a détaillé de son côté David Mahé, président de Stimulus, un des plus anciens cabinets spécialisés du genre créé en 1989.

Cette aide s'est aussi traduite par "un travail de fond, plus à froid, comme un conseil au management sur les comportements à adopter, les discours à tenir, le langage à utiliser", précise l'expert en gestion de crise. Car après l'émotion, les questions posées par les dirigeants comme par leurs salariés se focalisent sur la sécurité. Et notamment des sites sensibles, comme l'a rappelé l'affaire "Yassin Salhi" en juin.

Pour rappel, l'homme employé d'une entreprise de produits chimiques en Isère a assassiné son patron par décapitation, puis placé sa tête sur un grillage de la société, entourée de drapeaux islamistes.

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La radicalisation, déjà objet de réflexion avant les attentats

Avec les impératifs de sécurité, les dirigeants doivent aussi s'atteler à la question du "fait religieux" en entreprise, et celle -in fine plus préoccupante- de la radicalisation.

Le 17 novembre, dans sa traditionnelle conférence de presse mensuelle, le président du Medef, Pierre Gattaz, avait abordé la question en ces termes :

"Il se peut que se pose la question du fait religieux, ce qui est un sujet de management, d'intégration, de ressources humaines, sur lequel notre organisation planche déjà depuis plusieurs mois."

En effet, avant l'été 2015, Thibault Lanxade (vice-président du Medef en charge des PME) et Jean-François Pilliard (en charge des dossiers sociaux) s'étaient vu confier une réflexion consacrée au sujet.

Le même jour, Geoffroy Roux de Bézieux, vice-président du Medef, va plus loin et n'hésite pas à inciter le patronat à prendre des mesures fortes en cas de suspicion de radicalisation. Ainsi, il explique au micro de France Info que "si quelqu'un a un comportement radicaliste", "le devoir du chef d'entreprise, c'est de signaler à la police ce comportement". Il assurait toutefois que ces situations demeuraient exceptionnelles, bien qu'elles se soient produites à la SNCF, à l'aéroport de Roissy, ou encore à la RATP.

Samy Aminour, un des trois kamikazes du Bataclan, avait été chauffeur de bus au sein de l'entreprise publique.

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Pour aller plus loin: "Première grande étude en France sur le fait religieux au travail" (une étude de l'Institut Randstad et de l'Observatoire du Fait Religieux en Entreprise qui s'appuie sur une enquête administrée entre septembre 2012 et mars 2013)

Sarah Belhadi
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