Mixité sociale : les HLM proposent une autre voie

Le monde HLM estime que le gouvernement ne prend pas assez en compte dans sa loi égalité et citoyenneté la nécessité de renouveler les quartiers défavorisés.
Mathias Thépot
La loi égalité et citoyenneté portée par Emmanuelle Cosse ne satisfait pas pleinement les organismes HLM.

Examiné en ce moment au Sénat, le projet de loi égalité et citoyenneté intègre un dispositif censé modifier la manière de faire de la mixité sociale en France. Il vise à déplacer dans le temps les populations les plus pauvres vers des quartiers plus aisés, où l'entre-soi des classes moyennes et riches reste très vif. Le projet de loi porté par la ministre du logement Emmanuelle Cosse prévoit concrètement l'obligation pour les bailleurs sociaux de réserver 25 % des logements sociaux aux demandeurs les plus pauvres dans les quartiers non prioritaires de la ville, en moyenne plus aisés.

Ce taux n'est aujourd'hui que de 12 % en Île-de-France et de 15 % en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Un tel dispositif pourrait en effet tordre le cou à l'héritage des politiques d'urbanisme menées dans les années 1960 et 1970, qui se matérialise aujourd'hui par des zones à forts pourcentages de logements très sociaux, éloignés des centres-villes et des banlieues résidentielles des classes moyennes et élevées.

Le monde HLM propose une autre voie

Intéressante, l'initiative du gouvernement n'en est pas moins critiquée, notamment par monde du logement social. En effet, selon le mouvement HLM qui organise son congrès annuel la semaine prochaine à Nantes, la loi égalité et citoyenneté ne s'attaquerait malheureusement pas au problème de fond qui concerne le renouvellement des quartiers défavorisés. Quid en effet de la qualité de vie et de l'attractivité dans ces quartiers, et de la situation des populations qui continueront à y vivre ?

Le nouveau plan de rénovation urbaine (NPNRU) prévoit bien 5 milliards d'euros pour soutenir leur développement. Mais au sens l'Union sociale pour l'habitat (USH), qui regroupe les différentes fédérations d'organismes HLM, ce n'est pas assez. Une prise en main efficace des problèmes dans ces quartiers nécessiterait en fait des moyens beaucoup plus importants. Car il faudrait en fait s'attaquer au « chômage, à l'insécurité, à la pauvreté, au communautarisme, à la précarité des situations familiales et à la faiblesse des services publics », dans ces territoire reconnaît l'USH. Autant de problématiques qui nécessitent de mobiliser bien plus de 5 milliards d'euros.

Perte de conscience publique

Par ailleurs, sans un effort plus substantiel en matière d'investissement dans ces quartiers, « les classes moyennes n'iront bien entendu pas vivre dans ces quartiers », confirme Frédéric Paul, délégué générale de l'USH, laissant ainsi les populations fragiles vivre entre elles dans ces quartiers. Une forme de résignation de la part des pouvoirs publics qui dénote, selon Frédéric Paul, d'une « perte de conscience publique par rapport à la nécessité » de traiter les phénomène d'exclusion par la territorialisation.

Pour « faire des quartiers Hlm des quartiers comme les autres », et « hisser les politiques de la ville au niveau des renouvellements urbains au niveau véritablement nécessaire pour les quartiers et leurs habitants », le mouvement HLM émet, du reste, plusieurs propositions. Bien évidemment, il milite pour améliorer les services urbains en investissant massivement. Mais l'USH sollicite aussi l'Etat sur la nécessité de « traiter les situations de difficulté extrême de fonctionnement liées à des problèmes d'insécurité flagrante et à la ségrégation sociale grâce à la mise en application d'un dispositif de type « opérations d'intérêt national (OIN) de solidarité » dans les quartiers concernés ».

Démolir pour mieux reconstruire ailleurs

Autre solution mis en avant par l'USH, plus radicale, mener une politique de vacance assumée en ne réattribuant pas les logements sociaux vides dans les quartiers défavorisés, afin d'abaisser mécaniquement la part des populations fragiles dans ces zones. Une opération dont le mouvement HLM n'aurait toutefois pas les moyens financiers d'assumer. Enfin, Frédéric Paul relance la grande idée du début des années 2000 d'une grande politique de démolition, puis de reconstruction de logements sociaux là où il y en a moins. Preuve que la situation actuelle est très préoccupante... l'USH demande ainsi « la mobilisation de moyens pour la démolition du parc obsolète, la reconstitution d'un parc adapté aux besoins ».

Bref, le monde HLM ne veut surtout pas qu'in fine on le rende responsable des échecs possibles la loi égalité et citoyenneté. « On ne peut pas s'occuper du seul aspect quantitatif » des attributions comme le fait la loi, précise Marianne Louis, secrétaire générale de l'union sociale pour l'habitat (USH). Et de faire appel au « modèle républicain français » , qui impose de traiter les questions d'exclusion de manière globale.

Mathias Thépot
Commentaires 11
à écrit le 22/09/2016 à 15:26
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Les sociétés de HLM demandent à l'état, aux collectivités d'intervenir. Moyen de se défausser Si elles étaient u peu plus stricte et appliquaient de vrais sur loyers, .... mais cest + facile de se défausser sur le voisin

à écrit le 22/09/2016 à 10:42
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reconstruisons des eco quartiers dans leurs pays! avec Cosse et l'aide des gens qui les ont amenés et en ayant profité ideologiquement ou financièrement (membres de sectes... ayant parfois propriété villa montmorency et ayant journaux? ;-))) )

à écrit le 22/09/2016 à 10:29
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#deport

à écrit le 22/09/2016 à 9:47
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La mixité ne peut plus exister puisque le nombre de pauvres et de presque pauvres ne fait qu'augmenter. on va finir par devenir des réfugiés dans notre propre pays.

à écrit le 22/09/2016 à 6:39
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La "mixité sociale" s'est des préceptes socialistes de l'économie dirigée ..."adapté" au marché immobilier...les résultantes seront les m^mes après l'implosion de la dernière nomenklatura au pouvoir en Europe....

à écrit le 21/09/2016 à 21:23
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Et les hauts fonctionnaires et politiciens qui imposent aux autres d'augmenter le taux de HLM dans leur ville, ils vont habiter près de ou en HLM et mettre leurs enfants dans les écoles et lycées publics à leur proximité ? Parce que ce serait aussi ç...

à écrit le 21/09/2016 à 21:12
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Y a des ghettos de riches, ya des ghettos de pauvres...Pourquoi pas de mélange ? C'est simple. Il faut déjà résoudre les problèmes majeurs d'insécurité. Un exemple, légaliser le cannabis, comme en Californie ? Autre exemple, diminuer les impots en di...

à écrit le 21/09/2016 à 20:57
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C'est une voix ma foi fort honorable que propose les HLM, c'est même certainement par cela qu'il conviendrait de commencer et peut-re que cette frayeur des riches voyant débarquer des pauvres dans leurs quartier va leur faire comprendre l'intérêt de ...

à écrit le 21/09/2016 à 17:35
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Une immigration non controlée, des écoles qui n'arrivent plus a assimiler les jeunes. En fait , comme pour les écoles, les politiques veulent noyer le poisson en répartissant les populations difficiles un peu partout au bonheur la chance. On fait p...

le 21/09/2016 à 21:32
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La mixité entraînera une insécurité plus globale , des écoles aux niveaux plus bas , une exaspération de la classe moyenne ... Nos politiques ont pour vision l'arrivée de l'outsider ... Ils font tout pour cela et après diront que les français sont d...

à écrit le 21/09/2016 à 17:28
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Dans aucun pays de la planète on fait vivre ensemble des populations de niveaux de vie différents. Il ne fallait pas créé la fracture sociale qui disloque notre pays. Si on veut plus de riches, alors on a mécaniquement plus de pauvres, et une tension...

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