Peut-on parler de reprise économique ?

Au premier trimestre, le PIB tricolore a fait un bond de 0,6%. Au deuxième trimestre, l'activité devrait progresser à un rythme moins élevé. Dans quelle situation se trouve l'économie française ?
Fabien Piliu
Que peut faire le ministre de l'Economie pour stimuler la croissance ?

L'année a démarré en fanfare ! Au premier trimestre, contre toute attente, le PIB a progressé à un rythme de 0,6%, supérieur de 0,2 point à la croissance observée au quatrième trimestre 2015 selon l'Insee.

On pouvait alors parler de reprise. La consommation des ménages et l'investissement étant dynamiques, la demande intérieure a contribué à la croissance du PIB à hauteur de 1 point de PIB au total. Soit 0,4 point de PIB de plus qu'au dernier trimestre 2015. Cette performance aurait pu être encore plus élevée. Il aurait fallu que les entreprises déstockent moins, la variation des stocks retirant 0,2 point à la croissance.

Le commerce extérieur pèse sur les chiffres de la croissance

Il aurait surtout fallu que le commerce extérieur se réveille enfin. Ce ne fut pas le cas. Au premier trimestre, il pesé négativement de 0,2 point sur la croissance. Certes, c'est 0,4 point de moins qu'au quatrième trimestre 2015. Mais il est difficile de se réjouir de cette situation. Il faut remonter au deuxième trimestre 2015 pour observer la dernière contribution positive du commerce extérieur sur la croissance. Il faut prospecter encore plus loin dans les archives pour trouver la trace du dernier excédent de la balance commerciale : 2003.

Les entreprise ont peut-être raté le coche

Pourtant, les entreprises françaises auraient dû profiter de conditions plus avantageuses. Le recul des matières premières, et en particulier du pétrole, la chute de l'euro face au dollar et la baisse du coût du travail autorisée en partie par le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) et les premiers allègements de charges contenus dans le Pacte de responsabilité - d'autres ont suivi en avril - auraient dû avoir un effet positif sur le commerce extérieur. Ce ne fut pas vraiment le cas, en raison, essentiellement, de la faiblesse du tissu d'entreprises exportatrices qui ne dépasse pas les 125.000.

Un rythme difficile à soutenir

Et ensuite ? Il faut attendre le 29 juillet pour connaître le chiffre de la croissance au deuxième trimestre. C'est à cette date que l'Insee publiera sa première estimation. Que peut-on espérer ? Malheureusement, l'activité ne peut se maintenir à ce rythme. L'Institut vise une croissance de 0,3% du PIB, un rythme inférieur de moitié à celui enregistré au premier trimestre. La Banque de France est encore moins optimiste. Elle table sur une hausse de l'activité limitée à +0,2%. C'est maigre.

Cette décélération trouve en partie son origine dans un essoufflement de la consommation. Les dépenses des ménages en énergie et en biens durables, parmi lesquels l'automobile, les produits électroniques et les équipements en logement ont nettement marqué le pas en avril et mai. La publication prochaine des statistiques datées de juin permettra de déterminer si ce repli de la consommation est une tendance longue.

L'investissement progresse

Heureusement, l'investissement des entreprises reste dynamique, compensant en partie cette baisse de la consommation des ménages. La remontée du taux de marge et la prolongation du dispositif de suramortissement de l'investissement, lequel a été élargi à d'autres secteurs comme le numérique, favorisent la progression de l'investissement. Symbole de cet allant, le climat des affaires se maintient au-dessus de sa moyenne de longue période.

Que faut-il attendre du commerce extérieur ? A priori, pas grand-chose. La réduction de deux milliards d'euros du déficit commercial en mai par rapport à avril ne met pas fin à la dégradation de la balance commerciale. De fait, " le déficit cumulé des douze derniers mois atteint 46,5 milliards d'euros, contre 46,0 milliards pour l'année 2015 ", précisent les Douanes. S'ils ne devraient pas être visibles dès cette année, les effets négatifs du Brexit sur l'exportation devraient être palpables l'année prochaine. C'est l'une des raisons pour laquelle la semaine dernière le Fonds monétaire international (FMI) a révisé de 0,1 point sa prévision de croissance pour la France pour la porter à 1,1% en 2017.

Par ailleurs, la remontée des cours du brut vient rogner la compétitivité des entreprises industrielles. Heureusement, l'euro se maintient face au dollar à un niveau avantageux pour les entreprises qui exportent hors de la zone euro. Il n'a gagné que 1,22% face au billet vert depuis le 31 décembre 2015. Sur cinq mois, c'est une chute de plus de 23% qu'il affiche.

Les maigres options de l'exécutif

Dans ce contexte, que peut faire le gouvernement pour stimuler la croissance ? Plusieurs baisses d'impôts sur le revenu de certaines catégories de ménages ont déjà été décidées. Une autre interviendra peut-être l'année prochaine si la croissance atteint 1,7% en 2017. C'est l'une des promesses faites par François Hollande lors de son intervention télévisée le 14 juillet. Si la consommation s'essouffle, la partie n'est pas gagnée.

Peut-il actionner le levier de la commande publique ? Parce qu'il s'est engagé à respecter  ses engagement vis-à-vis de Bruxelles en matière de réduction du déficit public, l'Etat n'a pas de marge de manœuvre. Certes, la France peut emprunter à des conditions historiquement basses. Mais ces emprunts ne peuvent servir à autre chose qu'à couvrir les dépenses courantes comme le service de la dette, le deuxième poste de dépense de l'Etat. Au niveau local, et c'est plutôt une bonne nouvelle, la donne est un peu différente. Selon les prévisions de la Banque Postale, après avoir chuté de 17% depuis 2013, le montant des investissements des collectivités locales devrait enfin se stabiliser en 2016, aux alentours de 48 milliards d'euros.

Quant au plan Juncker, malgré 13,5 milliards d'euros d'investissements créés revendiqués, son impact sur la conjoncture française, comme européenne, reste encore à prouver....

Fabien Piliu
Commentaires 12
à écrit le 26/07/2016 à 19:51
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Si trump est élu président, s'il préside comme il se comporte comme candidat, entrainera une crise 10 fois pire que celle de 2008 sous bush. Il y'a aussi le risque chinois et ses problèmes de surproduction et de stock. Il y'a le Brexit qui diminuer...

à écrit le 26/07/2016 à 11:47
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Ce n'est simplement que du virtuel qui est sensé crée du réel! Mais la mayonnaise pendra t elle?

à écrit le 26/07/2016 à 7:11
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Hollande a commis deux erreurs: avoir supprimer la TVA sociale et ne pas augmenter le prix de l'énergie. Il faut mettre une taxe sur l'énergie pour réduire le cout du travail en utilisant cette taxe pour financer les charges sociales des entreprises....

à écrit le 26/07/2016 à 7:07
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Si la croissance liée aux exportations en berne, malgré la baisse des matières premières s'explique par le fait que ces baisses de cout on contribué à l'augmentation des marges et donc pas ou peu de baisse de prix pour attaquer les marchés. Le CICE ...

à écrit le 25/07/2016 à 18:33
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BA : arrêtez de répéter bêtement des discours d'ultra-libéraux sans réfléchir. Le problème n'est pas le taux de prélèvement mais c'est surtout ce que l'on en fait. La commande publique sert à la croissance. Si ces impôts financent des universités, d...

le 26/07/2016 à 1:24
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le Jason a stimule la croissance avec des ponts et routes to nowhere après l'explosion de leur bulle on voit aujourd'hui qu'ils ont bien redecolle lol...arrêtez avec votre investisseur le multiplicateur de la dette est bien en dessous de un malgré le...

le 26/07/2016 à 6:58
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Vous avez raison, et j'ajouterais: ce qui compte, c'est le point du prélèvement, sur la consommation et non sur la production.

le 26/07/2016 à 8:30
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cela fait 50 ans que l'on fait de l'investissement publique la base de notre développement et on voit où nous en sommes !!!! une université n'a jamais créé d'activité ni un laboratoire : c'est ce que les gens peuvent en faire qui créera de l'activité...

le 26/07/2016 à 11:42
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Ce que vous dites serait en effet très positif pour l'économie. Dans la réalité, l'État n'a plus les moyens d'investir dans quoique ce soit. Le budget est absorbé par les salaires des fonctionnaires, le règlement de la dette et les transferts soci...

à écrit le 25/07/2016 à 18:31
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Il faut un peu décortiquer ce que l'on appelle le PIB, qui est fait des composantes qui n'ont pas la même valeur si l'on veut parler compétitivité du pays.. les emplois aidés, de nouveaux postes d'enseignants, ou d'infirmières, qui font progresser le...

à écrit le 25/07/2016 à 17:00
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Il ne peut pas y avoir de reprise avec un État qui prélève 58 % de la richesse nationale. Quand les politiques comprendront que moins il y a d'impôts, plus il y à de la croissance et donc de l'emploi. Hollande gaspille l'argent public avec des mes...

à écrit le 25/07/2016 à 16:27
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"Au premier trimestre, le PIB tricolore a fait un bond de 0,6%" Remettons nous dans le contexte du début des années 2000 et nous aurons notre réponse. Considérer 0.6% comme un "bond" actuellement alors qu'avant cela aurait été lamentable. L'é...

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