Pour redresser la France, Montebourg veut taxer les banques

L'ancien ministre de l'Economie, candidat des primaires de la "Belle alliance populaire" veut ponctionner de 5 milliards d'euros par an les profits des banques pour financer son plan d'investissement permettant de sortir la France de la crise.
Fabien Piliu
"Les banques sont sorties de la crise, pas la France", a martelé Arnaud Montebourg ce mercredi.

La hache de guerre est déterrée. "Les banques sont sorties de la crise, pas la France. Si je suis élu le 8 mai à la présidence de la France, je ponctionnerai de 5 milliards d'euros par an les superprofits des banques qui se sont élevés à 29,2 milliards d'euros l'année dernière. Au regard de celles qu'elles ont coûté au contribuable lors de la crise, cette une contribution modérée qui leur sera donc réclamée", a déclaré Arnaud Montebourg ce mardi à Paris lors d'une conférence de presse au cours de laquelle l'ancien ministre de l'Economie de François Hollande aujourd'hui candidat à la primaire de la "Belle alliance populaire" a présenté le premier chiffrage de son programme de campagne.

Cette déclaration de guerre n'est pas sans analogie avec les déclarations du candidat Hollande en 2012 qui, dans son discours du Bourget, affirmait sa volonté de s'en prendre " à la mauvaise finance " *.

Une pierre...trois coups

Avec cette proposition, qui omet de préciser que les banques ont intégralement remboursé l'aide offerte par l'Etat au plus fort de la crise, Arnaud Montebourg fait une pierre ... trois coups. Il jette une pierre dans le jardin de Manuel Valls et de Vincent Peillon, ses principaux rivaux à gauche dans la course à l'Elysée qui oublient d'évoquer ce sujet ; il fait une tentative d'ouverture vers la gauche de la gauche de la majorité et notamment les partisans de Jean-Luc Mélenchon ; enfin, il trouve un moyen commode de financer son plan d'investissement qu'il qualifie de keynesien pour relancer l'économie française. Un plan dont le coût annuel est estimé à 24,4 milliards d'euros par Arnaud Montebourg et dont les ambitions sont multiples.

Beaucoup de dépenses, peu de recettes

Concrètement, quelles sont ses mesures phares ?

Du côté des dépenses, outre le renforcement du budget de la Défense dont le coût est estimé à 4,4 milliards d'euros par an, le candidat Montebourg souhaite injecter 4 milliards d'euros par an pour la rénovation thermique des bâtiments, et 4 milliards d'euros par an pour une relance écologique dans les territoires et l'investissement dans les infrastructures. "Nos villages, nos campagnes ne peuvent plus se dépeupler. L'Etat doit intervenir massivement pour que nos territoires redeviennent attractifs pour les forces vives de la Nation", a-t-il déclaré, proposant notamment la création de télécentres et des espaces de télétravail câblés par la fibre dans un certain nombre de villages ruraux.

Quatre milliards seront également dépensés pour créer une assurance-formation dont disposerait tous les Français pour leur permettre, tout au long de leur vie professionnelle, de suivre des formations, de reprendre des études ou de reconquérir du temps pour soi et pour sa famille.

Une refonte du crédit d'impôt pour la compétitivité et de l'emploi (CICE) est également dans les cartons de l'ancien ministre de l'Economie. Celui-ci sera recentré sur les PME. Dix milliards d'euros, sur les 12 milliards que représente la facture annuelle de ce dispositif, seront ponctionnés. Huit seront utilisés pour financer la baisse de CSG sur les revenus modestes et moyens. "Ce sera un formidable gain de pouvoir d'achat pour les Français qui en ont le plus besoin", a déclaré Arnaud Montebourg. Deux milliards seront utilisés pour réformer le régime social des indépendants.

Le système éducatif n'est pas oublié. La mise en place du dispositif "plus de maîtres que d'élèves", déjà testé, coûtera 4,4 milliards d'euros. Pour revaloriser le salaire des enseignants, notamment dans les zones les plus difficiles, ce seront 3,7 milliards d'euros qui seront dépensés.

Pour améliorer la santé des Français, une mutuelle publique à 10 euros sera lancée. Son coût : 1,9 milliard d'euros. Créer 5.000 postes dans les hôpitaux par an et ouvrir des dispensaires dits "du XXIème siècle" sont des mesures dont les coûts sont respectivement estimés à 300 et 500 millions d'euros.

Quelques mesures de recettes sont également proposées, mais elles ne sont pas légion. "La politique de relance que je propose engendrera mécaniquement des recettes nouvelles pour les finances publiques", a justifié Arnaud Montebourg. Suspendre la directive Travailleurs détachés rapporterait 1 milliard d'euros. Réformer le Sénat et réduisant son nombre d'élus permettrait à l'Etat d'engranger 300 millions de recettes supplémentaires. Reste à savoir si ces deux propositions auront l'aval des principaux concernés, Bruxelles et les partenaires européens de la France, et des sénateurs.

L'avis de Bruxelles

Bruxelles ? Son avis semble laisser Arnaud Montebourg indifférent. C'est dans cette même logique qu'il compte passer outre les dispositions du Small Business act européen, qui réglemente la commande publique aux entreprises, pour que celle-ci devienne un véritable levier de croissance pour les TPE et les PME.

Les injonctions de Bruxelles à respecter la règle des 3% de déficit public sont également jetées à bas par Arnaud Montebourg. Marine Le Pen n'est donc pas la seule à occuper ce terrain et à faire de Bruxelles une cible.

"Faut-il rappeler que dix pays du G20 ont déjà lancé des plans d'investissement massifs, que l'OCDE considère les conditions d'emprunt anormalement avantageuses et qu'il faut donc en tirer profit ? L'horizon des Français ne peut plus être barré par cette règle des 3% ! », a-t-il déclaré.

______________________

*Sur ce sujet, lire l'ouvrage d'Adrien de Tricornot, Franck Dedieu et Mathias Thépot, « Mon amie, c'est la finance ! » Bayard, 2014.

Fabien Piliu
Commentaires 31
à écrit le 05/01/2017 à 18:01
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Encore un gentil farfelu parmi tant d'autres . C'est génial, il va redresser la France tel un tuteur sur une plante moribonde ! La France, elle n'a pas de pétrole mais pleins d'idées de doux rêveurs... Ce sont les nouvelles cigales de l'idéologie d...

à écrit le 05/01/2017 à 11:38
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il devrait retourner a linsead faire une formation intensive de 3 jours ou on lui apprendrait a compter la dette de la france, c'est 2 200 milliards, le pib a peu pres autant quand ca va le deficit de l'etat est a 40 milliards, 80 quand ca va moin...

à écrit le 05/01/2017 à 8:23
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Les français en ont assez des propositions débiles des uns et des autres, on a le sentiment qu'il faut élire le plus débile, celui qui proposera le plus de conneries

à écrit le 05/01/2017 à 6:34
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Un socialiste ne connait qu'une solution......inventer une nouvelle taxe !!

à écrit le 04/01/2017 à 22:39
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L HOMME DE LA CUVE AU PRESIDENT NE CONNAIS RIEN AU MONDE DUTRAVAIL NI A L ECONOMIE REEL/ MONTE BOURDES/ ET SURTOUT UN GRAND PHRASEUR ET QUI EN PLUS UN TON DE PETIT BOURJOIE DE PROVENCE? QU ILS RETOURNE A SES ETUDES IL N EST PAS MUR POUR ETRE PRESIDEN...

à écrit le 04/01/2017 à 22:34
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De facto, les grosses banques nationales sont soutenues par l'état en cas de crise majeure, un peu comme si les banques bénéficiaient d'une super-assurance gratuite. Donc taxer les banques, pourquoi pas, à la condition de cibler certaines activités...

à écrit le 04/01/2017 à 19:00
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"bon Dieu mais c'est bien sûr" ! comment personne n'y avait pensé ?

à écrit le 04/01/2017 à 18:25
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parles plus bas car elles pourraient bien t'entendre .... celles qui ont le vrai pouvoir !

à écrit le 04/01/2017 à 18:23
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boh y a plus simple et plus populiste il n'a qu'a dire qu'il votera une loi qui interdit le cancer, une loi qui interdit le chomage, une loi qui donnera de l'argent ' paye par personne' a tout le monde quand on voit ce qu'il a reussi a faire quand ...

le 17/01/2017 à 13:36
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Interdire la connerie serait plus utile ...

à écrit le 04/01/2017 à 17:47
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Un socialiste ne peux que TAXER alors les banques pourquoi pas ? Cela les mètreras en situation de faiblesses face à leurs concurrents étranger mais c'est pas grave. Triste politique de sur enchères à gauche

à écrit le 04/01/2017 à 17:22
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Montebourg devrait être suffisamment intelligent pour comprendre qu'il faut réduire le montant des prélèvements sur la production, c'est à dire à la charges des entreprises, et les reporter sur la consommation (TVA sociale), et plus particulièrement ...

à écrit le 04/01/2017 à 16:54
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De la part d'un gars qui était prêt à laisser entre l'exploitation des gaz de schistes sur le territoire j'ai de sérieux doutes. Et de toute façon l'UE ne le permettrait jamais, l'UE étant là pour protéger les intérêts des mégas-riches.

à écrit le 04/01/2017 à 16:23
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Guignol, c'est du démago d'incompétent, du Le Pen like, je sors un slogan, une idée basique qui plait au peuple, et je ne ferai pas le dixieme de ce que je dis car c'est impossible. La France fait partie, bénéficie de l'Europe, de l'Euro. Elle ne pe...

à écrit le 04/01/2017 à 16:08
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Montebourg est un pur démago : le "sauvetage" des banques en 2008 n'a non seulement rien coûté aux contribuables mais en plus il a rapporté à l'état (en raison, notamment, du bilan plutôt très sain des banques françaises excepté Dexia). Il n'y a eu q...

à écrit le 04/01/2017 à 15:51
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"Réformer le Sénat et réduisant son nombre d'élus permettrait à L’État d'engranger 300 millions de recettes supplémentaires." On va mettre les sénateurs au travail pour qu'ils génèrent des recettes pour L’État? Je ne sais pas quel genre de travail il...

à écrit le 04/01/2017 à 15:36
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Beaucoup de dépenses, peu de recettes ................ et au final, au pied du mur de la réalité, beaucoup d’impôts, la machine socialiste à toute vapeur. On a déjà entendu ce refrain. Les impôts, c'est comme le chocolat, si on en mange trop, on est ...

à écrit le 04/01/2017 à 15:27
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Je ne cherche pas à défendre particulièrement les banques, mais il faudrait surtout s’appuyer sur l'Europe pour que toutes les banques du monde soient soumises aux mêmes contraintes. Autrement, on va juste affaiblir nos banques et elles vont être rac...

à écrit le 04/01/2017 à 15:07
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Attention au crash contre le mur de la réalité.

à écrit le 04/01/2017 à 15:01
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Coté banques il ferait mieux de proposer la régulation et plafonnement des frais bancaires !

à écrit le 04/01/2017 à 14:37
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Mr. Montebourg nous explique comment il va redresser la France, après ses résultats désastreux comme ministre du "redressement productif". Ce monsieur n'a jamais travaillé dans le privé, il a pris des cours d'économie à l'INSEAD après avoir été minis...

à écrit le 04/01/2017 à 14:37
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Rien de neuf, juste les vieilles rengaines socialo communistes, on peut continuer à dormir tranquille

à écrit le 04/01/2017 à 14:35
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taxer les banques elles reporteront ça sur leurs clients ......

à écrit le 04/01/2017 à 14:28
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Voilà que l'inventeur ... du ministère du redressement productif ...qui n'a jamais rien redressé ni produit .....même ... que l'on ne sait pas combien , cela à couter à nos impôts..., veut maintenant , nous faire prendre des vessies pour des montgol...

à écrit le 04/01/2017 à 14:05
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on connait le refrain : mon ennemi c'est la finance !

à écrit le 04/01/2017 à 13:56
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Taxer les banques de 5 milliards par an, elles les récupèreront si bien en prélevant nos comptes en tarification. La C.S.G-C.R.D.S à 8% ET 15.5% va flamber, fuite en avant dramatique du sur-endettement.

à écrit le 04/01/2017 à 13:54
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Taxer les banques us..?? Il a pas compris, le gars : les banques font simplement payer les clients, dans ce cas. Surtout les plus pauvres, bien sûr...

à écrit le 04/01/2017 à 13:54
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A tout ces candidats européistes qui essayent de faire semblant d'avoir un programme pour appâter le chaland mais qui ne pourront jamais sortir des clous de la commission de Bruxelles, je leur souhaite bonne chance pour avoir le job de... préfet de l...

à écrit le 04/01/2017 à 13:49
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Quel blagueur ce Montebourg! Il arriverait (presque) à nous faire rire..

à écrit le 04/01/2017 à 13:24
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Et les socialistes vont encore dire qu'ils sont "les enemis de la finance et des banquiers ?" Taxer les banques tout un programme pour des b.... oui le socialisme ne change : egalité pour tous, tout le monde à la même enseigne, revenu universel ( co...

à écrit le 04/01/2017 à 13:15
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Pourquoi pas, donc faut s attendre a une augmentation des frais bancaires en tout genre, les dindons seront toujours les mêmes :)

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