Prud'hommes : vers un plafonnement des indemnités ?

Bercy étudierait la mise en place d'une fourchette obligatoire, avec un plancher et un plafond, des dommages et intérêts prononcés aux prud'hommes en cas de condamnation de l'employeur. Ce dispositif pourrait être intégré à la loi Macron.
En mai dernier, Emmanuel Macron déplorait la lenteur de la justice prud'homale devant les sénateurs en charge d'examiner son projet de loi croissance et activité.

Le gouvernement est-il en train de revoir sa copie de la loi Macron en matière de justice prud'homale dont il cherche à tout prix à alléger la procédure ? Le quotidien économique Les Echos assure que le gouvernement souhaiterait plafonner les indemnités versées aux salariés en cas de condamnation de l'employeur, en créant un barème obligatoire. En fait, selon nos sources, il s'agirait d'établir une fourchet, avec un plancher et un plafond, que les juges ne pourraient pas dépasser. Une vieille revendication de la CGPME et du Medef qui dénoncent régulièrement "l'insécurité juridique" dont pâtissent les entreprises aux prud'hommes.

"La décision n'est pas formellement prise, au niveau de l'Elysée et de Matignon, mais le dossier progresse bien techniquement", assure le journal.

Initialement, les travaux préparatoires au projet de loi pour la croissance et l'activité prévoyaient déjà un barème d'indemnisation obligatoire. Mais face à la grogne des syndicats, il est finalement devenu... optionnel. Il faut donc que les deux parties, l'employeur et le salarié soient d'accord pour que l'indemnité soit fixée au barème.

Concrètement jusqu'ici le projet de loi Macron prévoyait que les juges prud'homaux du bureau de jugement pourraient à l'avenir , s'ils le souhaitent, utiliser un  "référentiel"  pour fixer le montant des indemnités à accorder.

Ce "référentiel", qui n'est pas encore élaboré, serait établi en fonction de la jurisprudence existante. Le montant de l'indemnité serait égal à la moyenne accordée dans les affaires du même type mais aussi en fonction de l'âge du salarié et de son degré de proximité par rapport à son retour dans un nouvel emploi.

Autrement dit, plus un salarié aurait peu de chance de retrouver un nouveau poste, plus importante serait son indemnité...

Un plafonnement réservé aux PME et TPE ?

Finalement donc, le ministère de l'Economie Bercy reviendrait à l'idée d'un plafond obligatoire. "qui pourrait aller de 6 à 12 mois de salaire, voire au-delà. Pour être le plus cohérent possible, ce plafond devrait être calculé en fonction de l'ancienneté du salarié, de son âge et de sa rémunération".

En fait, selon nos propres informations, le barème prévoirait plutôt un plancher et un plafond et les juges seraient libres de fixer les indemnités dans cette fourchette.

le quotidien Les Echos note également que ce plafonnement des indemnités pourrait être réservé aux PME ou TPE. Mais alors, il y aurait un risque d'inconstitutionnalité pour rupture d'égalité devant la justice entre grandes et petites entreprises (et leurs salariés).

La formule ne sera pas une nouveauté : elle existe notamment en Belgique qui utilise comme indicateur la "grille de Claeys" depuis 1974, prenant en compte l'âge du salarié, son ancienneté dans l'entreprise, sa rémunération.

 La loi de 2013 sur la sécurisation de l'emploi prévoit déjà un barème

Pour rappel, il existe déjà, depuis 2013, un barème en cas de litige portant sur un licenciement. Ainsi, tout accord trouvé devant le bureau de conciliation du conseil de prud'hommes prévoit le versement au salarié d'une indemnité forfaitaire. Le montant est fixé selon un barème qui tient compte de l'ancienneté du salarié dans l'entreprise. Pour exemple, un salarié qui aurait passé entre 8 et moins de 15 ans touchera une indemnité équivalente à 8 mois de salaire.

Début mai, Emmanuel Macron avait déploré la lenteur de la justice prud'homale devant les sénateurs en charge de l'examen de son projet de loi : "26 mois en moyenne. Elle pratique trop peu la conciliation : 6%. Raccourcir les délais est bon pour la salariés et les employeurs les plus modestes".

Commentaires 10
à écrit le 01/06/2015 à 16:19
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Le scandale est le chomage des seniors mis à la porte à tour de bras par les organisations y compris très bien portantes pour embaucher des jeunes en CDD. Des personnes de 40 à 55 ans foutues dehors, sans accompagnement et laissées pour compte avec u...

à écrit le 21/05/2015 à 15:14
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C’est rassurant de constater que nos politiques travaillent dur à l’instauration de plafonds d’indemnités aux Prud’hommes parce que, d’après certaines organisations patronales, cela constituerait un frein à l’embauche ! Une fois de plus, nos pseudos...

à écrit le 21/05/2015 à 9:49
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motifs du licenciement dès la lettre de convocation à l'entretien préalable pour éviter de se découvrir accusé de tout et de rien validation du licenciement dans la forme par pole emploi ou l'inspection du travail pour éviter à l'état de payer puis ...

à écrit le 20/05/2015 à 18:28
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Belle fumisterie créé entre le patronat et les syndicats ,une justice daubée dans ce monde du travail !

à écrit le 20/05/2015 à 12:19
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Tout est bon pour le MEDEF pour "diminuer les risques", en réalité mettre les salariés encore plus sous pression et leur enlever toute velléité de contestation. Il me semble important de rappeler qu'il y a environ 200 000 procédures prud'homales, n...

le 21/05/2015 à 11:11
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Vous soulevez le fait que malgré la création de la rupture conventionnelle, les procédures prudhommales n'ont pas diminuées... normal : les ruptures conventionnelles ont avant tout remplacé les démissions ! Qui démissionne encore aujourd'hui ? Vous ...

le 21/05/2015 à 15:33
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S'il n'y avait que de bons chefs d'entreprise comme vous, nous en serions tous très heureux mais comme nous ne vivons pas au pays des bisounours ... En tout cas je vous souhaite de continuer à être un gentil dirigeant et de ne pas vous retrouver de ...

à écrit le 20/05/2015 à 10:18
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Donc après la précarité du CDI de Sarkozy, la rupture conventionnelle avec dédommagements, la taxation de ces dédommagements par Hollande, une entreprise se comportant mal (licenciement abusif par exemple) pourra ne payer que quelques mois de salair...

le 21/05/2015 à 11:17
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Vous avez vu où, la précarité du CDI ?????!! C'est justement parce qu'on ne peut pas y mettre fin que 85% des embauches se font depuis des années en CDD, alors que ça coute plus cher à l'employeur ! C'est justement pour ça que l'intérim est préféré ...

le 21/05/2015 à 11:58
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La rupture conventionnel permet de rompre en 15 jours un contrat; je l'ai expérimenté et cela se fait énormément dans mon domaine. Il vous suffit de regarder l'explosion de ces ruptures pour le voir. Alors, avant de poster, creuser un minimum le su...

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