Régions : les transferts sociaux réduisent les inégalités

[Graphiques] Selon l'Insee, les prestations sociales et impôts permettent de diminuer les inégalités de niveau de vie entre les régions mais également au sein des départements. Un enjeu de taille à un moment où le rôle des transferts sociaux est souvent remis en cause.
Grégoire Normand
La réforme des aides au logement envisagé par le gouvernement suscite de nombreux débats actuellement.

La redistribution diminue les inégalités territoriales. Selon une enquête de l'Insee publiée ce lundi 6 novembre, les inégalités de revenus et de niveaux de vie seraient encore plus considérables entre les régions sans les prestations sociales et les impôts. A l'heure où le gouvernement actuel envisage de réformer les aides au logement, cette étude risque de relancer le débat.

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L'Ile-de France et PACA en tête des inégalités

Dans leur travail, les experts de l'Insee ont passé en revue les inégalités entre les ménages dans chaque région. Il apparaît que l'Île-de-France est la région la plus inégalitaire si on compare le niveau de vie (*) des 10% d'individus les plus aisés (D9 ou neuvième décile) et le niveau de vie des 10% les plus modestes (D1 ou premier décile). La région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca) et les Hauts-de-France arrivent sur les deux dernières marches du podium des régions les plus inégalitaires. A l'opposé, les Pays de la Loire et la Bretagne sont les deux régions les plus égalitaires de France.

De fortes inégalités sont également visibles en matière de pauvreté. C'est en Corse que le taux de pauvreté (**) est le plus important (20,3%), suivie des Hauts-de-France (18,3%) et de la Provence-Alpes-Côte d'Azur (17,5%). A l'inverse, la région Bretagne (10,8%), les Pays de la Loire (11,1%) et Auvergne Rhône Alpes (12,7%) sont les trois régions qui concentrent le moins de pauvreté . A titre de comparaison, le taux de pauvreté au niveau national s'élève à 13,9% selon les dernières estimations de l'institut public publiées en octobre dernier.

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D'ailleurs, l'organisme public expliquait il y a un mois que la légère amélioration du taux de pauvreté entre 2015 et 2016 "serait liée à la redistribution en faveur des ménages les plus modestes".

"Les prestations sociales (minima sociaux, prestations familiales, allocations logement et prime d'activité) ainsi que les prélèvements directs expliqueraient l'essentiel" de cette baisse, détaillent les experts. "Cet effet serait surtout dû à la création en 2016 de la prime d'activité", en substitution de la prime pour l'emploi et du RSA-activité, qui "cible davantage les actifs les plus modestes que les deux dispositifs précédents" et dont le taux de recours est "largement plus élevé" que celui au RSA activité, commente l'Insee."

Les transferts sociaux contribuent à la baisse des inégalités

Face à ce constat, les auteurs de l'étude rappellent que les prestations sociales et les impôts réduisent davantage les inégalités au sein des régions les plus touchées par la pauvreté, notamment au Nord de la France, sur le pourtour méditerranéen et en Île-de-France. Pour les 10% de la population ayant les revenus les plus bas, la part des prestations sociales dans le revenu disponible est maximale dans le département du Nord (52,2%), du Pas-de-Calais (50,3%) et de la Seine-Maritime (48,7%). Elle est la plus faible (autour de 28%) dans les départements du sud du Massif central (Aveyron, Cantal, Lozère) et en Corse du Sud en raison de la part plus élevée de la population âgée dans ces départements.

Des prestations familiales importantes dans l'Ouest

Les prestations familiales sont proportionnellement plus élevées dans les territoires où les familles avec des enfants de moins de 18 ans sont les plus nombreuses, comme à l'Ouest. Et sans surprise, la part des prestations logement dans le revenu disponible est plus élevée dans les villes. En effet, celles-ci concentrent davantage de personnes seules : cette population est surreprésentée parmi les bénéficiaires des aides au logement.

"La part des prestations logement dans le revenu disponible du 1er décile de revenu atteint ainsi 17,4 % dans les villes-centres des grandes aires urbaines, mais seulement 9,3 % dans les couronnes des grandes aires urbaines."

Les allocations chômage prépondérantes au Nord et en Seine-Saint-Denis

Les revenus de remplacement (allocations chômage, pensions de retraite) constituent également une part non négligeable des revenus dans certains territoires. Ainsi, les allocations chômage, en proportion du revenu disponible, sont les plus élevées dans l'extrême nord et la partie ouest du pourtour méditerranéen ainsi qu'en Seine-Saint-Denis, dans les Vosges et le territoire de Belfort, départements où le taux de chômage est supérieur à la moyenne nationale.

La part des pensions, retraites et rentes dans le revenu disponible est la plus élevée dans des départements situés dans le centre du pays comme la Nièvre (40%), dans le Sud ou sur le littoral ouest. Dans ces départements, la part de la population âgée de 60 ans ou plus est supérieure à 30%, comparé à 24,4% en moyenne en France métropolitaine.

Au moment où de nombreuses révélations sur l'optimisation fiscale sont mises au grand jour par le biais des "Paradise papers", cette étude pourrait relancer les discussions sur le rôle de la fiscalité dans la redistribution et la réduction des inégalités.

(*) Le niveau de vie correspond au revenu disponible des ménages par unité de consommation. Il prend en compte les prestations sociales et les impôts directs.

(**) Le taux de pauvreté correspond à la proportion d'individus (ou de ménages) dont le niveau de vie est inférieur pour une année donnée à un seuil, dénommé seuil de pauvreté (exprimé en euros).

Grégoire Normand
Commentaires 3
à écrit le 08/11/2017 à 11:14
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Excellent article qui prouve que les impots peuvent augmenter a condition que cet argent soit utilisé intelligemment,dans la redistribution entre autres.Le poids total des prélèvements obligatoires n'est pas un problème a condition qu'il y ait une re...

à écrit le 08/11/2017 à 9:07
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Merci pour cet article. Et c'est exactement pareil d'un point de vue nationale, si les riches payaient leurs impôts cela réduirait les inégalités. L'argent entassé ne profite à personne et donc est amputé de l'économie réelle.

à écrit le 07/11/2017 à 17:14
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Le problème, c'est que le nombre de contribuables finançant ces transferts sociaux est en constante diminution. Il ne reste que 42 % de contribuables pour payer l'IR et avec la réforme Macron , seulement 20 % pour la TH. l'état qui n'arrive plus à fi...

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