Regroupement familial : la proposition de Juppé enfonce des portes ouvertes

Le candidat à la primaire Les Républicains veut conditionner le regroupement familial à des revenus issus du travail et non des allocations chômage. Les institutions sont déjà très strictes à ce sujet.
Jean-Christophe Catalon
Alain Juppé veut faire en sorte que "la personne qui accueille sa famille justifie, non pas d'allocations chômage, mais du revenu d'un travail".

Mauvaise pioche pour Alain Juppé. Répondant aux questions des auditeurs ce mardi au micro de RTL, le candidat à la primaire Les Républicains a été interpellé sur la situation à Calais et en a profité pour développer son programme en matière d'immigration. "Je voudrais élargir le dossier, il faut que la France reprenne le contrôle de ses flux migratoires", a insisté le maire de Bordeaux.

Parmi ses propositions, Alain Juppé veut perfectionner les conditions de validation du regroupement familial, visiblement jugées insuffisantes, de sorte à ce que "la personne qui accueille sa famille justifie, non pas d'allocations chômage, mais du revenu d'un travail". La législation française pose un cadre strict pour ces demandes.

"Le demandeur doit disposer de ressources stables et suffisantes"

Tout étranger non ressortissant de l'Union européenne doit remplir plusieurs conditions pour que sa demande de regroupement familial soit acceptée. Tout d'abord, il doit être en situation régulière en France depuis au moins 18 mois. Ensuite, il doit justifier d'un logement avec une surface suffisante pour accueillir les membres de sa famille. A Paris et certaines communes d'Île-de-France par exemple, une quarantaine de mètres carrés sont requis pour une famille de quatre personnes.

Enfin, la législation prévoit que "le demandeur doit disposer de ressources stables et suffisantes pour subvenir aux besoins de sa famille". Il doit justifier sur les 12 derniers mois d'un revenu moyen d'au moins le montant du Smic net, soit 1 139,21 euros mensuel. La provenance de ces ressources n'est pas imposée, elles peuvent résulter d'un travail salarié ou non salarié, de la gestion de patrimoine, etc. En revanche, sont exclues de ce calcul la quasi-totalité des prestations sociales, du RSA aux allocations familiales. Seules les personnes recevant l'allocation adulte handicapé ou l'allocation d'invalidité, bénéficient de dispositions particulières.

"Les personnes au chômage se font régulièrement refuser le regroupement familial"

L'allocation chômage, de son appellation administrative ARE (pour Aide au retour à l'emploi), n'est effectivement pas comptabilisée comme une prestation sociale. Légalement, elle ne fait pas obstacle à une demande de regroupement familial. Cette exception permet aux intérimaires et aux saisonniers, qui connaissent par définition des périodes d'inactivité, d'être rejoints par leurs proches.

Dans les faits, "les personnes au chômage se font régulièrement refuser le regroupement familial", indique Rémy Amsellem, avocat en droit des étrangers et membre du réseau Visalex. Ce dernier a récemment contesté en référé au tribunal administratif de Paris, une décision concernant un ressortissant algérien qui enchaînait les contrats d'intérimaire. "Pour les bénéficiaires de l'ARE, il faut systématiquement passer en force", observe l'avocat.

"Il y a beaucoup de refus des consulats"

De manière général, la validation d'une demande de regroupement familial n'est pas une sinécure. Une fois son dossier constitué, le demandeur le dépose en préfecture. Celle-ci va l'analyser avant de choisir ou non de le transmettre à l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII) qui lui-même va décider de le faire suivre au consulat du pays concerné.

Ce dernier aura le mot de la fin, puisqu'il délivre les titres de séjours. "Il y a beaucoup de refus des consulats qui remettent en cause les documents d'état civil (acte de naissance, acte de mariage, etc.)", note Rémy Amsellem.

En 2014, plus de 92 000 titres de séjour ont été délivrés pour motif familial, selon le ministère de l'Intérieur. Quatre titres sur dix concernaient des ressortissants non européens.

Jean-Christophe Catalon
Commentaires 30
à écrit le 22/05/2023 à 20:05
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Bonjour je souhaite faire un regroupement familial sachant que je suis en chômage et je touche 1700 euros de chômage esque je vais pas avoir de problème merci cordialement

à écrit le 16/09/2016 à 17:35
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à lire les commentaires on voit que la loi en la matière est loin d'être claire. Alain Juppé a au moins raison sur un point, c'est qu'il faut des règles simples et claires.

à écrit le 14/09/2016 à 16:51
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Quand nos hommes politiques méconnaissent les lois de base... et ils sont tous ainsi, croyez moi, à enfoncer des portes ouvertes, à faire des effets d'annonce pour "les gens, le peuple ignorant". Les candidats aux élections devraient se renseigner av...

à écrit le 14/09/2016 à 11:22
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"En 2014, plus de 92 000 titres de séjour ont été délivrés pour motif familial, selon le ministère de l'Intérieur. ..." C'est 92 000 de trop !

le 14/09/2016 à 16:54
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Oui, sans doute, mais il y a aussi les "conjoints de fançais", et les "parents d'enfants français" (pas dur), façon bien plus facile d'entrer en France que par le parcours du combattant de la procédure "regroupement familial" que je connais bien, j'y...

à écrit le 14/09/2016 à 10:09
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CET article est de mauvaise foi . JUPPE a raison , il faut le mettre dans la loi , pour ne laisser aucun échappatoire aux avocats et aux juges ....

le 14/09/2016 à 16:56
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C'est déjà dans la loi. J'y travaille , au regroupement familial. On ne tient pas compte des ressources de l'ARE, pas plus que celles dues au prestations sociales. La loi, c'est "RESSOURCES STABLES ET REGULIERES", c'est dire un CDI plein temps depuis...

à écrit le 14/09/2016 à 8:48
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Mais quel article engagé ! => les allocations chômages sont bien comptes dans les revenus disponibles dans la loi => le fait que les juges n'en tienne pas vraiment compte est une habitude pas une loi => l'ajouter dans la loi permet de clarifier et d'...

le 14/09/2016 à 11:02
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@Michel: La loi concernant le regroupement familiale dit: "...que le demandeur dispose de ressources stables et suffisantes". Les allocations de chômage sont prises en compte au niveau de la suffisance de la somme de l'année qui précède la demande, m...

le 14/09/2016 à 17:04
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NON. les prestation sociales et les ARE n'entrent pas en compte dans le calcul des ressources. Lisez le CESEDA au sujet du regroupement familial.

à écrit le 13/09/2016 à 23:46
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1. L’article dit la vérité, Juppé comme plein d’autres politiciens, a montré son incompétence dans une question assez simple. 2. Concernant les flux migratoires et les problèmes liés avec, il y a une grande incompréhension. D’abord il faut dire qu’...

le 14/09/2016 à 10:09
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@Ex-moscovite: la différence première, ce n'est pas ceux qui posent ou non des problèmes, mais le fait qu'ils soient des immigrés légaux ou non. Ensuite, les avocats ne devraient pas pouvoir pas passer au forceps, car soit on répond aux critères, soi...

le 14/09/2016 à 11:25
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votre commentaire est juste ! c'est M Juppé qui joue le démagogue, comme tous ses confrères, d'ailleurs !

le 14/09/2016 à 11:27
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@ patrickb : " Ce qui veut dire que pendant ces 10 ans, l'invité ne peut se prévaloir de fonds publics quelconques. Un des grands attraits de la France étant bien entendu sa générosité, plus que l'amour que pourraient nous porter lesdits immigrés :-)...

le 14/09/2016 à 16:59
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Merci de votre clarté. Je m'énerve et ils ne comprennent rien. Qu'ils lisent le CESEDA.

le 14/09/2016 à 18:13
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@patrickb : 1. La différence première, c’est qu’il faut diagnostiquer le problème. Donc, oui, il faut savoir qui pose le plus de problèmes, qui moins, et, donc, commencer une vraie action d’abord contre les premiers. Déjà il n’y a pas d’une expulsion...

le 14/09/2016 à 18:27
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@ limite. Merci à vous. Je ne peux que citer: "Deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue." A. Einstein.

à écrit le 13/09/2016 à 21:47
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Quand on veut être président, quand on veut décider sur un sujet sensible et qu'on ne connait pas finement l' état des lieux, le mieux c' est de partir à la retraite J' avais prévu de voter pour lui, mais c' est fini.

le 14/09/2016 à 10:32
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Vous n'avez jamais prévu de voter pour lui. Et ne vous inquiétez pas pour Juppé sa compétence est avérée et bien visible à Bordeaux ville dont il est le maire.

à écrit le 13/09/2016 à 18:24
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Il faut faire plus : supprimer l'aide médicale d'état et les cartes vitales sans photos qui permettent à plein d'étrangers de se soigner gratuitement en France. Ensuite ne permettre le regroupement familial qu'aux personnes qualifiées et déjà intégré...

le 14/09/2016 à 8:53
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Je pense hélas que nous n'avons pas vraiment de problème à ce les immigrés nouvellement arrivés qui cherchent bien souvent à bosser, mais avec la deuxième génération. Cette dernière pour une partie importante (pas la totalité évidement) n'a pas été i...

le 14/09/2016 à 11:04
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@Michel: Ici vous avez complètement raison à quelques nuances près.

à écrit le 13/09/2016 à 17:26
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Et en plus cela vient de la droite : Décret du 29 avril 1976 Le regroupement familial fut rendu légal, et institutionnalisé, par le président Valéry Giscard d'Estaing, son premier ministre Jacques Chirac et le ministre du Travail Michel Durafou...

à écrit le 13/09/2016 à 17:03
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Ils manquent quelques paramètres : l'émigration clandestine par exemple, et le minimum vieillesse qui est versé à des personnes n'ayant jamais travaillé en France. Combien cela représente-t-il en nombre de personnes et en coût financier ? Les chiff...

le 13/09/2016 à 18:57
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@Iciailleurs: Concernant l'ASPA (pas minimum vieilesse), pour rechercher sur le Net: "Etrangers et minimum vieillesse UMP Libération Mathiot". Je n'aime pas trop la ligne éditoriale du journal "Libération", mais ici ils ont raison. En résumé, il n'y...

à écrit le 13/09/2016 à 16:23
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Le plus simple est que le regroupement familial marche dans les deux sens.

à écrit le 13/09/2016 à 16:17
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Il ne faut oublier pas le nombre croissant de naissances en France qui sont la conséquence de l’immigration familiale. Soit 240 000 naissances en 2014 contre 180 000 en 1998. Le total l’immigration familiale + naissances dans les familles immig...

à écrit le 13/09/2016 à 16:11
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Ils enfoncent tous des portes ouvertes il faudrait leur interdire de s'exprimer, je pense à tous les politiciens bien entendu, dans des médias en période électorale, ce serait une œuvre de salut public. A moins bien entendu qu'on leur impose le m...

à écrit le 13/09/2016 à 14:37
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Facile d'enfumer avec une législation qui est déjà en place a moins qu'il ne l'ignore! Surtout de pas sortir du cadre des "recommandations" et "directives" de Bruxelles pour faire un programme compatible!

à écrit le 13/09/2016 à 14:25
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quand il y a un ça va le problème c'est quand il y a plusieurs...

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