Retraites : la bataille parlementaire démarre

L'examen du projet de loi par une commission spéciale débute ce lundi au Palais bourbon dans une ambiance électrique. Près de 22.000 amendements ont été déposés par des élus de l'opposition remontés contre le projet du gouvernement.
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters/Benoit Tessier)

Les affrontements entre les élus de la majorité et ceux de l'opposition s'annoncent âpres. Après plusieurs mois de concertations, plusieurs semaines de grèves et de mobilisations, l'examen du projet de loi du gouvernement sur les retraites fait son entrée au Palais Bourbon. Ce lundi 3 février, une commission spéciale menée par le rapporteur général Guillaume Gouffier-Cha est chargée d'examiner le projet de loi ordinaire et le projet de loi organique.

À l'extérieur, la situation est loin d'être apaisée. Les avocats, médecins, infirmières, pilotes de ligne ont battu le pavé ce lundi pour une nouvelle fois exprimer leur opposition à la réforme de l'exécutif. En parallèle, le collectif SOS retraites dénonce dans un communiqué "le dogmatisme du gouvernement et le simulacre de concertation". Plus d'une semaine après la présentation du texte et son étude d'impact, le gouvernement a dû affronter de nombreuses critiques après la publication de l'avis sévère du conseil d'Etat.

> Lire aussi : Réforme des retraites : ce que déplore le Conseil d'Etat

22.000 amendements

Près de 22.000 amendements ont été déposés sur ce projet de loi décrié visant à mettre en place un régime universel. De quoi gripper les travaux de la commission spéciale de 71 députés, qui risque de ne pas parvenir à achever l'examen des 65 articles du projet de loi ordinaire et les cinq du projet de loi organique, avant leur arrivée dans l'hémicycle le 17 février. Le groupe des Insoumis a déposé environ 19.000 amendements et a proposé vendredi dernier le dépôt d'une motion de censure. "Cette proposition est faite à tous les groupes d'opposition. En effet c'est toute l'Assemblée dont le travail est mis en cause par la méthode du gouvernement" précise La France Insoumise dans un communiqué.

À droite, le président des Républicains, Christian Jacob, a dénoncé au micro de RTL un "déni de démocratie" de la part du Premier ministre. "Ce qui est inacceptable [...] c'est de présenter la réforme des retraites sans présenter son financement". Dans les rangs de la majorité, certains élus dénoncent une volonté d'obstruction. Le ministre en charge des relations avec le Parlement, Marc Fesneau, a déclaré sur l'antenne de France Info dimanche soir que "le groupe La France Insoumise est dans une stratégie d'obstruction. C'est dévoyer le rôle du Parlement et dégrader le rôle du parlementaire. Ils fuient le débat des idées, le débat de fond. Il n'y a pas de "zadisme" : on est à l'Assemblée nationale pas à Notre-Dame des Landes".

Un calendrier serré

Début janvier, Marc Fesneau a précisé quelques points du calendrier parlementaire. Le texte doit faire son entrée dans l'hémicycle à partir du 17 février avec une procédure accélérée. Cela "permettra (...) de respecter l'engagement que j'avais pris d'un projet de loi adopté avant l'été par le Parlement", avait expliqué le Premier ministre Edouard Philippe début janvier. Ce choix de l'exécutif a également été dénoncé par plusieurs parlementaires de l'opposition mais le gouvernement est resté attaché à cette feuille de route très chargée.

En fin de semaine dernière, le locataire de Matignon a installé la conférence sur l'équilibre et le financement des retraites. Cette instance réunit plusieurs organisations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFDT, Unsa) et quatre fédérations patronales (Medef, CPME, U2P, FNSEA).

La "proposition d'organisation des travaux" qui leur a été remise prévoit dans un premier temps que celles "qui le souhaitent" envoient "avant le 7 février une note avec les pistes de solutions. Les partenaires sociaux seront ainsi obligés d'abattre leurs cartes, pour que les services de l'Etat puissent chiffrer le coût de leurs scénario

Grégoire Normand
Commentaires 8
à écrit le 05/02/2020 à 5:54
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Ils ont réussi à se mettre à dos même la CGC ! Même la CGC... Encore plus fort qu'avec les Gilets Jaunes. Yes, They (Macron & Friends) Can

à écrit le 04/02/2020 à 16:06
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Pendant ce temps: La retraite anticipée pour carrières longues permet à celles et à ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans et cotisé longtemps de partir en retraite avant l’âge légal. Ce dispositif permet de percevoir une retraite à part...

à écrit le 04/02/2020 à 10:11
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Retraites : la bataille parlementaire démarre... bahhhh ... le gouvernement Philippe soumet au parlement un projet marqué par le désordre, les approximations, des explications qui se contredisent dans les bouches des ministres et des députés LREM ...

à écrit le 04/02/2020 à 9:45
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Il n'y aura pas de bataille, les députés LREM sont aux ordres dans la bonne tradition gaulliste des godillots.

à écrit le 04/02/2020 à 8:44
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Et quand est ce qu'ils déclenchent une bataille parlementaire pour s'attaquer aux conditions structurelles de notre dette ??

à écrit le 03/02/2020 à 15:55
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Avec tout ces couacs, les godillots ne savent plus sur quel pied danser! On n'a pas fini de taper le pavé!

à écrit le 03/02/2020 à 15:03
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encore les avocats dans la rue avec les medecins du jamais vue il faut dissoudre cette assemblée de playmobile qui ne représente plus rien quand on vois le manque d"humanité on vois que la penicaud a été DRH cette femme sans cœur qui mégote sur la mo...

à écrit le 03/02/2020 à 14:57
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""Ce qui est inacceptable [...] c'est de présenter la réforme des retraites sans présenter son financement"." Oui, les LR peuvent remercier chaleureusement nos LREM serviles, incultes et incompétents qui au final font de la publicité à leur pourt...

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