Tabac : une augmentation d'un euro par an souhaitée par le gouvernement

La ministre de la Santé Agnès Buzyn a dévoilé les grandes lignes du calendrier qui amènera le prix du paquet de cigarettes à 10 euros en 2020. Dans le même temps, la contrebande continue de prendre de l'ampleur en France.
Les prix du tabac devraient augmenter d'un euro par an selon la ministre de la Santé Agnès Buzyn.

Il ne faudra bientôt plus s'attendre à recevoir le change en achetant son paquet de cigarettes. Alors que la ministre de la Santé Agnès Buzyn avait déjà annoncé en juillet une forte hausse des prix du tabac prévue pour 2018, elle a précisé ce jeudi au micro de CNews son "souhait d'une augmentation d'un euro par an", pour atteindre l'objectif du paquet à 10 euros d'ici 2020. Comme promis par le Premier ministre Edouard Philippe lors de son discours de politique générale le 4 juillet dernier, le gouvernement intensifie sa lutte contre le tabagisme, qui reste "la première cause évitable de mortalité" selon la ministre.

Et pour atteindre l'objectif zéro tabac, la clé serait que "les hausses soient importantes", estime la ministre. L'ancienne présidente de l'Institut national du cancer a précisé, par la même occasion, que le gouvernement allait faire en sorte de ne pas le "faire d'un coup", car elle souhaiterait avant tout que "les Français aient le temps de se préparer à arrêter" de fumer.

L'annonce a fait réagir British American Tobacco France, qui constante dans un communiqué que "le choc des prix n'a toujours pas fait ses preuves en matière de santé publique et ceci depuis déjà 15 ans. Les chiffres officiels de la prévalence tabagique publiés par Santé Publique France montrent qu'il y a toujours autant de fumeurs. Il faut donc mener une autre politique".

Ajoutant : "Avant d'envisager toute nouvelle hausse, et comme souhaité par le Président de la République, il est essentiel d'harmoniser la fiscalité européenne du tabac et de mettre en place un plan de lutte réel et efficace contre la contrebande."

Un "plan global" européen

Emmanuel Macron l'avait en effet déjà dit alors qu'il n'était que candidat à l'élection présidentielle : "On ne peut pas expliquer à des buralistes et à des consommateurs à Lille, à Strasbourg ou ailleurs, qu'en prenant dix minutes leur voiture, ils auront le paquet à moitié prix de l'autre côté de la frontière". Un constat qui vient contrebalancer les objectifs gouvernementaux en matière de lutte contre le tabac.

A ce sujet, la ministre a abordé la mise en place d'un "plan global", principalement destiné à "aider les buralistes". Elle a mis en garde contre une hausse du paquet de cigarette qui "ne servirait à rien" si ce plan venait à échouer, ou à ne pas se faire. Non seulement à l'échelle nationale, mais aussi européenne. Agnès Buzyn a ainsi plaidé pour une "harmonisation des prix"  des cigarettes au niveau européen, pour essentiellement "éviter la fraude".

La France, championne européenne de la contrebande

Le problème de fraude est bien présent sur le territoire national : la France est même la championne d'Europe de contrefaçon et de contrebande de cigarettes avec 8,96 milliards de cigarettes contrefaites en 2016, d'après l'étude annuelle "Project Sun" réalisée par le cabinet d'audit KPMG (lien vers le pdf en anglais). L'enquête note toutefois que cela ne représente "que" 14,8% de la consommation de cigarettes, contre 15,7% en 2012, année pendant laquelle 10,34 milliards de cigarettes contrefaites et/ou de contrebande ont été "grillées". De quoi contredire les buralistes affirmant que l'augmentation des prix du tabac ne ferait qu'empirer la chose.

Malgré cette baisse, la cigarette illégale coûte toujours cher à l'État français : KPGM estime les pertes fiscales à 2,4 milliards d'euros. Une estimation partiale puisqu'elle ne prend pas en compte l'important volume de cigarettes que les Français ramènent des pays voisins, européens ou non. Entre 2012 et 2016, le volume de cigarettes rapportées de l'Algérie a ainsi été multiplié par trois, atteignant les 3,19 milliards de cigarettes en 2016 pour un total tout pays confondu de 16,46 milliards de cigarettes rapportées. Sur la même période, la consommation totale de cigarettes en France a diminué, passant de 65,67 milliards à 60,77, augmentant donc la proportion de cigarettes fumées dans l'Hexagone mais achetées à l'étranger, qui atteint désormais 27%.

(avec agences)

Commentaires 7
à écrit le 01/09/2017 à 10:31
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Interdiction du cannabis, augmentation du prix du tabac, la france semble avoir un contrat solide avec la mafia. Merci pour cet article et au secours.

à écrit le 01/09/2017 à 9:45
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Enfin çà va bouger ...

à écrit le 01/09/2017 à 7:08
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S'il s'agit d'un problème de santé, interdisons le tabac et, surtout, le cigare à ceux qui nous gouvernent ou nous représentent!

à écrit le 01/09/2017 à 5:50
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La cancer du tabac des fumeurs et buveurs invétérés ne devrait plus être pris en charge car la communauté paie très cher pour ces débiles.

à écrit le 01/09/2017 à 5:29
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"Il faut que les fumeurs aient le temps de realiser que bla, bla..." Paquet a 10 euros immediatement, voila une vraie mesure de sante publique. Comme d'habitude des demies mesures. Typiquement francais.

à écrit le 31/08/2017 à 19:53
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Inutile. Et plus il augmenterons les prix, plus y a aura de trafic. Perso je n'achète plus de tabac en france depuis des années ...

à écrit le 31/08/2017 à 17:34
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On va enrichir les pays voisins et avoir quand même les cancers chez nous... en fait on aura tout gagner dans l'histoire...

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