Vers la fin du plafond de verre ?

La publication le 19 novembre dernier de la dixième édition du Global Gender Gap du World Economic Forum a de quoi en satisfaire plus d'une. L'étude témoigne du formidable bond en avant qui s'est opéré en France. Serions-nous pour autant à l'égalité réelle ? Le chemin est encore long.
Sommes-nous parvenus à l'égalité réelle telle que le prône la loi de Najat Vallaud-Belkacem adoptée en 2014 ? Loin de là... Mais on s'en approche.

Cocorico... Selon la dernière étude du World Economic Forum sur le gender gap, en dix ans, la France est passée du 70e rang au 15e rang pour la place qu'elle accorde aux femmes sur notre territoire. Si en matière d'éducation et de santé, l'égalité règne et ne fait plus débat (exception faite de maladies spécifiques, comme le VIH, un fléau chez les femmes immigrées notamment), les femmes ont vu leur place confortée sur de nombreux points. Le point essentiel d'amélioration se situe dans le monde du travail. Depuis longtemps déjà, dès la fin des années 1960, les femmes y sont arrivées en masse.

Cantonnées longtemps aux tâches secondaires, butant sur ce que l'on appelait le plafond de verre, elles ont enregistré une très nette amélioration de leur position dans la sphère professionnelle. Notre pays qui était classé à la 88e place en 2006 est désormais au 56e rang (lire aussi page 10). C'est beaucoup mieux que cela n'a été, grâce notamment à une forte réduction des écarts de rémunération selon les chiffres récoltés par Gender Gap. Serait-on enfin parvenu plus de quarante ans après à l'application du célèbre principe de la loi de 1972 « À travail égal, salaire égal » ? Le Gender Gap salue pour sa part les progrès en la matière, même si d'autres associations de femmes contestent ces résultats.

En revanche, la situation des femmes dans la hiérarchie se transforme fortement. Depuis 2011, la France a nettement amélioré ses positions avec l'adoption de la loi Copé-Zimmermann (lire l'encadré ci-contre). Désormais, notre pays est le deuxième mieux classé pour le nombre d'administratrices de sociétés cotées, après la Norvège. Les conseils du SBF 120 comptent 33,3 % de femmes, les comités exécutifs (Comex) 14,5 %. Cela étant, ne nous trompons pas : lorsqu'un conseil d'administration se déroule en moyenne avec quatre femmes et treize hommes autour de la table, peut-on parler d'égalité réelle ? C'est beaucoup mieux, mais on est loin de la parité.

Gouvernements paritaires, Parlement sexiste

Dans l'administration et la haute fonction publique, la progression est là encore notable : +41 %. Pour autant, l'égalité est loin de régner dans certains secteurs publics, la culture par exemple, l'agriculture ou la finance. Les chantiers pour changer les mentalités et faire entrer les femmes aux plus hautes responsabilités sont en cours.

Sur le plan politique, l'étude Gender Gap salue les trois gouvernements paritaires (ceux de 2008, 2012 et 2015) : ils contribuent grandement à la très nette amélioration de notre pays dans le palmarès. Mais, cette bonne nouvelle est immédiatement contrariée par la faible représentation féminine au sein du parlement : 26 %. C'est nettement insuffisant. Et ce d'autant que les débats ces dernières semaines n'ont pas manqué parfois d'être perturbés par des remarques sexistes hors d'âge qui ont nécessité le rappel à l'ordre du président de l'Assemblée nationale.


Les femmes apprennent la politique toute seule

Pour Julia Mouzon, à la tête de la startup Femmes & Pouvoir qui accompagne les futures parlementaires, ministres et autres politiciennes :

« Depuis 2000 et le vote de la loi sur la parité, les femmes se sont invitées sur les listes électorales à égalité avec leurs collègues masculins. Encore minoritaires au niveau national, les élues locales sont aujourd'hui 48 % des élus des communes et des régions, dans les villes et communes de plus de 1 000 habitants, où la loi s'applique. Là comme ailleurs, leur arrivée au pouvoir est scrutée et analysée. [...] Plus souvent jeunes et issues de l'immigration que les hommes politiques, elles sont rarement éduquées depuis l'enfance à viser haut et grand - les femmes apprennent la politique toutes seules, elles incarnent des regards neufs, de nouveaux styles de leadership et de communication, des idées peut-être identiques mais marquées d'éducations et d'expériences de vie encore très différentes. »

Sommes-nous parvenus à l'égalité réelle telle que le prône la loi de Najat Vallaud-Belkacem adoptée en 2014 ? Loin de là... Mais on s'en approche. Les décrets d'application des mesures phares de la loi du 4 août 2014 ont été publiés. Ils devraient contribuer notamment à conditionner l'accès aux marchés publics au respect par les entreprises de l'égalité professionnelle et étendre à tous les champs de responsabilité le principe de parité.

Les entreprises et les responsables politiques qui n'auraient pas encore entendu le message ont tout intérêt à s'y préparer. Il est plus que jamais nécessaire de prendre en compte la diversité. Il s'agit là d'un atout compétitif.

Commentaire 1
à écrit le 13/12/2015 à 18:45
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Vous voyez la Fed dire, ok, les gars, it’s over ! tout ça ne vaut plus rien ! battez-vous dans les rues , soyez le plus entreprenant, le plus violent possible prenez tout ce que vous pouvez , le vol est le gain, la violence votre capital ! Allons , a...

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