Collectivités locales : Philippe appelle à un "esprit dépourvu de sectarisme"

Lors de son intervention à la 17e Conférence des villes organisée mercredi à Paris par France Urbaine, le Premier ministre a répondu aux critiques contre les récentes réformes en insistant sur la nécessité de pragmatisme. Il a néanmoins aussi tenté de rassurer les élus sur la volonté de concertation du gouvernement.
Giulietta Gamberini
L'Etat doit s'appuyer sur ceux qui connaissent le territoire s'il veut gagner ses combats", a lancé Edouard Philippe.

"Lui aussi a été maire de la ville du Havre pendant plus de six ans", n'a cessé de répéter Édouard Philippe, invité à intervenir lors de l'ouverture de la 17e Conférence des villes organisée mercredi 20 septembre par France urbaine à Paris. Une expérience sur laquelle le Premier ministre s'est reposé pour appeler les élus des métropoles, communautés urbaines, communautés d'agglomération et grandes villes de France réunis par l'association à une attitude "ouverte" et "dépourvue de sectarisme" face aux réformes touchant les collectivités locales annoncées tout récemment par le gouvernement.

"Franchise"

"Il n'est pas normal que dans de grandes collectivités des emplois pérennes et jugés comme indispensables soient attribués via des contrats aidés", a souligné dans cet état d'esprit de "pragmatisme" et de "franchise" le Premier ministre, en réponse aux critiques exprimées juste avant son allocution par le premier adjoint à la mairie de Paris Bruno Julliard et le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc contre l'affaiblissement de ce dispositif. Leur effet sur le chômage ne se réduit d'ailleurs qu'à une "baisse ponctuelle des statistiques", sans effets réels d'insertion durable, a insisté Édouard Philippe, en rappelant l'intention du gouvernement de financer plutôt -à hauteur de 15 milliards d'euros- des dispositifs d'"élévation générale du niveau de compétences" comme la formation professionnelle et l'apprentissage. Les collectivités locales, dont les missions "passent aussi par des métiers", pourront jouer leur rôle dans ce nouveau pari, a laissé entendre le chef du gouvernement.

Le Premier ministre est également revenu sur le caractère inéquitable aux yeux du gouvernement de la taxe d'habitation, et plus généralement "de toutes les taxes locales", qui demandent "une réflexion globale". Quant au 300 millions d'euros dont les collectivités locales ont été amputées cet été, il s'agit de l'annulation de crédits déjà gelés, a rétorqué Édouard Philippe, rappelant ne pas avoir été le premier chef de gouvernement à agir de la sorte.

Une volonté de "discuter en amont"

Accusé par diverses voix de mettre en danger la relation de confiance entre État et territoires par des décisions unilatérales et abruptes, Édouard Philippe a toutefois aussi tenu tout au long de son discours à rassurer.

"Puisqu'il existe toujours un écart entre la réalité et sa perception, l'État doit s'appuyer sur ceux qui connaissent le territoire s'il veut gagner ses combats", a-t-il lancé à l'adresse des élus.

Cette "articulation fluide entre visions globale et locale" serait notamment la vocation de la nouvelle instance lancée depuis juillet par le gouvernement: la Conférence nationale des territoires, revendiquée justement par France urbaine, a insisté le Premier ministre, soulignant cependant l'ambition d'une telle "volonté de discuter en amont les décisions qui concernent les collectivités locales", puisque "quasiment toutes les décisions de l'Etat sont concernées".

"30 chantiers sont à l'ordre du jour de la conférence: un projet à l'envergure inédite. Nous ne pourrons pas être d'accord sur tout".

Mais l'initiative correspond à une démarche de "décentralisation" et "contractualisation" assumée, a-t-il affirmé.

Un contrat et des objectifs

Edouard Philippe a également annoncé que, malgré la nécessité de réduire les dépenses et les déficits publics, aucune baisse des concours financiers de l'État aux collectivités ne sera prévue pour 2018 dans la prochaine loi des finances -laquelle ne contiendra pas de "mesures ponctuelles" mais exprimera une "vision d'ensemble"-. Le gouvernement réfléchit plutôt à un "pacte financier": un mécanisme contractuel permettant d'allouer les moyens en fonction d'objectifs individualisés de chaque collectivité, dont le fonctionnement serait justement défini dans le cadre de la Conférence nationale.

Quant aux 13 milliards d'économies demandés aux collectivités sur cinq ans, ils ne correspondront pas à "13 milliards d'euros de baisse de la dépense locale", a précisé le Premier ministre:

"Nous vous demandons de maîtriser votre dépense, y compris votre dépense tendancielle qui est en hausse. C'est très différent".

"Vos dépenses vont continuer à progresser, mais vous devrez infléchir la courbe, limiter cette augmentation et participer au désendettement des administrations publiques", a-t-il affirmé.

Giulietta Gamberini
Commentaires 4
à écrit le 21/09/2017 à 8:48
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réduire le personnel communal serait déjà une bonne chose : des balayeuses qui coutent des milliers d euros et 3 employés pour ramasser trois feuilles dans un bled de l Yonne comme le mien, c'est TROP !!! et les impots locaux et régionaux qui ne ces...

le 21/09/2017 à 13:56
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bien vu . un .apanage de gaspillage qui profite a une minorité ..ext...té .. police municipale utilisant sa voiture de service pour usage perso

à écrit le 20/09/2017 à 17:31
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C'est une information de l'hebdomadaire Marianne qui peut faire grincer les dents des contribuables : “le séminaire des députés LREM, clos mardi 19 septembre, a innové en proposant aux élus des jeux de rôle et des mises en situation” explique le jour...

à écrit le 20/09/2017 à 16:50
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Ces grandes phrases creuses étudiées par les sociétés de com pour les politiciens sont un poil usantes et surtout peu rassurantes, quand en générale on soigne autant la forme c'est que le fond est pas terrible. A part du hedge fund le néolibérali...

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