Catastrophes naturelles et pauvreté : rompre le lien serait rentable

Ce sont quelque 100 milliards de dollars par an qui pourraient être économisés si l'on mettait en place des politiques qui renforcent la résilience des victimes des catastrophes, selon la banque mondiale. Si l'an prochain, on pouvait éviter toute catastrophe naturelle, on permettrait à 26 millions de personnes de ne pas tomber dans la pauvreté extrême.
Giulietta Gamberini
L'impact des catastrophes naturelles sur le bien-être semble avoir été jusqu'à présent sous-estimé de plus de la moitié.

Le lien semble intuitif. Mais il a été jusqu'à présent sous-estimé, voire négligé. Les catastrophes naturelles frappent surtout les plus pauvres, et elles aggravent leur situation, souligne une étude publiée lundi 14 novembre par la Banque mondiale, à l'occasion de la COP22 qui se tient à Marrakech.

Réalisée en partenariat avec le Dispositif mondial pour la réduction des risques de catastrophes et la reconstruction (Global facility for disaster reduction and recovery, GFDRR), l'étude part d'un constat plutôt évident: l'impact d'une perte de la valeur nominale de 1 dollar varie significativement selon le niveau de revenus. Plus on est pauvre, moins on a à perdre en valeur absolue... mais plus ces pertes sont tragiques. Sans compter que les plus pauvres vivent bien plus souvent dans des habitations fragiles, des zones inondables, des bidonvilles sans infrastructures, et sont souvent exposés à des catastrophes plutôt "petites" mais récurrentes.

Si l'année prochaine, on pouvait éviter toute catastrophe naturelle, cela permettrait à pas moins de 26 millions de personnes de ne pas tomber dans la pauvreté extrême, à savoir vivre avec moins de 1,9 dollar par jour, pointe donc l'étude, se fondant sur une analyse qui couvre 89 pays.

Une perte annuelle de 520 milliards de dollars

Ainsi, en tenant compte de la richesse des populations frappées, l'impact des catastrophes naturelles sur le bien-être semble avoir été jusqu'à présent sous-estimé de plus de la moitié. Alors que les Nations unies, dans leur bilan mondial de 2015 sur la réduction des risques des catastrophes, évaluaient à 327 milliards de dollars annuels les pertes moyennes constatées dans 117 pays, en prenant en compte aussi la résilience des victimes, la Banque mondiale évoque une chute de la consommation annuelle mondiale atteignant les 520 milliards de dollars. Les 20% les plus pauvres ne subissent en effet que 11% des pertes matérielles, mais sont concernés par 47% des pertes de bien-être.

Les politiques d'inclusion sociale, cruciales pour la résilience

Corriger cette donnée devrait permettre, selon la Banque mondiale, de réorienter les projets visant à réduire les risques des catastrophes vers les zones les moins aisées, ainsi que de mettre en évidence la valeur cachée des politiques d'inclusion sociale qui, sans réduire les dommages causés par les catastrophes, augmentent la résilience. A titre d'exemple, l'étude compare deux approches: une réduction de 5% de la population exposée à des risques naturels en ciblant d'une part uniquement les 20% les plus pauvres, d'autre part les 80% les plus riches. Dans le premier cas, les pertes matérielles seraient réduites de "seulement" 7 milliards de dollars par an au niveau mondial, contre 19 milliards dans le deuxième. Mais de telles politiques impliqueraient, respectivement, un gain en termes de bien-être de 40 et 24 milliards de dollars. Globalement, "les politiques qui renforcent la résilience des personnes, c'est-à-dire leur capacité à affronter les conséquences des catastrophes, permettraient d'économiser 100 milliards de dollars par an", conclut la banque mondiale.

L'éducation et la santé sacrifiées

Moins aidés par leurs proches voire incapables d'accéder à certaines formes de soutien public, les plus pauvres ont en effet plus de mal à se relever. Afin de survivre, ils finissent parfois par réduire leurs investissements et sacrifier leur santé ou leur éducation, avec des conséquences sur le long terme, souligne l'étude.

Pour affaiblir ce lien entre pauvreté et catastrophes, aucun instrument ne doit donc être négligé, insiste le rapport. La mise en place de mesures de "protection sociale adaptative" est notamment incontournable car extrêmement rentable: les transferts monétaires post-catastrophes affichent un ratio bénéfices-coûts supérieur à 1,3 et qui peut même atteindre 4 dans nombre de pays en voie de développement. Afin de les financer, la Banque mondiale suggère de développer les recours aux fonds de réserve publics, la réassurance, ainsi que l'aide internationale via des lignes de crédit conditionnelles et des fonds communs régionaux. Une plus grande diversification des revenus et un meilleur accès aux services bancaires sont aussi indispensables afin de réduire la vulnérabilité et sécuriser l'épargne. Et, bien que réservée aux plus riches, l'assurance privée permet de libérer des ressources étatiques au profit des plus désavantagés, souligne l'étude.

Giulietta Gamberini
Commentaires 3
à écrit le 14/11/2016 à 17:43
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C EST DE LA PUB POUR LES ASURANCES CETTE ARTICLE ? LA PLUPARTS DES ASSURANCES NE REMPOURSENT JAMAIS REELLEMENT LES DEGATS SUBIT ? ET QUAND VIENT LES CASTATROPHES ELLES SE DECLARENT NON SOLVABLE .EST C EST SOUVENT L ETAT QUI RENBOURSE UN PEUT ? BEAUCO...

à écrit le 14/11/2016 à 15:21
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La banque mondiale dans toute sa "splendeur"... Encore un truc à supprimer.

à écrit le 14/11/2016 à 12:52
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Hé oui le capitalisme a besoin des pauvres pour avancer car principaux consommateurs, le pauvre ne peut pas épargner il consomme directement. Mais l'oligarchie n'est même pas foutue de respecter ses propres règles, l'avidité l'a complètement dégé...

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