Céréales : les exportations ukrainiennes chutent, l'ONU s'inquiète pour la sécurité alimentaire mondiale

L'ONU est « inquiète » du « ralentissement » de la mise en œuvre de l'accord permettant l'exportation des céréales ukrainiennes via la mer Noire. Ainsi en mai, les exportations ont représenté moins de la moitié des quantités d'avril, déjà marqué par une baisse. Or, elles sont cruciales pour la sécurité alimentaire mondiale puisqu'aucun pays n'a été et n'est en mesure de compenser la production ukrainienne.
Selon les chiffres du Centre conjoint de coordination, au 1er juin, plus de 30 millions de tonnes de céréales ukrainiennes ont été exportées dans le cadre de cet accord de juillet 2022.
Selon les chiffres du Centre conjoint de coordination, au 1er juin, plus de 30 millions de tonnes de céréales ukrainiennes ont été exportées dans le cadre de cet accord de juillet 2022. (Crédits : Reuters)

Signé en juillet 2022 par la Russie, l'Ukraine, la Turquie et les Nations unies, l'accord permettant les exportations de céréales ukrainiennes, crucial pour l'approvisionnement alimentaire mondial, a été une nouvelle fois renouvelé en mai. Habituellement de 120 jours, il a été réduit à 60 par la Russie, mécontente de l'application d'un deuxième accord devant faciliter ses propres exportations, notamment d'engrais.

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Reste que l'ONU a indiqué hier avoir « observé » un « ralentissement de la mise en œuvre de l'Initiative céréalière de la mer noire en particulier en avril et en mai ».

« En mai, 33 navires ont quitté les ports ukrainiens, la moitié moins par rapport à avril. Seulement trois sont partis du port de Youjne/Pivdenny, l'un des trois couverts par l'Initiative », a déclaré le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric ce jeudi 1er juin.

Résultat : 1,3 million de tonnes de céréales ont été exportées en mai, « moins de la moitié que le mois précédent ». Un phénomène qui continue encore à ce jour. « Nous sommes inquiets concernant la poursuite » de ce ralentissement, a ajouté le porte-parole.

La Russie pointée du doigt

Cette « réduction significative des volumes d'exportations sortant des ports ukrainiens » avait déjà dénoncé en mai, lors du renouvellement de l'accord, par le chef des affaires humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths. Le porte-parole d'Antonio Guterres a ce jeudi directement pointé le rôle de la Russie dans ce ralentissement.

Chaque navire transportant des céréales doit faire l'objet d'une inspection, réalisée par des représentants des quatre parties signataires de l'accord. Une exigence de Moscou qui voulait s'assurer qu'ils ne délivreraient pas simultanément des armes à l'Ukraine.

Or, la Russie « a informé de sa décision de limiter les enregistrements au port de Youjne/Pivdenny tant que l'ammoniac n'est pas exporté », a expliqué Stéphane Dujarric. Elle réclame en particulier la reprise du fonctionnement du pipeline Togliatti-Odessa pour les livraisons d'ammoniac, un composant chimique essentiel de l'engrais minéral.

Les équipes d'inspection des navires ont été réduites de trois à deux depuis fin mai, a ajouté le porte-parole, précisant que désormais il n'y avait plus en moyenne que trois navires inspectés chaque jour.

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Le blé ukrainien irremplaçable

Pour Stépahe Dujarric, la « situation est grave ». « Les foyers de famine dans le monde augmentent et le spectre de l'inflation des prix alimentaire et de la volatilité des marchés menace dans tous les pays », alerte-t-il.

Même amputé d'un quart de ses terres cultivables, avec « une production attendue en 2023 en repli de 50% par rapport à 2021 », l'apport ukrainien « reste vital », expliquait à l'AFP Sébastien Abis en mai, chercheur associé à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

« Personne n'est venu remplacer l'Ukraine sur les marchés mondiaux. L'Europe ne pourra pas produire plus, les rendements américains sont attendus en baisse. Dans le contexte du changement climatique, la situation de l'Espagne, deuxième bénéficiaire du corridor maritime, est dramatique », détaillait l'expert. Et la Russie, dont la récolte estimée pour la campagne 2022-23 est exceptionnelle, « pourrait faire moins bien l'année prochaine ».

Une remise en cause des corridors permettant d'exporter les céréales ukrainiennes serait donc « périlleuse » à ses yeux. « Les besoins ne vont pas diminuer. On a franchi cette année la barre des 200 millions de tonnes d'achat de blé dans le monde, alors qu'on était encore à 100 millions de tonnes par an dans les années 2000 », abondait-il.

Selon les chiffres du Centre conjoint de coordination, au 1er juin, plus de 30 millions de tonnes de céréales ukrainiennes ont été exportées dans le cadre de cet accord de juillet 2022.

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(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 04/06/2023 à 12:57
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Bonjour, bon ils me semble logique que la Russie reduise au maximum.les exportation de blé Ukrainienne... cela fait pression sur l'onu , les pays pauvres et reduits les ressources financières de L'UKRAINE. Maintenant ils me semblent qu'ils y avez ...

à écrit le 02/06/2023 à 16:55
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Ce type d'annonce ne fait que "nourrir" la spéculation à défaut de nourrir les populations ce qui éloigne encore un peu plus le monde financier (1% de la population mondiale ) de l'économie réelle qui nous concerne en premier chef !!!

à écrit le 02/06/2023 à 13:16
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D’accord avec l’analyse et le constat (la gravité de la situation) et donc, nous assistons sur les marchés à une aberration (prix du blé bien trop faible) ce qui devrait être massivement corrigé d’ici la fin de l’année..

à écrit le 02/06/2023 à 9:04
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OK, les Russes sont des méchants. Voir des très méchants. (Il faut voir que la Suède qui ne craignait pas Hitler, et qui lui fournissait des éléments pour ses armes, craint la Russie...) Mais un accord, cela se respecte. Et si les exportations R...

à écrit le 02/06/2023 à 8:35
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Sinon, vous savez, le malthusianisme, c'est pas si mal, limiter le nombre de naissances, ça permettrait d'éviter des problèmes

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