Colossale vague de privatisations au Brésil : 58 actifs concernés

Le gouvernement brésilien a annoncé cette semaine le plus vaste plan de privatisations depuis la présidence de Fernando Henrique Cardoso (1995-2002).
Michel Temer, le président du Brésil

Le gouvernement brésilien a annoncé cette semaine le plus vaste plan de privatisations depuis la présidence de Fernando Henrique Cardoso (1995-2002), qui avait notamment privatisé le géant minier Vale, en 1997, ainsi que des compagnies de télécommunications.

Tensions autour de la privatisation d'Electrobras

Aujourd'hui, les projets de Brasilia concernent 58 actifs allant des autoroutes, aux ports, en passant la concession d'aéroports, y compris le très lucratif aéroport de Congonhas, à Sao Paulo et même celle de la Maison de la Monnaie, qui fabrique les billets de banque et les passeports. S'ajoute aussi la privatisation d'Eletrobras, la plus grande compagnie d'énergie d'Amérique Latine, dont les 233 centrales produisent plus d'un tiers de l'énergie du pays. Mais devant l'importance stratégique d'Electrobras, et les critiques qui fusent contre cette privatisation, le gouvernement a indiqué que le modèle de privatisation n'avait pas encore été clairement défini.

La Bourse apprécie

Les annonces soudaines de privatisation ont en revanche été accueillies avec enthousiasme à la Bourse de Sao Paulo. L'action d'Electrobras a bondi de près de 50% au lendemain de l'annonce du plan de privatisation. Sous l'impulsion de cette envolée,  l'indice Ibovespa a dépassé mardi la barre des 70.000 points pour la première fois depuis 2011.

Près de 11 milliards d'euros de gains pour l'Etat

Selon les analystes, l'État pourrait engranger avec les privatisations environ 40 milliards de réais (10,75 milliards d'euros) avant la fin 2018, qui marquera le terme du mandat du président conservateur Michel Temer.

Un montant non négligeable pour un gouvernement qui a dû relever la semaine dernière les estimations de déficit public pour cette année et la prochaine (à 159 milliards de réais). Une décision motivée notamment par des recettes fiscales moins importantes que prévu, dans une économie qui compte 13,5 millions de chômeurs et commence tout juste à donner des signes de reprise après deux ans de grave récession.

L'objectif n'est pas de combler les déficits selon l'éxécutif

Devant des inquiétudes sur la nécessité de brader les "joyaux de la couronne" pour combler le déficit budgétaire, le président Temer a toutefois affirmé dans une vídéo publiée vendredi sur les réseaux sociaux que ce plan "n'a pas pour objectif de combler le déficit, mais de créer des emplois, des richesses et offrir des services de meilleure qualité à la population".

Le ministre de l'Économie, Henrique Meirelles, ne cache pas pour autant que ces mesures visent avant tout à "assurer aux acteurs économiques et aux consommateurs que l'équilibre budgétaire sera atteint, grâce à l'aide importante des privatisations".

 Ces annonces ont eu lieu au moment où le gouvernement Temer, fragilisé par les scandales de corruption, peine à mettre œuvre des mesures d'austérité, telle la réforme des retraites, jugées essentielles par les marchés pour assainir l'économie du Brésil.

La liste des projets de privatisation

- Aéroports:

. Six dans le Nord-Est: Maceio (État d'Alagoas), Joao Pessoa (Paraiba), Aracaju (Sergipe), Juazeiro do Norte (Ceará), Campina Grande (Paraiba), Recife (Pernambuco).

. Cinq dans l'État de Mato Grosso (ouest): Varzea Grande, Rondonopolis, Sinop, Alta-Floresta, Barra do Garças.

. Trois dans le Sud-Est: Vitória (Espirito Santo), Macaé (Rio de Janeiro), Congonhas (Sao Paulo).

- Ports:

. Neuf terminaux dans le Pará (nord): trois d'hydrocarbures dans le port de Miramar; cinq de vrac liquide à Belém; un autre de vrac liquide à Vila do Conde.

. Trois terminaux de transport de céréales à Paranaguá (Paraná, sud)

. Un terminal de vrac liquide à Vitória (Espírito Santo, sud-est)

. Rénovation d'un terminal d'engrais chimiques dans le port d'Itaqui (Maranhao, nord-est)

- Autoroutes:

. À l'étude: concession de l'autoroute BR-153, qui relie les États de Goiás (centre) et Tocantins (nord-est)

. Concession de l'autoroute BR-364 entre Rondonia (nord) et Mato Grosso (ouest)

- Energie:

. Eletrobras (compagnie générant plus d'un tiers de la production d'électricité du Brésil)

. Centrale hydro-électrique de Jaguara (Mato Grosso)

. Onze lots de lignes de transmission

- Hydrocarbures:

. Appel d'offres concernant notamment la concession de champs de pétrole en eaux profondes (pré-salifères).

- Autres:

. Maison de la Monnaie (fabrication des billets de banque)

. Lotex (gestion de la loterie nationale)

. Ceasaminas (centrale d'approvisionnement de l'État de Minas Gerais)

(AFP)

Commentaires 4
à écrit le 28/08/2017 à 10:49
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Le petit dictateur poursuit tranquillement son chemin, en néolibéralisme il vaut mieux être un tyran de droite au bras long qu'un tyran de gauche. A pleurer. Un article qui prend tout son sens avec cette nouvelle information:"Mouvement antic...

à écrit le 27/08/2017 à 18:13
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Quand je pense ,que certains critiquent une ou deux nationalisation par la Gauche ,alors que le gouvernement brésilien de droite est en train de brader son pays pour se remplir les fouilles.

le 28/08/2017 à 15:18
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Et bah, si la capitalisation à la bourse augmente de 50%, l'argent que l'Etat en retirera sera d'autant plus élevé. Avouez qu'on a vu mieux pour ce qui est de brader...

à écrit le 27/08/2017 à 12:37
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La mainmise des multinationales sur un pays qui n'en sera plus un!

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