Comment la Chine tisse sa toile en France

Le futur partenariat entre Total et la Chine en Russie illustre la participation de plus en plus fréquente de Pékin dans le fonctionnement des entreprises françaises. Tour d'horizon des principaux investissements chinois en France.
Les Chinois ont racheté au moins 75 vignobles dans le bordelais depuis cinq ans.

La France est-elle devenue dépendante de la Chine ? On en est encore loin. Selon un récent rapport sur l'attractivité française, la Chine est le 8e investisseur étranger sur le territoire. La France n'attire "que" 3,7% des projets émanant du pays. Mais ce dont on peut être sûr, c'est que les partenariats en France et à l'étranger entre les deux pays sont de plus en plus nombreux. Et dans des secteurs de plus en plus variés.

Dernière annonce en date : l'annonce par Total de la probable signature courant 2015 d'un accord sur un projet gazier en Russie. La France cherche à lever 10 à 15 milliards de dollars de Pékin pour le cofinancer. Le projet ne se déroulera pas sur un site français mais il souligne à nouveau la proximité entre les deux économies. Une proximité marquée notamment par des prises de participation de plus en plus fréquentes de la Chine dans les entreprises françaises. Revue de détail.

  • Dailymotion bientôt franco-chinois ?

Le Wall Street Journal affirmait lundi 16 mars que le groupe chinois PCCW était entré en négociations exclusives avec Orange en vue de racheter 49% du site internet français le plus consulté au monde. Le gouvernement français semble donc voir d'un meilleur oeil les discussions avec la Chine plutôt qu'avec les Etats-Unis. A l'époque ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg avait refusé un rapprochement de Dailymotion avec Yahoo!. A noter : le patron de PCCW Richard Li n'est autre que le fils de Li Ka-Shing... qui a racheté le groupe français Marionnaud pour 950 millions d'euros en 2005.

  • Fosun rachète le Club Med

Le conglomérat chinois Fosun et un groupe d'investisseurs français et brésiliens ont remporté en janvier dernier une offre publique d'achat amicale sur le Club Méditerranée. Fosun était actionnaire du groupe de vacances depuis 2010. Après dix-huit mois de bataille boursière, les Chinois ont proposé 24,6 euros par action (939 millions d'euros) et sont devenus propriétaires de la célèbre enseigne de loisirs. Un rachat qui a visiblement donné des idées aux Chinois dans le secteur du tourisme. Le 6 mars dernier, Fosun annonçait avoir racheté 5% (127,1 millions d'euros) du plus ancien groupe de tourisme au monde, Thomas Cook. Espérant doubler sa mise rapidement.

  • Deux Chinois et un canadien s'offrent 49,9% de l'Aéroport Toulouse-Blagnac

Deux investisseurs chinois ainsi que le fonds canadien SNC Lavalin ont racheté près de la totalité des parts de l'État dans l'aéroport de Toulouse-Blagnac en décembre dernier. Cette opération a signé l'échec de la campagne de crowdfunding lancée pour lutter contre la privatisation de l'aéroport en novembre. En un mois, la plateforme de financement participatif Wiseed avait pourtant récolté un montant record de 14,3 millions d'euros destinés au rachat des parts de l'État. Le gouvernement français s'est toutefois empressé de rassurer les Français : les pistes et les murs de l'aéroport resteront bien français.

  • Dongfeng entre au capital de PSA Peugeot Citroën

L'entrée du constructeur chinois Dongfeng au capital de PSA en janvier 2014 a signé la première alliance entre un grand groupe automobile français et un investisseur chinois. Dongfeng a investi 800 millions d'euros dans le groupe automobile, le même montant que l'Etat français, lui aussi entré au capital à ce moment-là. Dongfeng détient alors 14% de PSA.

  • GDF Suez

En 2011, la China Investment Corporation (CIC) a racheté 30% des parts de la branche exploration-production de GDF Suez pour 3,2 milliards de dollars (2,47 milliards d'euros).

  • Les Chinois s'intéressent au lait infantile

Début février, une nouvelle usine de production de lait infantile a vu le jour à Isigny (Calvados). L'investissement total a été de 62 millions d'euros, majoritairement réalisé par la coopérative Isigny Sainte-Mère. L'actionnaire chinois Biostime - une entreprise de nutrition et de soins pour enfants en Chine - a investi le tiers de cette somme. À Carhaix (Finistère), c'est le producteur laitier chinois Synutra qui s'est engagé à son tour dans la construction d'une usine de poudre de lait. Il a investi 90 millions d'euros.

  • Taihai échoue sur son implantation dans Manoir Industries

Les branches "Petrochem & Nuclear" et "Specialties" de Manoir Industries ont été acquises en juin 2013 par l'équipementier nucléaire Yantai Taihai. A l'époque, le montant n'a pas été communiqué. Les difficultés sont cependant arrivées très vite pour le fondeur chinois. En février, la Forge de Custines se déclarait en cessation de paiements après avoir accumulé 6 millions d'euros de pertes. Une période d'observation de six mois a été ouverte.

  • Au moins 75 vignobles du bordelais rachetés

Fin novembre 2012, un industriel chinois s'est offert le château de Bellefont-Belcier dans le vignoble bordelais. C'est la première fois qu'un ressortissant de ce pays s'offrait un grand cru classé de Saint-Emilion. Les Chinois sont devenus férus de vignobles français. Selon Challenges, au moins 75 propriétés ont été rachetées en cinq ans.

  • Kai Yuan Holdings rachète l'hôtel Marriot

Le fonds d'investissement de Hong Kong a déboursé 344,5 millions d'euros en juin dernier pour s'offrir l'hôtel de luxe sité sur les Champs-Elysées à Paris. Le but : transformer ce palace parisien de 18.000 mètres carrés en référence pour les touristes chinois fortunés.

  • Chaussures de luxe et prêt à porter

Le fond chinois Fung Capital a acquis 90% de la marque de chaussure de luxe Robert Clergerie pour environ environ 10 millions d'euros en 2011. L'année suivante, c'est la griffe Sonia Rykiel qui passait sous l'escarcelle de Fung Capital. La holding a racheté 80% des parts de la marque, encore indépendante, à la famille fondatrice.

  • Bientôt une ville franco-chinoise

Un énorme projet devrait voir le jour fin 2016 à Illange, petit village de 2.000 habitants en Moselle. La construction d'un méga centre d'affaires franco-chinois qui devrait accueillir 2.500 petites et moyennes entreprises chinoises. Lancé en 2012, le projet semblait s'enliser, notamment sous des contraintes juridiques. Mais il vient d'être relancé.

Commentaires 7
à écrit le 01/04/2015 à 11:55
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Manque dans la liste le projet fantôme du centre logistique de l'aéroport de Châteauroux (disparu dans les brumes ?) et également la belle déconfiture du Cabanon (conserves de tomates), acheté en 2004 et qui vient d'être racheté par un opérateur...Po...

à écrit le 24/03/2015 à 10:10
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Les chinois pourront le racheter. Macron a probablement décider de faire un packaging : - le siège du PC - l'ensemble des aéroports - l'ensemble des barrages hydroélectriques - l'ensemble des musées parisiens - l'ensemble des plages de la côt...

à écrit le 24/03/2015 à 9:31
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L ARGENT N A PAS D ODEUR? AUJOURDHUI TOUT ENTRE PRENEUR QUI VEUT INVESTIR EN FRANCE EST LE BIENVENUE? MAIS ATTENTION QUAND MEME A NE PAS TOUS LEURS VENDRE SURTOUT DANS LES SECTEURS ENERGETIQUES NUCLEAIRE?ET DE L ARMEMENT???

à écrit le 24/03/2015 à 8:03
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Bonne chose. Au moins, les Chinois investissent dans "l'économie réelle", s'intéressent et s'impliquent dans le tangible. Et pas seulement dans des fonds spéculatifs boursiers. Il faudrait néanmoins veiller à ce qu'ils ne nous grimpent pas trop dans ...

le 24/03/2015 à 12:05
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En effet, l'article cite uniquement des entreprises ou projets industriels. donc les Chinois investissent dans l'économie réelle et visent le long terme. Ce que nous ne savons pas vraiment faire en France : dès qu'une entreprise est vendable, on la r...

le 24/03/2015 à 14:08
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Un commentateur economique sur BFM, et que l'on ne peut pas accuser de gauchisme deplorait que les entreprises Francaises soient rachetees/bradees. Car au final le travailleur francais devra travailler pour payer sa retraite et celle du chinois.

à écrit le 24/03/2015 à 7:02
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Dans une guerre il faut une stratégie si on veut la gagner et les Chinois en on une.

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