Débat Clinton-Trump : le factchecking s'invite dans la présidentielle américaine

Le factchecking était au coeur du débat entre Hillary Clinton et Donald Trump ce dimanche 9 octobre. Si la pratique est encore décriée par certains, le passage au crible des propos des candidats à la présidentielle américaine s'est largement répandu dans les médias outre-Atlantique. Non sans déplaire aux auteurs de contre-vérités et autres propos erronés.
Grégoire Normand
Le bilan de Politifact relatif au factchecking des deux candidats est clairement en défaveur de Donald Trump.

La vérification des paroles de Clinton et Trump est devenue un sport de combat pour les journalistes américains. Parfois considéré comme une tâche ingrate ou comme inutile, le factchecking a pourtant acquis ses lettres de noblesse au sein de la presse américaine et l'évocation des faits dans les vifs échanges entre les deux candidats reste une préoccupation majeure. A tel point que le mot "fact" a été prononcé à sept reprises durant le second débat par les deux candidats en lice selon la retranscription du Washington-Post.

Politifact et Factcheck.org à la pointe

Les deux principaux médias à s'investir dans cette pratique sont factchek.org et Politifact. Ce dernier qui a d'ailleurs remporté le prestigieux prix Pulitzer en 2009 pour son véritomètre (truth-o-meter), propose régulièrement des vérifications relatives aux propos tenus par les candidats.

De son côté, le Washington-Post fournit des retranscriptions complètes du débat avec des annotations enrichies par les journalistes ou les internautes qui apportent un éclairage au échanges entre Clinton et Trump. Le New-York Times n'est pas en reste puisque le journal avait déployé 18 journalistes pour scruter la véracité de la candidate démocrate et du républicain lors du premier débat il y a 15 jours. Quant à la NPR, principale radio publique américaine, elle a mis en place un dispositif qui permet aux journalistes d'héberger un outil de factchecking en direct sur les différentes antennes locales du groupe. Grâce à ce dispositif, le groupe radiophonique a battu des records d'audience.

Avec plus de 7,4 millions de pages vues et 6 millions d'utilisateurs, le groupe de presse a fait sa seconde meilleure audience de son histoire sur les supports numériques. Selon Michael Oreskes, directeur éditorial à la NPR, "la réussite du factchecking en ligne prouve que nous savons déjà ce qui est vrai, parmi les déclarations douteuses, les contrevérités et les avis d'experts, il y a un réel appétit pour la vérité." Bloomberg TV ou Wired proposent également des modules de factchecking sur leur site. Bien d'autres médias ont également mis en place des cellules de vérification pour apporter un véritable éclairage des débats lors de cette course à la Maison Blanche comme le rappelle Jane Elisabeth de l'Institut de presse américain (American press institute).

Des effets difficiles à mesurer

Si les médias américains accordent de plus en plus de moyens financiers et humains au factchecking, les effets de cette pratique demeure difficile à mesurer. Selon une étude de l'institut de presse américain qui a analysé les différents sentiments (positif, neutre ou négatif) exprimés à l'égard du factchecking sur Twitter entre janvier et novembre 2014, il apparaît que les réactions ont été largement positives ou neutres durant la campagne de mi-mandat en 2014 même si les vérifications en elles-mêmes sont au centre de controverses.

american press institute

Du côté des élus et des candidats, le factchecking n'est pas toujours très bien reçu même du côté des leaders politiques français. A l'image d'Alain Juppé dans un documentaire diffusé sur France 3 la semaine dernière qui y voit "une forme de harcèlement journalistique",  comme le souligne Arrêt sur images dans un article récent. D'autres responsables politiques seraient moins enclins à tenir certains propos sachant que leur parole est passée au crible. Mais comme l'indique un article de "La Croix", cette prise de conscience n'empêche pas Donald Trump ou Hillary Clinton de faire des déclarations complètement erronées comme le rappelle un récent bilan de Politifact.

Grégoire Normand
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