Elizabeth Warren, la sénatrice "shérif" de la finance américaine

L'élue du Massachusetts Elizabeth Warren a récemment appelé le président Obama pour dénoncer le comportement de Mary Jo White, la présidente de la SEC, le gendarme de la bourse. L'élue poursuit ainsi son combat contre les dérives de la finance américaine.
Grégoire Normand
Elisabeth Warren a fustigé le comportement du patron de la banque de dépôt Wells Fargo qui risque la prison pour ses malversations.

Elizabeth Warren fait des étincelles à Wall Street. A quelques semaines du scrutin présidentiel, l'ancienne professeure à Harvard a fait parler d'elle en appelant à la démission de la présidente de la SEC (Securities and Exchange Commission) qui avait été nommée par Obama en avril 2013. Selon le Wall Street Journal, la sénatrice a visé la dirigeante de la SEC pour son refus de valider une règle réclamant aux entreprises publiques de divulguer leur dépenses concernant des activités politiques. Elle avait ainsi envoyé une lettre de 12 pages au président Obama précisant (voir en bas de l'article) : "La seule manière de revenir sur l'objectif visé de la SEC est de changer de direction." Cette stratégie repose sur la volonté de quelques Démocrates qui voulaient bloquer les nominations par l'administration Obama jugées trop proches des grandes entreprises. Et ces choix ont l'air de payer.

Démission du patron de la troisième banque de dépôt

Quelques semaines auparavant, l'élue du Massachusetts avait également frappé un grand coup. Elle a appelé à la démission de John Stumpf qui dirigeait la troisième banque de dépôt du pays, Wells Fargo. Outre-Atlantique, l'affaire a fait grand bruit. Un mois après la mise au grand jour du scandale relatif aux manquements dans les procédures de contrôle de la banque, le dirigeant a pris la porte. Wells Fargo avait émis 565.000 cartes de crédit sans qu'elles soient demandées. Et deux millions de comptes avaient été ouverts sans avertir les clients. Cette fraude organisée a suscité la réaction de plusieurs élus du Congrès qui ont exprimé leur sentiment sur le scandale comme Elizabeth Warren :

Le patron d'une banque ne devrait pas pouvoir superviser une fraude massive et ensuite partir tranquillement pour profiter de ses millions à la retraite.

De l'enseignement à la politique

Celle que le Time Magazine appelle "le nouveau shérif de Wall Street" est née en 1949 dans l'Oklahoma. Elle a été professeure de droit à Harvard pendant 20 ans. Elle y a enseigné le droit des contrats et les procédures collectives comme le note le Boston Globe dans un article décrivant son passage dans la prestigieuse école américaine. Présentée comme une enseignante "chaleureuse" et appréciée par ses collègues et les étudiants, elle n'en reste pas moins attachée à certains principes comme l'interdiction des ordinateurs portables en classe "pour toujours". Elle se dit également attirée par l'enseignement depuis son enfance. "J'ai toujours su que je voulais enseigner. Je le sais depuis que j'ai six ans." Pendant ses années d'enseignement, elle a également rédigé 9 ouvrages dont deux sont devenus des best-sellers et une centaine d'articles publiés dans des revues juridiques.

elisabeth warren

Elizabeth Warren montrant les documents de Wells Fargo mettant en cause son dirigeant John Stumpf. Crédits : Gary Cameron/Reuters

En septembre 2010, elle rentre clairement dans l'arène politique en devenant conseillère de Barack Obama. Elle est nommée par le président pour mettre en place une nouvelle agence de protection des consommateurs. C'est d'ailleurs elle qui en a eu l'idée comme le rappelle le New-York Times. Son combat contre les malversations des banquiers de Wall Street prend de l'ampleur suite à la crise financière de 2008 qui a frappé une grande partie de la population américaine.

Aux élections sénatoriales de 2012, elle se présente contre le sénateur républicain Scott Brown dans l'état du Massachussets et remporte le scrutin avec 53,7% des suffrages. Un temps pressentie pour être sur le ticket d'Hillary Clinton si cette dernière est élue, c'est finalement le centriste Tim Kaine qui a été choisi. En effet, si elle avait été choisie par Clinton, Elisabeth Warren aurait dû quitter sa place au Sénat et laissé un républicain choisir son ou sa remplaçante pour assurer l'intérim jusqu'aux prochaines élections comme le rappelle France 24. Ce qui pourrait être fortement préjudiciable pour Hillary Clinton en cas d'arrivée à la présidence du pays. Elisabeth Warren pourrait ainsi continuer son combat contre les dérives de la finance à la haute-chambre.

 

Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 17/10/2016 à 18:53
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Tandis que nous, on félicite chaleureusement la SG pour son manque de contrôle, en lui filant des baisses d'impôts (affaire KERVIEL), et on reprend les dettes des banques avec la GRECE. (60 milliards d'euros aux frais du contribuable. Merci SARKO, p...

à écrit le 17/10/2016 à 13:16
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Une goute d’honnêteté dans un océan de magouilles. Comme ça on peut dire que oui le combat contre les parasites néolibéraux existe, c'est juste qu'il n'a aucune chance de vaincre. Mais il existe, si si regardez...

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