G20 : à Shanghaï, tensions et incertitudes au menu des ministres des Finances

La Chine, qui assure la présidence du G20 en 2016, réunit vendredi et samedi à Shanghaï les ministres des Finances et représentants des banques centrales. Si la croissance mondiale devrait être, cette année encore, au menu des discussions, les divergences de points de vue et d'intérêts risquent d'exacerber les tensions.
Sarah Belhadi
Les grands argentiers du G20 examinent vendredi et samedi les risques qui menacent l'économie mondiale, fortement ébranlée.

A en croire leurs annonces, les institutions financières internationales finissent par prendre goût au fait de jouer les Cassandre. Début janvier, la Banque mondiale donne le ton, et révise à la baisse ses prévisions pour la croissance mondiale. Dans la foulée, le FMI annonce 3,4% de croissance au lieu des 3,6% initialement annoncés. Puis, l'OCDE est venue porter un coup final aux optimistes récalcitrants. Les économistes du château de la Muette tablent désormais sur une croissance mondiale de 3% pour 2016, contre 3,3% annoncée en novembre. Les perspectives négatives se confirment, et les prévisions pourraient bien s'assombrir encore dans les prochaines semaines.

Le FMI réclame une action forte et des "filets de sécurité financière"

Puis, dans un contexte calamiteux (marchés volatils, cours du pétrole historiquement bas, perspective d'un Brexit), le Fonds monétaire international revient à la charge. Dans un rapport publié mercredi, le FMI juge "probable" un nouvel abaissement de ses prévisions de croissance attendues pour avril. Alors que les ministres des Finances et représentants des banques centrales des pays du G20 doivent se réunir à Shanghai vendredi et samedi, le FMI les appelle à mener une action forte, en raison du contexte mondial. L'institution financière plaide pour une réflexion sur la "forte vulnérabilité" de l'économie mondiale, et à de nouveaux "filets de sécurité financière".

Toutefois, il est peu probable qu'à l'issue de ces deux jours, le G20 Finances s'entende sur un programme anti-crise. D'abord, parce que les divergences d'opinion sont extrêmement fortes. Puis, parce que les grandes puissances (le G20 représente 85% de l'économie mondiale) cherchent toutes à défendre leurs intérêts à la table des négociations. Bref, la réunion pourrait bien virer au bras de fer entre Pékin et Washington.

La Chine rappelée à l'ordre sur l'opacité de sa politique monétaire

Lundi, un haut responsable américain, sous couvert d'anonymat, confiait à l'AFP que cette réunion devait être l'occasion de rappeler que les taux de change ne doivent pas être manipulés, sous prétexte de rendre les produits plus compétitifs à l'extérieur. La piqûre de rappel vise directement la Chine, qui assure la présidence du G20 en 2016.

«Au niveau mondial, la demande reste insuffisante et la récente volatilité sur les marchés financiers a mis en lumière certaines perspectives internationales incertaines, en particulier en Chine», détaillait cette source anonyme à l'AFP.

Le même jour, c'est Nathan Sheets, le sous-secrétaire du Trésor américain en charge des Affaires internationales, qui appelait Pékin "à communiquer clairement" sur les réformes mises en oeuvre. Et, jeudi, dans le Wall Street Journal, au cas où le premier message n'aurait pas été suffisamment clair, c'est le secrétaire d'Etat au Trésor américain, Jack Lew, qui s'adresse en ces termes à Pékin :

"Vous devez communiquer clairement, publiquement, ou cela sera interprété malgré vous."

Le représentant du Trésor américain demande également à la Chine de dire clairement  qu'aucune "dévaluation majeure" du yuan n'est au programme de la Banque centrale (BPOC).

Pékin calme le jeu

Alors que sa croissance est à son plus bas depuis 25 ans (6,9% en 2015), la deuxième économie du monde, en plein ralentissement structurel, cristallise les inquiétudes. Parmi les craintes, la rumeur persistante d'une nouvelle dévaluation du yuan affole les marchés, qui jouent au grand écart. Jeudi, en Asie, les bourses ont décroché de plus de 6% ...pour finalement repartir à la hausse ce vendredi. Dans les premiers échanges, l'indice composite shanghaïen gagnait 0,69%.

Pour calmer le jeu, et sans doute répondre aux appels du pied de son homologue américain, Lou Jiwei, le ministre des Finances chinois a assuré ce jeudi qu'une dévaluation n'était pas à l'ordre du jour. Mais la mise au clair à des allures de comique de répétition. En septembre, quelques jours avant le G20 Finances à Ankara (Turquie), le secrétaire d'Etat au Trésor avait déjà exigé une clarification de Pékin suite à la forte dévaluation du yuan en août.

Divergences

Cette session de travail, qui vise à déterminer les priorités avant le sommet des chefs d'Etat des 4 et 5 septembre, pourrait aussi exacerber une nouvelle fois les tensions entre l'Allemagne et les Etats-Unis. Mercredi, dans un entretien accordé à l'agence de presse DPA, le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, fait part de son agacement vis-à-vis de la Réserve fédérale américaine. Et l'exhorte, elle aussi à plus de clarté sur sa politique monétaire.

"Les taux de change ne devraient pas être utilisés abusivement pour soutenir la croissance d'un pays au détriment des autres et les marchés financiers ont besoin d'être plus stables", assure le ministre allemand sans citer de pays précis.

En septembre, à l'issue de deux jours de réunions à Ankara, ministres et banquiers s"étaient pourtant engagés à s'abstenir de "toute dévaluation compétitive" et à résister "à toute forme de protectionnisme".

   | Lire aussi : Le G20 Finances, déçu par la croissance mondiale, appelle à une meilleure coopération

La FED et ses différents sons de cloches

Alors que Janet Yellen a (enfin) opté pour un resserrement de la politique monétaire mi- décembre (et donc pour une hausse des taux), signe que l'économie américaine repart, la Fed a finalement annoncé que la politique resterait accommodante ( ce qui implique une baisse des taux directeurs). Une nouvelle réunion doit se tenir les 15 et 16 mars. Mais en interne, les désaccords brouillent les pistes.

D'un côté, la présidente de la Fed de Cleveland, Loretta Mester, s'attend à ce que les taux d'intérêt soient progressivement relevés, et en aucun cas descendus. De l'autre, le président de la Fed de Saint-Louis, James Bullard, estime qu'il ne serait pas judicieux d'augmenter à nouveau les taux d'intérêt. Bref, les Etats-Unis cultivent le doute sur leur politique monétaire.

Avec le freinage chinois, le ralentissement des pays émergents, la baisse des prix du pétrole, les Etats-Unis jouent la carte de la prudence. Et défendent leurs intérêts. En interne : une hausse des taux risquerait de ralentir la demande de crédit, et in fine, la consommation. Puis en externe : certes, la hausse des taux d'intérêt attire les investisseurs étrangers, mais un dollar trop fort risquerait de plomber les exportations des Etats-Unis. Et l'économie : l'épisode de Volcker qui double les taux dans les années 1980 est symptomatique. La Fed veut alors protéger le dollar face aux autres devises, et plombe son économie.

Toutefois, samedi soir, les grands argentiers devraient appeler  à une meilleure coopération pour doper la croissance mondiale...encore une fois.

LIRE AUSSI : Crise financière : les banques centrales, seules responsables ?

Sarah Belhadi
Commentaires 5
à écrit le 27/02/2016 à 1:29
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Il y a des usurpations d'identité il y a des faux prêteur qui prennent de fausse identité pour arnaqué les pauvre personnes , je vais vous dire une chose sur 100% des prêt sur le net, 90% sont des arnaques et ils ne font que usurpé l'identité des aut...

le 27/02/2016 à 9:31
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Clair que le g20 a besoin de sous. J'espère qu'ils vont lire votre message...

à écrit le 26/02/2016 à 20:17
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Du moment qu'ils bouffent bien...

à écrit le 26/02/2016 à 14:36
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Il est certain que les devises sont principalement manipulées depuis longtemps pour affaiblir la plupart des pays en dévalorisant la leur, au profit du dollar et de l'euro. Dire le contraire revient à une vaste fumisterie. C'est d'ailleurs le point q...

à écrit le 26/02/2016 à 13:54
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Résumé de la série : on est dans la m... jusqu'au cou, et on n'est pas près d'en sortir, vu qu'en fait on est au bout du modèle économique actuel, mais que personne ne veut le reconnaitre !

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