"Il faut prendre le défi du changement climatique comme une opportunité" (A. Gurria, OCDE)

Défi climatique, subventions aux énergies fossiles, croissance mondiale. En marge du sommet du G20 qui a eu lieu à Antalya, en Turquie, les 15 et 16 novembre, "La Tribune" s'est entretenue avec Angel Gurria, le secrétaire général de l'OCDE.
Sarah Belhadi
A Antalya, en Turquie, les chefs d'Etat et de gouvernement du G20 ne sont pas parvenus à à faire avancer le dossier du réchauffement climatique...

LA TRIBUNE - Vous avez appelé les gouvernements du monde entier à s'engager dans le cadre de la COP21 dans une "action résolue pour lutter contre le changement climatique". Pourtant, on ne peut que déplorer l'actuelle contradiction entre les impératifs économiques des pays et les défis pour le climat. Ce qui laisse planer le doute sur un accord à l'issue du sommet.

ANGEL GURRIA - Je ne pense pas que le fait de prendre des décisions -désormais indispensables- en faveur du climat puisse provoquer une chute de la croissance. En fait, la vraie question n'est pas de se demander si le choix d'une économie plus verte impacte la croissance, mais de prendre conscience que les pays qui n'optent pas pour une transition énergétique subiront un impact négatif sur leur économie.

A l'OCDE, nous avons fait des études pour mesurer la productivité des entreprises. Les résultats sont évidents : si on ne s'attaque pas à la question du changement climatique, les effets sur la croissance seront inéluctables. Nous avons déjà constaté que, après cinq ou dix années d'inaction en faveur du climat, les impacts sur la croissance peuvent être de 2%, 3% ou 4%. Et comme dans beaucoup de situations, ce sont les pays les plus vulnérables qui seront directement impactés.

Ce changement de paradigme passe par une réduction des subventions accordées aux énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon). Pourtant, à ce jour, l'OCDE recense près de 800 programmes de dépenses et d'allègements fiscaux mis en place dans les 34 pays membres...

Notre estimation est modeste, et pourtant, elle a provoqué de vives critiques dans certains pays, estimant que nos calculs étaient faux. Notre méthodologie a été sévèrement attaquée. Et pourtant, l'OCDE a fourni un chiffre a minima par rapport à d'autres organisations internationales : 200 milliards de dollars accordés aux subventions aux énergies fossiles par année. A titre de comparaison, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a avancé le chiffre de 500 milliards, et le FMI, de 5.000 milliards par an !

De plus, nous avons besoin de 100 milliards de dollars d'ici à 2020 pour aider les pays du sud à adopter des mesures pour le changement climatique. Pendant ce temps, 200 milliards de dollars restent donc affectés aux énergies fossiles.

L'OCDE a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour l'année 2015 : 2,9% cette année, contre les 3% prévus, et 3,3% l'année prochaine, contre les 3,6% attendus. Le ralentissement chinois est-il vraiment la seule explication ?

La croissance mondiale a besoin d'un moteur. Il a 4 leviers : le commerce, l'investissement, le crédit et, jusqu'à présent, il avait la croissance des pays émergents qui tournent désormais au ralenti, notamment la Chine est à 6,5% contre les 11% que l'on a pu connaître par le passé. Il y a effectivement d'autres facteurs. En 50 ans, la croissance du commerce n'a jamais été aussi faible. Et quand elle est en dessous de la croissance mondiale, cela signifie que l'on se dirige vers une récession. Je ne suis pas en train de dire que c'est le scénario qui nous attend désormais, mais simplement que c'est exactement ce qui s'est produit par le passé. Les investissements -pourtant moteurs de l'économie- sont au point mort. Au niveau mondial, leur croissance est de 3,3% alors qu'elle devrait être à 7% pour avoir un impact positif.

Aux Etats-Unis, par exemple, la fiscalité est un autre frein qui affecte la croissance. Il y a un problème de taxation sur des sociétés qui accumulent des bénéfices et qui ne sont pourtant pas taxées dans le pays (cf. l'optimisation fiscale pratiquée par les GAFA, Ndlr).

Quels sont les remèdes proposés par l'OCDE ?

Pour faire décoller l'investissement, il faut connaître les raisons pour lesquelles il est limité. Nous devons opter pour un système de régulation plus claire, et une transparence sur les prix. Dans le domaine climatique par exemple, il faut un prix sur le carbone, ce qui permettra de doper le développement des énergies renouvelables. Pour l'instant, la baisse des prix du pétrole n'a pas d'impact sur leur développement, et pousse au contraire les pays à se diversifier et donc à s'intéresser aux alternatives en matière d'énergie. C'est une bonne nouvelle... Les défis du changement climatique doivent être pris comme une opportunité pour l'économie mondiale, et non comme une contrainte...

Sarah Belhadi
Commentaires 13
à écrit le 22/11/2015 à 10:39
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Contrairement à la doctrine officielle, je pense que le réchauffement climatique est nécessaire. Le climat de la planète va s'homogénéiser, le taux d'humidité de l'air va augmenter considérablement et réduire les régions arides. S'il fait plus chaud ...

le 22/11/2015 à 15:56
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Ce n'est malheureusement pas comme çà que cela fonctionne, le bilan des apports + et - est négatif, d'autant que le changement est trop rapide et se passe dans un monde où rien n'avait été anticipé malgré des visionnaires sur cette question il y a pl...

le 26/11/2015 à 8:39
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Le bilan n'est pas négatif pour la planète, juste pour le système économique spéculatif absurde qui a été instauré. Le déménagement de population va créé de l'activité économique, comme après la seconde guerre mondiale. On a déjà connu ce problème du...

à écrit le 22/11/2015 à 8:07
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Tout le problème consiste à basculer la fiscalité du travail sur la fiscalité énergétique, progressivement et à niveau constant, jusqu'à obtenir un certain équilibre.

le 22/11/2015 à 10:42
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On pourrait commencer par simuler avant de dérouler pour que chacun puisse voir l'impact sur sa situation, et pour que ceux qui initient le mouvement fassent les réglages des incongruités immanquables qui se produiront.

à écrit le 21/11/2015 à 22:03
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Il faut s'attaquer à fond au changement climatique car le problème signalé avant même le suédois Arhénius en 1895 est désormais incontournable et par ailleurs les opportunités sont nombreuses. Ca permet en effet de traiter au plan mondial les transit...

le 22/11/2015 à 8:25
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Vous avez raison; il faut appliquer un raisonnement purement économique: l'énergie remplace le travail en assurant des gains de productivité; il est normal d'affecter à l'énergie les cotisations sociales affectées au travail que l'énergie a permis de...

à écrit le 21/11/2015 à 19:35
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"Il faut prendre le défi du changement climatique comme une opportunité" et donc de prendre le contre-pied de la globalisation et revenir a une relocalisation! Le contraire ne serai que suspect!

le 22/11/2015 à 10:49
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Oui, revenons au local, revenons dans nos cavernes d'antan ! Le problème c'est qu'il n'y aura pas assez de cavernes sur cette planète pour loger 7-8 milliards d'êtres humains.

à écrit le 21/11/2015 à 11:29
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les chefs d'état savent parfaitement que cette histoire de réchauffement du à l'action humaine n'est qu'une fumisterie. alors ils veulent bien s'en servir pour taxer un peu plus les peuples et limiter un peu plus les libertés mais ils peuvent diffic...

le 21/11/2015 à 14:39
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Et en plus ils pratiquent le "faites ce que je dit et pas ce que je fait"... Combien va nous coûter cette COP21 écologiquement? Combien de gazoil, essence, kérosène, électricité va coûter cette cop21 pour que les participant viennent puis ce déplacen...

le 21/11/2015 à 21:01
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On sent les grands penseurs lol !

le 23/11/2015 à 9:03
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@Réponse de anti-trolls on constate l'absence de pensée et d'arguments de ceux qui ne font que relayer les informations sans les vérifier et qui ne supportent même pas le débat, la tête de meute aboie la meute suit en aboyant sans savoir pourquoi. L...

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